On l’annonçait depuis plusieurs semaines et elle finit enfin par arriver : petit flash back en ce début Mars malgré la quantité de chroniques en retard plus récentes mais il faut bien sauter le pas. Nous devions impérativement vous en parler car c’est de loin l’album qui tourne en boucle depuis le début de l’hiver dans les enceintes du Musicodrome : il s’agit de « Star Of Love » de Crystal Fighters. Alors que leur second opus sort le 27 mai prochain, groove sessions au programme pour les curieux qui auraient raté ça.
L’album a beau être sorti en octobre 2010, autant parler avec franchise et reconnaître que nous étions passés à côté de ce groupe jusqu’à l’hiver dernier. L’écoute d’une playlist au détour d’un chemin et voilà la traversée entamée. En tous cas, ce voyage dans l’inconnu fut difficile à maîtriser : il est délicat de trouver le juste équilibre dans cet album qui paraît contenir les diverses influences des membres du groupe. Car pour la petite histoire, le line up même du groupe est particulièrement atypique : s’il est officiellement basé à Londres en Angleterre, il est également anglo-espagnol. Vous ne mettrez guère de temps à sentir cette fibre hispanique qui embrase les morceaux de ce « Star of Love »… mais elle paraît toutefois bien décousue.
A partir de ce constat-là, vous risquez donc de vous demander pourquoi cet album nous a conquis malgré cette contrainte criarde. Ne pensez-vous pas qu’un album qui profite de chaque piste pour explorer un genre musical est en panne de maturité ? A vouloir toucher à tout, on finirait presque par croire que les Crystal Fighters se cherchent eux-mêmes. Si cette hypothèse est tout à fait plausible, pourquoi continuer à s’intéresser à eux ? Car de manière ultra-simpliste les Crystal Fighters transforment en or un bon nombre de leurs titres. Après une première écoute où le tout paraît cruellement bordélique et impossible d’y coller une étiquette, le cocktail finit par prendre feu. Sans réelle innovation musicale, le groupe a réussi à communiquer à travers ses 11 pistes une gouache incroyable. L’intensité comme fil rouge, la fête et surtout la live en ligne de mire, voilà l’album parfait pour se réveiller le matin, garder la forme dans la journée et se lâcher en soirée.
Une fois que Crystal Fighters a trouvé le bon tempo dans un morceau, la structuration de ce dernier est majoritairement cyclique. Mais les alternances au chant entre Laure, Mimi, Ellie et Sebastian Pringle apportent de la fraîcheur aux compos. Guitares en tous genres et machines prennent ensuite le pas pour marquer de leur griffe les tracks. Au rayon des morceaux tout simplement incontournables pour avoir une patate défiant toute concurrence, il y a un beau panel : les trois titres d’ouverture donnent d’entrée la couleur et elle explose de mille feux ! Solar System et Xtatic Truth sont deux brûlots electro où chaque intro de morceau intègre quelques ingrédients atomiques : derrière la grosse machine, des soupçons latinos lancent la charge. Mention spéciale à I Do This Everyday où les percus finissent par s’évanouir dans une déferlante electro et surtout très rock.
Dans un registre plus calme mais tout aussi entraînant, Crystal Fighters réalisent plusieurs coups de maître : +1 pour Champion Sound, à la fois fin et pop qui nous amène vers des contrées lointaines ; même constat pour l’énorme Plage, ambiance yukulélé et world music qui nous pousserait à nous jeter à l’eau en toutes saisons avant que At Home, si féminine et si prenante, nous prenne par la main… Que dire enfin de Follow ? Impossible d’être passé à côté de ce track aux ambiances tribales et acoustiques. Véritable tube du groupe, il est l’exemple type du morceau qui monte en pression quitte à vous faire tourner la tête, quitte à boucler la boucle une dernière fois en fête.
Souhaitant conserver malgré tout ce côté hype déjanté, des pistes bien plus digitales viennent fleurir cette galette plus qu’eclectique : le son peut subitement se saturer sur fond de percus africaines (I Love London) ou d’un curieux mélange pop/drum’n’bass (In The Summer)… Dommage cependant que deux titres fassent pêcher cette agréable sensation générale sur With You, electro assez insipide et rétro, ou sur le désastreux Swallow et son mauvais dubstep. Dommage encore une fois car Swallow est teinté d’un florilège d’instruments indiens du plus bel effet, mais la couche dubstep, dans l’air du temps, massacre véritablement le rendu final.
Mais ne faisons pas la fine bouche, ce « Star of Love » est vraiment un album qui regorge de bonne humeur et de chaleur. Pour ceux qui auraient la chance d’écouter la réédition de 2011, les titres Follow, At Home, Xtatic Truth, Plage et Champion Sound sont transformés en version acoustique. Plus world et folk, ces cinq nouvelles versions n’ont vraiment pas à rougir de leurs sœurs jumelles…
« Star Of Love » ou cet album venu d’ailleurs. A la fois rentre-dedans et accrocheur, il a ce côté délire hypnotique qui vous marque. Même s’il ne laissera pas une trace indélébile parmi cette nouvelle génération hybride, l’album est à écouter et ré-écouter en attendant tranquillement de jours meilleurs.
FICHE TECHNIQUE
Tracklist
1. Solar system
2. Xtatic truth
3. I do this everyday
4. Champion sound
5. Plage
6. In the summer
7. At home
8. I love London
9. Swallow
10. With you
11. Follow
12. At home (acoustic version)
13. Xtatic truth (acoustic version)
14. Plage (acoustic version)
15. Champion sound (acoustic version)
16. Follow (acoustic version)
Durée : 1h01
Sortie : Octobre 2010 / avec les versions acoustiques en 2011
Discographie : 1er
Genres : Electro / Folk / World
Label : Kitsuné