Il est sorti en avril 2013 et le détenir entre ses mains c’est comme détenir une machine à voyager. Voyager dans un autre temps, voyager dans un monde différent, voyager au sens le plus noble du terme. Gueules d’Aminche nous offre un trésor, petit, solide et joli sous des airs de « passe-partout ». Allons voir de plus près comment se dévoile la richesse de cet album.
L’album commence avec Le bric-à-vrac. Un avant-goût de ce qui va nous arriver peut être détecté dans cette chanson où les rimes sont délectables, la voix est chaude et chante « c’est la vie », nom éponyme de l’album. Ce joyeux bazar est celui qui envahit nos esprits de temps à autres. Les percussions rythment le temps, un peu jazzy, on finit avec un « c’est parti ». Suite à cette invitation, c’est Jojo qui nous est présenté. Petit gars bien vaillant, qui joue de l’accordéon. Ce dernier sonne, tourne et nous envole avec lui. On a envie de l’aimer, de danser pendant qu’il enflamme le clavier de son accordéon. Jojo rappellera sûrement à chacun un copain ou une copine qui étonne, qui surprend et que l’on aime sans raison.
Rythme saccadé, le ton est plus sérieux, une voix féminine accompagne celle qui venait envelopper nos oreilles jusqu’à présent. Au firmament, chanson qui colle parfaitement à cet hiver. Froid et sec. Les mots choisis percutent avec une justesse que l’accordéon, la contrebasse et la batterie accordent avec une mélodie tout aussi impartiale. Et parfois les douceurs viennent arrondir les angles de la rudesse hivernale comme le refrain vient apaiser la dureté du firmament. Alors même si ce firmament paraissait apaisant, les Gueules d’Aminche ne sont pas dupes et nous invitent à prendre nos précautions car il n’est ni « tentant », ni « bandant ».
Maintenant qu’on sait ce qui nous attend Au Firmament, reprenons tout depuis le début avec Enfance. Le temps passe vite. C’est un coup dur que nous envoie à la figure le groupe. On retourne plusieurs dizaine d’années en arrière et ça donne ce goût acidulé si délicieux. Tout y passe, les copains, les jeux, les histoires, les moments d’aventure, les tapis volants et surtout les promesses « à la vie, à la mort ». Mais bon, tout ne s’est pas passé comme on le rêvait… « C’est la vie… », ils nous avaient prévenu.
Au coin d’une rue il y a le Chat noir. Vous savez le fameux bar où se retrouvent les copains à Metz. Vous ne le savez pas ? On a tous un Chat noir dans sa ville. Un troquet où l’on se rencontre, autour d’une bière, d’un jeu de cartes, de fléchettes et d’une cible. Et « les héros du quotidien » qui refont le monde tous les soirs ont besoin de ce lieu. Gueules d’Aminche le souligne si bien, ces bars sont sacrés, et quant l’un d’entre eux disparait, il manque à ses habitants.
Allez, on n’est pas en reste grâce à Tonton. Une déclaration d’amour franche, sincère et tellement douce. Ce tonton, soit on l’a, soit on en rêve. Et le fameux oncle qui est raconté le temps d’une chanson fait sourire. Il vous emmène, vous rassure et vous redonne espoir (si jamais vous l’aviez perdu). Un merveilleux exemple à suivre en tout cas. Merci.
Les rythmes de samba sont lancés pour la Féline. Bohème et insouciante, cette danseuse aura inspiré les saltimbanques, mais aussi laissé un bémol dans l’album. Tout est vite rattrapé avec la géniale contrebasse sur Danse macabre. Elle joue un rythme qui fait sortir les squellettes un à un de leurs tombes. Le parlé est saccadé et illustre à souhait cette danse morbide. La mélodie, les arrangements et les paroles sont dignes de la bande originale d’un film de Tim Burton.
Ce n’est pas à un squelette que Gueules d’Aminche chante la sérénade. T’es belle rend la confiance et l’assurance à une demoiselle qui semblait en douter. Adieu les histoires volages et celles d’un soir, le comparse qui a une gueule d’aminche fait la louange de l’amour. Les choeurs apportent la force nécessaire pour appuyer ce discours. Un sujet habituel qui, traité à leur sauce, nous le fait redécouvrir. On la remet au début, tellement le refrain entête et, c’est vrai, on en veut encore.
Suite à l’amour, c’est une autre histoire qui est contée dans Sonnet pour un cyclope. Les notes sont tristes, la déchéance s’est emparée de cet être légendaire. Gueules d’Aminche pose les vers sombres avec une délicatesse incroyable qui impose altruisme et respect pour ce pauvre cyclope en manque d’amour. C’est bientôt fini, et même si on en veut encore, c’est apparemment Bien mérité. Un gros coup de gueule pour ceux qui emmerdent pour un rien, qui ont toujours à redire sur tout. Bref, c’est Bien mérité dénonce le racisme avec une ironie sombre et qui remettra les pieds sur terre à certains. Merci, une seconde fois. Il faudra aller jusqu’à la piste cachée pour finir sur une note positive et légère. L’album se termine, la vie aussi, et c’est sous les cocotiers de la retraite ou du paradis que Geules d’Aminche termine son album.
En bref…
Gueules d’Aminche assure un album avec une signature qui est propre au groupe. Il retrace les grandes lignes de la vie avec tact et lucidité. Enfants de Mano Solo, ils nourissent la scène française de leur bel album « C’est la vie… ». C’est donc le pouce levé qu’on accueille leur album et avec plein d’enthousiasme qu’on l’ajoute à notre discothèque.