Cage the Elephant « Neon pill » (2024)

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Fin mai, les américains des Cage The Elephant dévoilaient leur sixième album studio, « Neon pill », particulièrement attendu. En effet, il s’est écoulé cinq années entre « Social cues » et leur nouvelle mouture, soit la période la plus longue entre deux albums pour le groupe. Une crise sanitaire et diverses agitations internes plus tard, voilà que le groupe de Matt Shultz revient donc sur le devant de la scène indie rock. Mais dans quelle forme ?

Il est indéniable de dire que les Cage ont perdu un peu de leur fougue et de leur côté électrique depuis deux albums (« Tell me i’m pretty », 2015 et encore plus sur « Social cues », 2019) par rapport à leurs bombes rock/garage de leurs débuts. Mais à quoi bon, peut-on reprocher à des groupes d’explorer d’autres influences au fil du temps ?

Autant couper court, pour ceux qui seraient passés à côté du nouveau disque des américains, « Neon pill » s’inscrit dans la lignée musicale tracée de « Social cues », même un ton en dessous. Rien qu’à voir la pochette de ce disque, on peut y voir un clin d’œil aux Pink Floyd avec son look psyché. D’ailleurs, on le retrouve ce côté psyché sur Float into the sky. Alors, tout simplement fatigués ou envie d’explorer autre chose ?

A l’écoute de Neon pill, le titre éponyme de l’album, on comprend vite que le mal être est profond chez le chanteur, quasi-dépressif, et la musicalité du morceau lui rend bien la pareille. Pourtant, derrière cette noirceur, on arrive à suivre les Cage The Elephant les yeux fermés avec cette drôle de pilule…

C’est certain que Matt Schultz traîne son spleen sur le disque, ce dernier en dégouline. Il y règne d’ailleurs une ambiance particulière qui pourtant ne tranche pas : il part à la poursuite des Strokes sur Metaverse à coups de synthés bien placés tout en se demandant « si c’est bien ça la vie ». Dans son prolongement, Out loud, en hommage piano-voix à son père décédé, le poil s’hérisse d’un seul coup.

Les Cage cherchent la lumière, ils le disent d’ailleurs clairement en ouverture d’album : HiFi (true light), qui voit les guitares si caractéristiques du groupe résonner dans l’obscurité, montre bien qu’ils savent toujours y faire. Rainbow envoie une bouée pour essayer de garder la tête hors de l’eau et Matt Schultz tend la main. Mais qui parviendra à la prendre ? C’est dans ce rock presque nostalgique que les Cage The Elephant tentent donc d’avancer.

Ballotés dans cette première partie de disque qui reste, musicalement, réussie malgré la morosité ambiante, nous allons cependant fortement tanguer dans la seconde. Cela commence avec Good time, single dévoilé avant la sortie de l’album, qui à l’époque ne nous avait pas emballé. Guitares faussement saturées, tentative de flow hip hop avant un refrain très poppy, difficile de comprendre là où les Cage veulent nous amener. A la rigueur, nous préférons le melting pop des genres de Ball and chain même si le morceau paraît trop riche niveau sampleur pour être équilibré de manière soignée.

Cette bascule musicale, comme si l’album comportait une face A et une face B, va d’ailleurs se poursuivre encore : Shy eyes, qui démarre façon funk, va devenir cyclique et entêtant, limite vrombissant sur le refrain « you cut through my human condition ! ». Détonant, mais cela fonctionne. Un peu plus loin, sur Silent picture, on ne peut qu’apprécier si l’on est familier au répertoire des Cage, mais il faut bien reconnaître que cela sonne comme du déjà-entendu.

L’album se clôture par de nouvelles virées qui confirment ce qui est mis en avant depuis le début : que ce soit sur Same, sur un rock sombre au tempo encore plus ralenti ou sur Over your shoulder, aux notes folk, Cage The Elephant a donc décidé de sortir du chemin. Pour aller où ? Grande question. Il est encore trop tôt pour le dire…

Cage The Elephant, « Neon pill », disponible depuis le 17 mai 2024 (12 titres, 38 minutes) chez RCA Records.

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