Boucan + Lior Shoov au Jam (Montpellier, 34) 05.04

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Il n’y avait pas que la ZAT à Montpellier ce week-end. Il se passait en effet de belles choses du côté du Jam où un vent de liberté musicale s’est mis à souffler dès la tombée de la nuit. Dans une salle intimiste, la magie s’est révélée grâce aux performances incarnées de Lioor Shoov et du duo Boucan.

On nous avait prévenus : tout peut arriver avec Lior Shoov. Originaire d’un petit village proche de Tel Aviv, l’artiste dont le nom signifie « lumière » en hébreu, nous embarque immédiatement dans son univers étrange et poétique. Son entrée en scène débute au milieu du public. Elle est rythmée par le son de deux tubes en PVC frappés contre son corps (ou celui des spectateurs) accompagnés d’une voix magique et d’un regard intense… Le cadre est posé.

Toujours entre musique, performance et théâtre, Lior Shoov expérimente, chante, râle ou vient se fondre au milieu des gens qui se prêtent au contact, parfois intense. Les instruments sont minimalistes, souvent détournés de leur fonction originale, et, sous la puissance créatrice de l’artiste, prennent vie. Les sons deviennent musique, les paroles deviennent chant. Le set se termine avec un improbable morceau dont l’instrument principal est un tuyau flexible cannelé dont les harmoniques s’échappent en fouettant l’air. Magique.

La suite appartient à Boucan. Ils sont deux mais forment un orchestre à part entière. A ma gauche, Mathias Imbert, à la fois contrebassiste et batteur (oui, c’est possible). A ma droite, Brunoï Zarn, au banjo, au bidon-guitare et au thérémine (joué de la pointe du manche de guitare). Le tout forme l’une des meilleures expériences musicales que vous pouvez vivre sur scène.

Le concert évoque une ballade folk-punk réhaussée d’un peu de Gogol Bordello, d’une pointe de Skeleton band et de beaucoup d’amour et de liberté. C’est avec une musique sans langue mais pleine de mots que Boucan nous communique sa passion sauvage pour la vie et l’aventure. La baroudeuse Lior Shoov vient d’ailleurs les rejoindre sur scène pour ré-interpréter Lola des villes qu’ils ont enregistré ensemble sur leur dernier album Ballad of John Kairos sorti en début d’année et produit par John Parish (excusez du peu).

Nous retrouvons tout de même la langue française sur quelques morceaux de leur précédent opus Colère Mammouth dont le très beau Tout ce qui ne vaut rien qui nous rappelle toutes ces choses inutiles qui nous rendent vivants… et humains, finalement. Et que dire de cette interprétation incarnée et flippante de C’est un ordre, dédiée à tous ces ministres de l’intérieur qui se suivent depuis des mois, toujours plus extrémistes.

Nous assistons à un moment suspendu, pleine d’une belle complicité entre deux musiciens au sommet de leur Art. Pourtant, c’est la simplicité et un humour certain qui s’offrent à nous qui ne souhaitons pas que cette soirée s’achève trop vite. Merci à Boucan d’exister et merci à vous d’aller les découvrir avec hâte !

Et pour mieux vous immerger dans l’univers sans limites de Boucan, quoi de mieux que le clip déjanté réalisé par Cahuate Milk sur le titre Kissos Milaou dont les images vous hanterons des jours durant (surtout quand vous irez laver votre voiture).

Crédits photos : Olivier

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