Le lundi c’est jour de marché à Barjac, une occasion de plus pour la ville de faire partager la musique sous toutes ses formes, improvisant des concerts entre ses stands. Mais la musique n’a jamais été aussi présente que dans la cour du château, pour une nouvelle soirée complète et… détonante !
Liz Van Deuq : un vent de fraîcheur sur Barjac
Pour la première fois depuis le début du festival, ce lundi premier août, une artiste allait faire son entrée seule sur scène, son artifice, sans autre accompagnement que l’immense piano à queue occupant de toute son ampleur la scène qui montre son nez à la cour du château.
Liz Van Deuq, du haut de sa jeunesse insouciante, se présente sans hésitation et sans artifice, assise derrière son piano. Entre une Chanson d’amour qui résonne comme un coup de gueule et les histoires de ses ménages à Cinq, les amours de la chanteuse n’ont pas l’air de tout repos. Mais mis en musique, ils sonnent justes et logiques.
La finesse des mots de Liz Van Deuq nous frappe, sans se prendre pour ce qu’elle n’est pas, elle arrive entre chaque chanson à se mettre au fond de la poche le public exigeant de Barjac, avec le mot juste et intelligent. L’intelligence, dans les textes et la façon d’être, c’est ce qui accroche sans faire mal, avec une voix et une personnalité à revendre, la jeune chanteuse nous entraîne dans son monde avec mordant. Elle manie avec une malicieuse finesse le piano, l’expliquant par ses années Au Conservatoire.
Pour autant les mots ne sont pas mis de côté, et savent se faire tranchant, parfois, avec une chanson dédiée au supporter de foot, que certains, se ruant autour de la chanteuse après le concert, n’ont sans nul doute pas écouté avec attention.
Et le spectacle se parsème d’originalité, d’un touchant texte sous la forme d’un « poème-minute« , gonflé de rimes en « Ac », Barjac oblige, à une intervention sur le réchauffement climatique sur fond de musique de noël, encore une fois le message passe grâce à cette finesse du mot, cette dérision qui ne se veut pas moralisante.
Des rides est une merveille de chanson, elle aura eu le mérite de dérider le public riant avec le même cœur que celui qui entraînait les applaudissements à la fin de chaque histoire. Ce concert nous aura enchanté, tant par la simplicité et le talent de l’auteur-compositeur-interprète que par sa capacité à interagir avec le public, et lui donner les gages d’un avenir rieur.
Liz Van Deuq a tout d’une grande, et à défaut de remplir les stades comme ses modèles Johnny et Christophe Maé, on lui souhaite bien de continuer de remplir des lieux comme le festival Barjac m’en chante, qu’elle aura su réveiller grâce à la grâce de son verbe.
Romain Didier, une confirmation sans fausse note
Nous connaissions le Romain Didier interprète et compositeur d’Allain Leprest, restait à voir et entendre de quelle manière le pianiste de génie allait sauter d’une marche à l’autre, chantant ses propres mots.
Et la forme détonne dans un contraste étonnant avec le premier concert : Romain Didier arrive devant son piano, qu’on lui dirait greffé au bout des doigts, et commence un véritable récital, enchaînant cinq chansons et plus de vingt minutes avant de respirer et de s’adresser pour une première fois au public.
Déstabilisant au premier abord, le public se fait à ce récital, Romain Didier n’arrêtant plus ses doigts jusqu’au moment de saluer le public, quelques secondes avant un rappel bienvenu.
Et l’écriture de Romain Didier se dessine comme étant très agréable à écouter, pleine d’humanité et des petites gens dont il raconte les vies à longueur de chanson, à l’aide des mots de tous les jours, des mots de tous les temps.
En parlant de Ma Rue ou de la Plage de Calais, de la ville à la campagne et de la montagne à le mer, chaque titre apporte son vent de fraîcheur et ses références aux étoiles et à l’infini collent à merveille à ce tapis étoilé qui offre une fois encore un spectacle sublime dans cette cour du château encore une fois pleine !
Nombreuses sont les chansons faisant référence à la musique, autant que des clins d’œil à l’enfance pas riche mais heureuse de l’artiste, qui est devenu au fil des ans, et du bout de son piano, un véritable peintre des gens de tous les jours, de ceux de la finance à ceux de la soupe populaire.
Un rappel, et puis deux, et puis il est déjà l’heure d’être la tête dans demain, où il faudra également arriver tôt pour entendre des reprises de Ferrat dans les bars, et les mises en musique de Dimey dans la file d’attente : c’est ça Barjac, des mots contre la folie du monde, de partout, tout le temps.
Et le festival de Barjac, c’est également le chapiteau le soir, après les concerts, avec des scènes ouvertes où chacun peut aller partager son amour de la musique, grâce au travail des bénévoles qui ne ferment les portes que très tard dans la nuit. N’hésitez pas à faire un tour, on y découvre de belles surprises, on y cause de vraies discussions, on y boit de bonnes bières, il y fait chaud il y fait vrai !