La soirée était contrastée avec un groupe « nouveau » avide de scène et pêchu comme peuvent l’être de jeunes pousses, et quatre groupes plus anciens, rodés par les années, et pêchus comme peuvent l’être les inarrêtables teufeurs. Au programme de cette soirée donc, les jeunes et motivés Barbarian Peace pour ouvrir la soirée, suivis des infatigables Jim Murple Memorial, des vieux mais énergiques Caméléons, des éternelles Sales Majestés, et pour cloturer la soirée, des sudistes de Goulamas’K.
Ce sont donc les locaux, Barbarian Peace qui ouvrent la soirée à Fourneaux ce Samedi. Pas de pluie, une température extérieure tout à fait honnête, le roots cuivré du groupe lançait la foule pour une soirée qui s’annonçait dantesque au vu de la programmation. Un public déjà nombreux malgré l’heure se trémousse devant la scène encore baignée de lumière naturelle. Le coucher de soleil permettra au groupe de terminer son (long ! Et on ne s’en plaint pas !) concert dans des conditions de nuit correctes. Les rythmiques latinos très changeantes et les accents de jamaïque sont totalement adaptées à l’heure, le public danse dans le calme et après un gentil cafouillage du chanteur, se dirige vers la scène couverte pour aller « Ecouter les Goulamas’K« . « Euh non pardon, le Jim Murple Memorial ! ».
Le collectif qui fêtera bientôt ses 20 ans de scène et qui ne peine manifestement pas à trouver du sang neuf investit la scène intérieure et remplit le gymnase avec une facilité déroutante. Il y a déjà nettement plus de monde qui se masse devant la scène et l’avenir allait nous montrer que cette salle a des capacités d’accueil insoupçonnées ! Les arrangements de vieux tubes du RnB au Rock’n Roll en passant par le ska ou le blues font des ravages dans un public conquis. Jamais revus en live depuis 2009 au festival de la Meuh Folle, le Jim Murple Memorial laisse le même constat : « C’est de loin, celui qui a le plus enflammé la foule, l’a fait bouger, pour ne pas dire vibrer. », écrivait notre collaborateur sur place. Si le punk des concerts qui suivent allait bien entendu chahuter la foule au plus haut point, il serait faible de se contenter de dire que c’est au Jim Murple que revient la palme de la danse dans la fosse. Près d’une heure et demi de concert, une heure et demi d’une voix envoûtante, d’une présence scénique incroyable. On notera en vrac le craquant dédain du guitariste et ses airs de dandy halluciné pendant ses riffs, le jeu à la Hendrix du clavieriste fou (avec les dents, oui oui !) sur le devant de la scène, la voix absolument craquante de la jeune chanteuse, le calme et la tenue improbable du trompettiste renommé spoke pour l’occasion, l’énergie du batteur investi totalement par sa mission de métronome, le chapeau et les pirouettes du contrebassiste et les soli et les interventions discrètes du saxo pour un live intense d’une réussite totale.
L’espace extérieur est cette fois définitivement blindé devant la scène. La renommée du groupe qui suit n’est plus à faire : Les Caméléons arrivent sur scène ! Comme si cet instant était attendu par l’ensemble du public, on assiste aux premiers pogos… Et pas des moindres. Les vieux titres bien connus, ou dont le refrain est bien simple à assimiler s’enchaine dans une ambiance chaude. « Ferme ta gueule », « Pas de concession », « Les Huiles », « Je ne paie pas »… Et les titres s’enchainent mêlant à l’habitude du groupe paroles en français et paroles en espagnol. Le groupe tire bien trop vite sa première révérence après l’inévitable « Todos« , mais ce sera l’occasion de produire un rappel long de plusieurs titres qui finiront de mettre la foule (faute de mettre le monde) « en ébullition » : « A poil », « Hasta Luego »… La photo finish ne montrera malheureusement pas l’ampleur de la foule ayant assisté au concert car l’interconcert rapide avait poussé une bonne partie du public à migrer vers la scène des Sales Maj’ pour ne pas en rater une minute.
Les Sales Majestés assument pleinement leur statut de tête d’affiche de la soirée et peuvent se vanter d’être entrés sur scène face à une salle complètement pleine (Sans doute pas loin de 1000 personnes devant ce concert ?). Pas besoin d’aligner plus de trois accords pour mettre le feu aux poudres, la masse compacte du devant de la scène que ponctuent quelques crêtes plus hautes que les autres se met en branle des les premières notes du tube « Camarades« . LSM est alors lancé et balancent l’intégralité de leur panoplie, alternant vieux titres avec vieux tubes, ponctuant le tout de quelques morceaux plus récents. « On en a marre« , « Oui j’emmerde », « Je suis fier », « Johnny s’en-va t’en guerre », « Mes frères »… Après un premier morceau plus que d’actualité contre le front national (« Halte au front« ), l’enchaînement est saisissant avec « Petit papa noël », puis avec un titre pour les oubliés des vacances « Les vacances« .L’engagement des keupons atteint aussi la condition féminine avec un discours du frontman contre les violences conjugales. Des airs de « Dernier combat » pour ces « Keupons (de) toujours« . En plus des traditionnels slams et irruptions du public sur la scène, des invités moins habituels sont montés sur scène pour y danser, haranguer de loin un public en transe et reprendre en coeur les tubes lancés sur scène. J’ai nommé le contrebassiste et la chanteuse du JMM !
Après un vibrant hommage au guitariste défunt, les morceaux bien connus s’enchainent de nouveau, « Les patrons », « La révolution », « Ya pas d’amour », « Champ d’honneur« , « No Problemo »… L’heure d’une méritée pause boisson avant 4 titres de rappels qui raviront le public inarrêtable dans les pogos. Après « Tout à fond », et un « Ni dieu Ni maître » d’anthologie, une nouvelle charge est donnée contre le front nationale avec une dédicace spéciale à sa figure du moment, la fille de la dynastie que vise le titre « Marine« . Pour finir comme ils avaient commencés, c’est à dire à bloc, les sales maj’ entonnent de nouveaux « Camarades« , repris en coeurs. Sans seigneur ni prophète, les LSM poursuivent leur bout de chemin entre engagement affiché et riffs distordus, la recette musicale des débuts restent prégnante, les choix de paroles restent ceux qu’on aime, malgré les aléas du temps qui passent Les Sales Majestés sont debouts et comptent manifestement le rester encore un bout de temps !
Malheureusement nous n’avons pas pu assister au dernier concert de la soirée qui débutait peu après 1 heure avec les Goulamas’K qui ont enchaîné face à un public encore nombreux et motivé malgré l’heure tardive et la fatigue.
Un grand merci à l’organisation parfaite des poules à crêtes qui permettent année après année de faire vivre localement une scène musicale peu accessible dans nos contrées ! On re-signe dès que possible !
Les « plus » du festival :
Une programmation au top dans un cadre sympa
Les deux scènes qui permettent un enchaînement parfait entre les concerts
Le t-shirt « Velorution » d’un chevelu déchainé
Les « moins » du festival :
C’est moi ou le son était vraiment fort ?