Retour sur le festival Au Large (Marseille, 13) 26-28.06

16 min de lecture

Comme depuis sa première édition, impossible pour nous de louper notre festival marseillais préféré. Niché au cœur de la corniche et caressé par les embruns, Au Large est une petite pépite hors du temps que nous avons plaisir à retrouver chaque année. Encore plus avec cette nouvelle édition qui retrouvait le théâtre Silvain après une courte escapade à la Citadelle de Marseille l’an dernier.

Mais qui dit Marseille, dit arriver à Marseille. Et pour le coup les dieux des transports en commun étaient définitivement contre nous cette année. On s’était dit qu’en partant un jeudi, cela devrait limiter les problèmes. Que nenni ! Une première annonce de la SNCF le jeudi après-midi qui nous informe que notre train de retour (dimanche) est purement et simplement annulé à cause de la chaleur. Soit. Mais celui qu’on devait prendre un peu plus tard (le célèbre intercités Bordeaux – Marseille) est momentanément arrêté à Carcassonne. Le temps commence à s’étirer. 20 mn, puis 30, puis 50… Décision est prise de basculer sur un TER. Et patatras, quelqu’un traine sur les rails du côté de Lunel, tout le trafic est suspendu.

Finalement on arrive à partir et surtout à arriver à Marseille près de 2 h plus tard. Et les ennuis continuent avec le non moins célèbre bus 83 qui doit nous amener sur la corniche. Entre retards et bus pleins, c’est autour de 21h que nous entrons enfin au théâtre Silvain.

Jour 1 : On a presque tout raté !

Le lieu du festival étant localisé en plein milieu d’un quartier assez huppé, il est demandé que les lieux soient évacués bien avant minuit. C’est encore plus tôt que les années précédentes et forcément en arrivant à 21h on a raté le démarrage de la soirée avec Exotica Lunatica et la suite avec Def Mama Def.

Tout n’est pas perdu pour nous car nous avons le plaisir de revoir Kompromat, et cette fois ci en plein air dans un cadre incroyable. Je pense que Julia est tout aussi sensible à l’énergie du lieu car elle et Vitalic nous offrent un show d’anthologie. Comme au Rockstore il y a quelques semaines, la setlist démarre avec Only in your arms. Les paroles sont presque chuchotées, c’est doux. Puis ça démarre sur les chapeaux de roue avec Traum und Existenz, Lift me up et ça enchaine avec le surpuissant Niemand. Pas de surprise comparé au concert de Montpellier mais ici tout prend une autre dimension. On navigue entre leurs deux albums et presque tous les titres y passent (mais toujours pas De mon âme à ton âme malheureusement).

Ce concert est un pur moment de bonne énergie qui rattrape toutes nos mésaventures de transport. Je pense à I let myself go blind ou No stranger to heartbreak qui font monter la température. Si Julia est déchainée et multiplie les slams et passages dans le public (en dévoilant parfois un sein à ses fans), Vitalic reste très concentré derrière ses machines. Je pense qu’elle aurait d’ailleurs pu continuer le show toute la nuit si elle avait pu. Nous sommes super contents d’avoir pu revoir Kompromat cette année.

Jour 2 : Assume ta différence

Avec un logement tout proche de l’anse de Malmousque, impossible de ne pas être à l’heure pour cette deuxième soirée. Après avoir bien profité de cette journée marseillaise, nous démarrons avec un vrai ovni. Déjà, ce trio tout droit venu du monde post-apocalyptique de Mad Max, s’appelle MICRO-ONDES. Et on ne sort pas indemne de leur concert.

Pour faire court, c’est une espèce d’électro-punk dark-wave qui évoque un genre d’Idles passé en mode glam. Car ouais, c’est bien chaud et les riffs sont cinglants. Et c’est aussi décalé avec les « coucou » lancés régulièrement au public par son leader, Maxime Cassady accompagné depuis l’automne par Sol Navaja à la basse et au chant. Voilà une drôle de découverte qui m’a convaincu par son énergie brute et son côté super entrainant et dansant. Si vous voulez les écouter, voici leur premier EP.

Après cet ouragan, changement d’ambiance avec les deux jeunes druides de Walter Astral. Les cheveux sont longs, tout comme leurs pantalons pattes d’eph. Le décor est posé. Nous sommes accueillis par des guitares, des banjos et des machines électroniques qui, morceau après morceau, nous emmènent dans l’univers à la fois doux et coloré de ces deux saltimbanques célestes. En fusionnant la pop psychédélique et l’électro minimaliste, Walter Astral convoque les quatre éléments – la terre, l’eau, l’air et le feu – pour animer une joyeuse cérémonie druidique.

Le public se retrouve d’ailleurs rapidement les mains en triangle au dessus de la tête pour invoquer la Turbofée grâce au chapeau étoile. Tout un programme réjouissant pour un concert de haute volée qui dépoussière le genre. Ils ont sorti un double LP intitulé Eclipse en début d’année que nous vous conseillons de découvrir.

Dans la continuité de ces deux excellents projets, c’est l’inimitable Philippe Katerine qui a la charge de conclure cette soirée. On ne va pas faire durer le suspens trop longtemps, nous n’avions pas vu Philippe Katerine en aussi grande forme depuis longtemps. Le concert était exceptionnel. Cet artiste est un mélange de grande sensibilité et de finesse, quoi qu’en disent ses détracteurs. Débarquant sur scène habillé en Reine d’Angleterre plastifiée, il se retrouve Nu dès le titre suivant en ayant auparavant diffusé les monceaux d’insultes qu’il a reçus après sa prestation lors de la cérémonie des JO.

Les titres s’enchainent dont les « hits » Sous mon bob, des bisous, la Banane (avec trois beaux spécimen présents dans le public) ou Louxor. Il trouve le temps de fêter les 40 ans d’une certaine Julia qui avait déployé une banderole sur le devant de la scène. Toujours avec beaucoup de gentillesse. Vu le contexte actuel, on a également apprécié l’enchainement qui débute avec Le 20-04-2005 (Marine Le Pen, putain!), et se poursuit avec Blond, Liberté et Juifs arabes avec un final où nous chantons l’importance d’être ensemble. Que penser alors de cet Excuse-moi qui arrive juste après, hormis saluer la malice de ce personnage toujours aussi attachant.

Le concert se termine sur un Moment parfait, à l’image de l’incroyable soirée que nous avons passée au théâtre Silvain.

Les inter-plateaux étaient assurés par Nikoll (Nicolas Cante), artiste bien connu des marseillais qui nous a proposé un mix aux petits oignons déstructurant les chansons de de Michel Berger, Phillipe Katerine ou Oldelaf.

Jour 3 : Un final en beauté

En fin de compte, loger à deux pas de la mer c’est vraiment pas mal en cette période caniculaire. On peut dire qu’on allie le plaisir au plaisir cette année pour ce week-end marseillais musical. Il y a même un vendeur de panisses de l’autre côté de la rue !

Nous finissons tout de même par rejoindre le théatre Silvain pour cette ultime soirée.

Ce sont les marseillais de La Flemme qui ouvrent le bal. Ils sont quatre, plein d’énergie et viennent de sortir un premier album simplement intitulé La Fête. Avec eux on part sur du garage rock efficace, chanté en français à deux voix, qui évoque tout autant Thee Oh Sees que The Libertines ou Fontaines D.C. voire La Femme avec un p’tit côté psychédélique en plus. Les titres sont efficaces et entrainant et on se prend à chanter avec eux sur La Fête, Laissez-moi tranquille ou Mer Azur (sur laquelle la voix de Stella nous évoque celle de Maëva de Bandit Bandit). Nous avions entendu parler d’eux mais pas encore vu. La proposition est séduisante et démontre une fois de plus que Marseille est une vraie planète Rock à côté de sa sempiternelle image rap.

Nous poursuivons sur le post-punk avec un nouveau quatuor, entièrement féminin ce coup-ci, qui arrive tout droit de Bristol. Grandmas house c’est à la fois du punk et du grunge avec la voix rocailleuse de Yasmin Berndt qui ferait palir Courtney Love dans sa meilleure période. Les riffs de guitare sont acérés tout comme la ligne de basse de Zoë Zinsmeister ou la batterie mordante de Poppy Dodgson (que l’on retrouve également au chant). Le groupe a encore très peu joué en France et c’était leur première fois dans le Sud de la France dans une fournaise inhabituelle pour ces anglaises qui avaient quitté Bristol la veille sous 25°C.

Ce qui marque dans leur prestation, c’est leur grande décontraction et leur contact simple avec le public. Elles ont même une chanson en partie en français dans leur set How does it feel? qui met une vraie pression sur Yasmin avant de l’interpréter devant nous. Pour le dernier morceau, elles nous livrent une anecdote sur leur morceau Pasty qui avait été compris comme Pastis lors de leur concert parisien alors que ça n’a rien à voir avec la célèbre boisson phocéenne (c’est une tourte en fait). Très belle découverte que ce groupe qui a sorti un très réussi EP Anything for you que nous vous invitons à aller écouter.

Le concert final du festival est assuré par Odezenne qui vient tout juste de sortir un nouvel album intitulé DOULA (des couloirs, des portières). On ne les avait pas vus depuis 2019 et autant dire qu’on était curieux de les retrouver. De ce point de vue là, nous n’avons pas été déçus. Les bordelais avaient la rage et en ont bien fait profiter le public dont les fans n’ont pas manqué d’épuiser leur voix sur tous les morceaux du groupe.

Le setlist était dense et a balayé leur répertoire : Hardcore, Caprice, Au Baccara, Géranium, Bleu Fushia, Vodka… et un Je veux te baiser d’anthologie repris en cœur par tout le public. Nous découvrons également les titres Aïe, Aïe, Aïe, Gadoue, Hey Joe et Houston tirés de leur dernier opus. Et puis il y a des moments plus éthérés avec le très beau Souffle le vent à la fois romantique et nostalgique tiré de Dolziger Str. 2.

La fin est complétement folle avec un Jaco bondissant sur Bitch ou Bébé. Tout le public est en transe et en nage, totalement galvanisé par ces une heure et des poussières de folie. Rien à dire sur leur performance et sur la manière dont ils ont communié avec les spectateurs, n’hésitant pas à signer des objets ou filmer avec les téléphones tendus devant eux pendant le concert.

Les inter-plateaux étaient assurés par Pola Soa qui, accompagnée d’un danseur, a su captiver notre attention avec dj set inspirant.

A l’image du visage étincelant de Pola Soa, nous avons à nouveau passé trois très belles soirées au théâtre Silvain. Le site y contribue certainement (même si cela commence vraiment trop tôt) mais cette programmation aux petits oignons concoctée par Sarah Lepetre (La Mesón) est l’ingrédient principal de cette réussite. Cette nouvelle édition nous donne clairement envie de revenir l’année prochaine. N’hésitez pas vous aussi à venir découvrir le festival Au Large !

Un grand merci à Barbara et Sarah pour leur accueil.

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