Comme un running gag qui reviendrait sans cesse, nous allons chercher à rester dans le ton de cette soirée : le jeudi 7 décembre, dans l’antre de la Cadillac rouge, les Vulves Assassines ont allumé la mèche d’une soirée qui était brûlante à souhait. Un aller-retour à Las Vegas sans creuser son empreinte carbone. Au poil !
Longtemps incertaine, la jauge du Rockstore s’est finalement affolée pour afficher une belle affluence au compteur. Tant mieux, cela annonce très certainement un coup de chaud au niveau du thermomètre montpelliérain !
Pour débuter les hostilités, c’est un local de l’étape, Minus, qui se charge de chauffer les planches avant l’arrivée des Vulves. Malgré un set un peu à l’arrache et quelques approximations au lancement de certaines compos, Minus a fait le job, bien aidé par ses deux compères de scène qui ont apporté plus de consistance à la prestation scénique. Dans un registre allant du rock à la pop en passant par l’electro, Minus nous a fait pas mal penser à Odezenne avant de s’en détacher pour hausser le ton. C’est notamment sur la fin de set que le public s’est montré davantage réactif.
21 heures pétantes sonne et les Vulves prennent le relais. Fini de rire. Après un hommage à leur amie Aneymone partie trop tôt, la puissance du trio déferle d’emblée et le groupe a choisi de démarrer son concert par la fureur de Queen kong (qui ouvre leur dernier disque en date, « Das kapital »). Morceau résolument dénonciateur des féminicides, les Vulves démarrent fort et fracassent les murs avec leur puissant Chômeur – branleur (« tu n’es jamais à l’heure ! (…) regarde ta mère en pleurs ! »). Aucun doute, elles ne sont pas venues pour faire dans le consensuel. Remontées comme des coucous, pas le temps de tergiverser ! Après avoir jeté une paire de ballons dans la foule, le message est limpide comme de l’eau de roche : « les ballons, tu te baisses, tu les gonfles, c’est la fête ! ». Oui madame.
C’est donc que, sans crier gare, l’hymne des 6 premiers mois de cette année 2023 retentit. La retraite déboule et se sature, dès le premier quart d’heure. Le Rockstore reprend en cœur et se met à sauter. Baigné dans cette atmosphère rap/punk, les machines électroniques ne sont pourtant jamais bien loin : après avoir séparé le prolétariat et la bourgeoisie dans la fosse, Das kapital lâche la meute et une bonne flopée de beats débridés ! Il y a du métal plein les ondes : les pauvres prennent plus de place et Sauveur du monde déferle ! L’intensité atteint un premier gros pic d’intensité avant de basculer sur une facette plus hybride : le puissant (et mauvais dictat) Je suis belle enveloppe l’auditoire, les guitares arrivent…
Tandis qu’elles nous laissent penser qu’un Tu veux baiser pointe son nez, nous n’aurons finalement qu’aux premières secondes. C’est finalement ce bon vieux Godzilla 3000 qui prend place (« alors Montpellier, es-tu venu avec tes muscles ? »). Dans la sueur et le bruit, les Vulves s’auto-proclament présidentes, un peu dans la même veine musicale que Chômeur, et le Rockstore chavire à nouveau ! Double slam au menu, larsens bien présents aussi, rien ne semble ébranler un public qui est résolument conquis… donc il se prête sans aucune résistance à la danse chorégraphique de Paul danse, la danse des banquiers !
Petit à petit, une effluve rap, plus proche des Nova Twins que de Sexy Sushi, se répand : Tour de France brise les clichés et nous laisse entrevoir le jour de l’équinoxe. Conspiration nous montre la voie et une nouvelle choré incantatoire hypnotise le Rockstore… mais plus dur sera la chute ! Les Vulves ont beau répéter depuis une demi heure que « c’est la dernière », La belle langue de Molière porte un coup fatal ! Triturée, malmenée et rallongée, la track tranche la jugulaire de tous ceux qui osent barrer la route au trio.
Alors qu’un « vrai » rappel est attendu, les Vulves parviendront à nous prendre une dernière fois à contre-pied… Finalement, c’est La retraite qui fait son grand retour dans les enceintes de la salle montpelliéraine. Mais c’est la version « Billxisée » qui débarque, boostée à coup de tek pour une version rave stratosphérique. Un gros coup de masse qui sonnera le glas de ce concert : 1h15 de show plus tard, les Vulves quittent le Rockstore après l’avoir littéralement retourné !
Crédits photos : Olivier Scher