Le troisième jour de la Fiesta des Suds 2023 commence sur la Canebière avec un bel hommage à l’une des premières éditions du festival.
Il faut revenir à la deuxième édition, en 1993, pour retrouver la trace de ces 100 chevaux camarguais lâchés sur le Vieux Port, accompagnés de leurs gardians. Cet ancrage profond dans les racines du Sud est de nouveau mis à l’honneur 30 ans plus tard en forme de clin d’œil à l’histoire de la Fiesta des Suds.
Nous accompagnons les chevaux jusqu’au J4 pour attaquer la dernière soirée du festival. Les poulpes et autres bras tentaculaires sont toujours là, jusque dans notre assiette puisqu’un hot-dog au poulpe est proposé sur place.
La nuit tombe doucement sur le site tandis que les premiers artistes entrent en scène.
Nous commençons la soirée avec Liquid Jane dont nous n’avions pu voir le concert en juillet dernier au théâtre Silvain. Et voilà notre premier coup de cœur. Liquid Jane propose un univers lumineux dont les balades ont éclairé ce début de soirée. Épaulée par deux musiciens Jeanne Carrion, de son vrai nom, partage un projet plein d’émotions teinté d’une soul réconfortante. Une artiste à suivre !
A peine remis de nos émotions qu’une nouvelle claque musicale vient bousculer nos oreilles. Né dans le pays basque, Kolinga est issu de la rencontre entre la chanteuse multi-instrumentiste Rebecca M’Boungou et du guitariste Arnaud Estor. Le moins que l’on puisse dire est que celle-ci a été fructueuse.
Kolinga est la fusion réussie de la musique africaine, du rock progressif, du jazz et de la soul. Chaque morceau nous surprend et nous embarque, souvent grâce aux ruptures rythmiques impulsées par le batteur virtuose Jérôme Martineau-Ricotti.
Rebecca M’Boungou a une présence incroyable et une voix qui reste longtemps en tête. Nous vous recommandons chaudement l’écoute de leur album « Legacy » sorti en 2022.
Le public commence à se presser devant la grande scène où le grand Tiken Jah Fakoly a pris place. Que dire sur cet immense musicien qui n’ait pas encore été dit ? Le reggae man chante l’Afrique, les inégalités, l’écologie et tout ce qui nous touche dans un universalisme engagé et bienveillant. Barbe grisonnante et bâton de pèlerin en main, le griot Tiken Jah Fakoly porte la bonne parole et diffuse les positive roots à un public conquis.
Délaissant la grande scène, nous nous intéressons à ce qui se passe du côté de la scène Major où le discret Kamaal Williams a posé ses claviers. Le virtuose anglais, associé au batteur Pezee et au claviériste Brian Hargrove, nous gratifie d’un set immense entre free jazz, hip-hop et musique électronique. Caché derrière une veste qui lui monte jusqu’au chapeau, il nous est quasiment impossible d’observer son visage. C’est chaud et intense et même si le public n’est pas aussi dense que devant la grande scène, ceux qui sont là savent qu’ils assistent à un moment de musique assez exceptionnel.
La soirée bat vraiment son plein et les concerts s’enchainent sans temps mort. On ne peut que saluer cette programmation à la fois pointue et grand public qui permet de faire de belles découvertes. En voilà une nouvelle avec la chanteuse arménienne Ladaniva. Basé à Lille, le groupe propose une pop balkanique joyeuse et dansante, fortement influencée par les musiques du monde. Dans une actualité tristement marquée par la guerre, en particulier en Arménie, cette proposition est réjouissante et fait danser le public marseillais en continu.
Nous restons dans l’énergie et les bonnes vibes avec les papis du hip-hop, à savoir le duo de L’Entourloop. Ici aussi, ça déménage avec des titres taillés pour la scène. Reggae, électro, dance-hall, dub, hip-hop, le sound-system stéphanois distille les riddim et fait s’envoler le public du J4 qui ne sait plus où donner de la tête. Les basses s’envolent vers la Méditerranée et les sourires s’affichent sur tous les visages croisés dans la foule.
Nous finissons la soirée avec Molecule (interviewé dans l’après-midi et disponible le 24 novembre entre nos murs) qui nous achève avec son set surpuissant. Positionné au cœur des enceintes du sound-system, Molecule déploie les perles de son dernier album « RE-201 » dont le retour aux sources jamaïcaines est plus que palpable.
Cette nouvelle édition de la Fiesta des Suds a réussi son pari en offrant un très bel hommage à son créateur, Bernard Aubert. Avec une programmation riche et équilibrée, une scénographie réussie et des espaces variés et facilement accessibles (dont la fameuse Bodéga qui était de retour pour cette édition), la Fiesta des Suds reste un festival incontournable de Marseille.
Merci une nouvelle fois à Olivier Rey pour l’accueil sur le site et le lien avec les artistes et à l’année prochaine pour les nouvelles aventures de la Fiesta !
Crédits photos : Olivier Scher