Cap sur deux nouvelles sorties toutes fraîches de ces dernières semaines avec deux beatmakers qui aiment explorer et repousser les limites du hip hop et du trip hop. Nul doute sur le fait que Roger Molls et Moow vont s’incruster dans votre casque si vous êtes amateurs du genre.
Roger Molls « Electro sessions » (18 mars 2022) -ELECTRO/TRIP HOP-
Découvert il y a tout juste 10 ans sur son très bon « Metamorphosis of muses », le roubaisien continue de tracer sa route. Si, à l’époque, vous étiez passés à côté de cet album et que vous êtes un fervent adepte de trip hop sublimé par le piano, il est essentiel que faire un petit retour en arrière. Après diverses projets et une créativité qui continue de l’animer, Julien Amez, aka Roger Molls, vient de sortir une nouvelle salve de 5 titres estampillés « Electro sessions ».
D’emblée, on sent que son monde s’est assombri, comme si l’artiste s’était laissé influencer par les tensions qui enveloppent notre quotidien : à l’image de Never stop, le rythme est frénétique, les beats martèlent et la compo explose. Sur Light infection, la montée en puissance se poursuit : dans un fracas fait de métal et de coups de butoir, Roger Molls bascule dans une electro d’outre-tombe, faite de dubstep et de machines hurlantes. La (fausse) pause sur Die for nothing n’est qu’un leurre, le tout se digitalise et nous propulse brutalement dans la Zone 51, la fameuse, qui ne fait que confirmer la tendance de l’EP : Roger Molls s’est payée une vraie ‘electro session’. Pourtant, une dernière pépite s’invite : Melancholy call, track electro nappée qui rappelle que le ch’ti sait aussi être calme, ponctue comme il faut cette virée.
Moow « We are gonna die in 2050 » (4 février 2022) -LO FI/HIP HOP-
Notre deuxième session découverte met le cap sur un autre beatmaker hexagonal qui étonne d’abord par son choix créatif : ses pistes sont extrêmement courtes, environ 1’10 ! Et quand Moow annonce 24 nouvelles pistes pour son deuxième opus, « We are gonna die in 2050 », c’est pour une durée de 30 minutes. Frôlant l’album-concept, Moow arrive cependant à créer un vrai tour de force sur cet opus : il propose des compos aussi évocatrices que libératrices comme A tree for friend, bercé par le chant des oiseaux, un sample de guitare sèche et une mélodie trip hop simpliste mais qui vous ouvre les bras. Le tout en 1’19 et c’est plié !
Cette approche, Moow la construit de manière minutieuse tout au long de l’album, elle se découvre et s’explore en fermant les yeux : les samples cachent la tristesse des jours sombres sur Oublie la heureux mais ils appellent aussi à se poser, à pas feutrés, avec It’s ok to be alone sometines. C’est comme si les émotions et les ressentis que nous procurent la vie apparaissaient en fil rouge sur l’album, avec un filigrane ‘trip hop’. Souvent accompagné d’un piano ou d’une guitare sèche, Moow leur a attribué une piste ‘lo-fi/trip hop’ unique, une création musicale presque éphémère. Le jeu serait presque d’essayer d’associer chacune des pistes à nos états d’âme ! 5 ans après « I can’t tell you how much it hurts », ces nouvelles compos s’inscrivent dans son sillage, assurément.