Plus de 20 ans après « Boire« , et deux années après la parution de « Ici-bas, ici même« , Miossec est de retour avec un nouvel album. Comme à ses débuts, c’est avec un mot célibataire que le Miossec présente son disque ; « Mammifères » est surprenant, dans un univers feutré et rassurant, bercé par la voix du breton. Un album, plus que jamais, instrumentalisé à la limite de la perfection.
Une fois de plus Miossec ne s’est pas trompé, et sort un disque qui dénote du précédent, en se dessinant dans un relief beaucoup plus lumineux, plus volage.
Le contexte ne s’y prêtait pourtant pas, deux chansons sont consacrées aux événements de 2015 qui ont profondément marqué le chanteur. Pourtant loin de la niaiserie et de la compassion low-cost des chansons qui ont suivi de quelques jours les différentes vagues d’attentats, Miossec a pris du recul et a su faire ressortir son était d’esprit dans ces moments difficiles.
On y va ou La vie vole ont été conçues dans cette veine, dans ce besoin insatiable de ne pas s’arrêter, de ne pas se plier, de faire jaillir des textes pour vaincre la morosité. On reconnait du bon Miossec à mille lieux, et ça rassure !
Tout juste de retour d’une impressionnante tournée, Miossec a remis les mains dans le cambouis sans attendre. Et de nouvelles influences s’invitent à la table de cet album, le violon de Mirabelle Gilis vient se greffer à ce groupe, pour lui donner une nouvelle gueule. Le côté rock épuré est mis de côté, et des airs slaves s’invitent sur les mots du chanteur ; l’accordéon et le violon se coordonnent parfaitement, sans encombrer l’espace sonore, pour faire resurgir le texte et une émotion qui imprègnent chaque chanson de Miossec.
Des titres incisifs, directs, qui sont autant de portes dans cet univers musical particulier qui sévit depuis plus de vingt ans. La nuit est bleue participe de cet atmosphère, où la longue introduction musicale précède une douceur rare, comme un chuchotement dans l’infini.
Les mouches surprend à la première écoute, l’auditeur s’y plonge directement sans trop savoir dans quelle soupe il trempe ses lèvres. L’accordéon accompagne ce voyage dans les rues de Paris, où Miossec pose toujours son regard interrogateur sur le temps, sur ce lendemain qui semble le préoccuper.
Des interrogations ponctuent cet album, Miossec chante pour nous confronter aux siennes, d’interrogations, et les enrobe de mélancolie et de couleurs pour nous les faire rentrer dans la caboche beaucoup plus facilement.
Les guitares sont malgré tout de la partie, un rockeur sommeille toujours dans ce corps, et il n’est pas facile (ni souhaité !) de se défaire si facilement de ses premières amours. Jouxté avec violon et accordéon, supervisé par une base rythmique présente mais très discrète, on sent dans cette expérimentation beaucoup de travail et un nouveau style qui colle, encore une fois, parfaitement au chanteur.
L’ultime chanson est un résumé magnifique de ce qui vient d’être dit. Papa. L’accordéon et le violon semblent se renvoyer leurs airs mélancoliques, sur une chanson que Miossec dédie à son père. Les chansons paternelles ont déjà été réalisées, et il faut du travail et du talent pour ne pas sombrer dans la nostalgie pompeuse. Et ça tombe bien, Miossec possède les deux, ce titre clôt l’album avec un pincement de cœur.
Un dixième album qui dénote, la musique envahit beaucoup plus la présence du chanteur, fort de cette complicité qui semble s’être instaurée entre tous les membres du groupe. Le résultat a de quoi étonner à la première écoute, mais rassure à l’infini lorsqu’on s’y plonge dedans. Miossec ne prend pas une ride mais des couleurs, et montre par là l’étendu de son talent et la portée de son écriture, même quand elle est moins écorchée et beaucoup plus apaisée. Un bien beau mammifère dans le grand bain du monde.
FICHE TECHNIQUE
Tracklist
1. On y va
2. Après le bonheur
3. La vie vole
4. Les mouches
5. Les écailles
6. La vie est bleue
7. Alouette
8. Cascadeur
9. Le roi
10. L’innoncence
11. Papa
Durée : 41 min
Sortie : 27 mai 2016
Album : 10ème
Style : Chanson française