Baja Frequencia

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Baja Frequencia au Radiant Bellevue Lyon 2 novembre 2017
Baja Frequencia

Après l’interview fleuve d’hier, Azuleski est toujours à nos côtés pour vous présenter cette fois la playlist qu’il a concocté avec son compère, Goodjiu, pour Le Musicodrome. Laissez-vous bercer par ses propos, c’est Baja Frequencia qui contrôle ce qui tourne dans votre casque durant les trois prochains quarts d’heure.

Pibes ChorrosBorracho soy

C’est un morceau qui vient du ghetto d’Argentine, de cumbia ninja. C’est un mouvement de cumbia qui est né suite à la crise économique de 2000-2001 en Argentine. C’est la première forme de cumbia contestataire qui a existé : on rencontre pour la première fois des lyrics qui parlent de violence, de drogue, du quotidien difficile. C’est ma forme préférée de cumbia… Nous avons samplé Pibes Chorros sur le morceau Que calor avec Baja Frequencia. C’est mon groupe préféré… et c’est ce groupe qui nous a poussé à faire notre musique aujourd’hui. J’ai découvert cela quand j’ai vécu en Argentine, durant 1 an, et je l’écoute encore aujourd’hui. Pendant qu’un Major Lazer sonnera assez occidental musicalement, Pibes Chorros va sonner plus cheap mais il y a des idées d’arrangement qui sont complètement improbables mais qui fonctionnent bien ! C’est à la fois groovy, lourd, avec des paroles très belles, très tristes aussi, violentes aussi, qui parlent des ghettos.

MC FiotiBum bum tam tam

C’est le morceau le plus écouté sur Spotify en 2017. C’est un groupe tube brésilien sorti l’année dernière en baile funk. Je l’ai mis là car de temps en temps on le joue durant nos dj set depuis cet été. C’est un peu significatif du baile funk brésilien qui a eu une première vague de connaissance avec des artistes comme Deep Lo de Major Lazer qui, dans les années 2000, ont commencé à diffuser cette musique qui était plus de Rio de Janeiro et qui était beaucoup plus violente dans les paroles. Elle était donc un peu difficile à diffuser de façon mainstream. Et là, c’est assez drôle, depuis maintenant 3 ans, le baile funk est devenu mainstream. C’est à dire que, comme un peu comme le hip hop aux Etats-Unis avec l’arrivée du vocoder ou de l’auto-tune, les paroles sont devenues plus légères et l’on parle plus de jolies filles, des belles voitures et de faire la fête. Beaucoup plus pop finalement. On se retrouve aujourd’hui avec des hits mondiaux de baile funk écoutés partout sur la planète, je trouve ça assez rigolo comme évolution du style !

Leikeli 47Bubblegum

C’est une artiste américaine, rappeuse, qui fait partie des découvertes de nos derniers mois. Elle a un style que j’aime beaucoup et ce morceau est entre dancehall et hip hop, elle est compliquée à situer, comme nous. On voit aussi que c’est de plus en plus compliqué d’attribuer un style à un artiste parce que les influences vont être nombreuses et mélanger plusieurs univers. Je pense qu’elle se revendique plus du mouvement rap que dancehall… J’aime bien ce morceau et il nous arrive aussi de le jouer en dj set.

GuruAkayida (abre boys)

Guru, c’est un artiste ghanéen. Il fait partie des artistes qui ont fait des morceaux contestataires dans leur pays contre l’obscurantisme religieux, islamique en l’occurrence. Et c’est rigolo car, dans leur chanson, il demande pourquoi les intégristes ne veulent pas danser dans le morceau. On a aimé ce morceau car il y a, dans ces pays, une place forte de la danse curative dans certaines religions autochtones… et c’est en totale opposition avec l’obscurantisme religieux qui leur interdit de danser ou de s’exprimer avec leur corps ! En plus de ça, le morceau est très bien produit.

Uproot AndyWorldwide dembow

A partir d’ici, on bascule sur des morceaux plus électroniques. Il fait partie, aussi, des premiers artistes que nous avons écouté quand on a formé le groupe. C’est un producteur new yorkais -je ne sais pas s’il a des origines latinos ou pas- mais ça a été un des premiers dj set à avoir ce côté tropical, en mélangeant musique électronique et musique latino, notamment dominicaine. Ce morceau a dévoilé un côté plus grand public, plus mainstream du genre, et Uproot Andy est un des premiers à avoir ouvert le mouvement en 2012-2013. Le morceau a, pour moi, contribué au grand retour du reggaeton actuel. Comme Despacito d’ailleurs, tout droit tiré du reggaeton. Et cela se sent jusque que le rap français actuel comme dans les albums d’Alonzo ou de MHD.

MunchiLa Brasilena ta montao

C’est clairement un des artistes, avec Schlachthofbronx, qui nous a le plus influencé. Il est très important dans l’origine de Baja Frequencia. C’est un exemple pour nous. On aime aussi le jouer en dj set. L’artiste vit à Rotterdam et il est considéré aujourd’hui comme le créateur du style moonbahton qui est un croisement entre le reggaeton et la bass house hollandaise. C’est une musique électronique très pesante, très lourde et à la fois très dansante avec une rythmique reggaeton. On invite grandement les gens à écouter cet artiste qui est un petit peu fou et qui créait des choses complètement improbables musicalement.

PoirierGinobili

C’est un artiste important qui a un lourd passif sur Ninja Tune. Il n’a pas peur d’évoluer, de faire des choses différentes. Il n’a pas peur de faire un album plutôt reggae, comme son dernier d’ailleurs (« Migration »), alors que le nouvel extrait de son dernier EP laisse entrevoir des influences beaucoup plus africaines. On aime bien cet artiste, on l’a fait venir déjà deux fois à Marseille jouer avec nous. J’aime bien sa façon de produire, sa façon de ne pas s’enfermer dans des carcans. Il y a des choses assez perchées mais aussi des choses beaucoup plus accessibles.

Clap! Clap!Kuj Yato

C’est un artiste italien que j’ai découvert il y a 2 ans, il vient de Toscane. On aime beaucoup sa façon d’appréhender les samples et de construire ses morceaux. Il peut croiser différents univers, de lier des musiques africaines traditionnelles avec des sons de bass music ou de club à l’anglaise, bref, on aime beaucoup son travail. C’est quelqu’un de très fort. Ici, c’est un morceau issu de son premier album mais il a sorti son second album il y a peu de temps. Il est plus pop mais cela reste très intéressant et je pense que c’est un artiste à suivre de près.

SchlachthofbronxCopper and lead (feat. Riko Dan)

Groupe au nom imprononçable ! (rires). Eux aussi, ils nous ont fortement donné envie de faire Baja Frequencia. Ils sont allemands, basés à Munich. C’est un morceau issu de leur quatrième album. Le duo est très productif ! Ils utilisent beaucoup de machines, avec une forte influence de la techno allemande dans leurs sons. Et, pour les avoir vu en dj set cet été, ils n’ont pas peur de passer d’un univers à l’autre en live, de passer de morceaux très électroniques à des morceaux plus musiques du monde… Ils ont une façon de voir la musique et de construire leurs morceaux qui nous a toujours intéressée. Leur dernier EP est d’ailleurs complètement barré, il y a des choses très minimalistes et des choses très bien ficelées. On suit ces producteurs avec une grande attention même si on n’est pas forcément fan de tout ce qu’ils produisent. Ils ont une façon de travailler qui nous impressionne. Attention, le groupe est très éclectique : ils peuvent faire des morceaux très dansants, taillés pour le club, et d’autres morceaux beaucoup plus expérimentaux qui se rapprochent du noise et des musiques électroniques expérimentales. Nous, on vient de sortir un EP, donc on n’a pas encore eu le temps d’explorer… On est intéressé par ce côté expérimental !

N-FasisOdebrecht

C’est un artiste dominicain, plus taillé pour le club et la fête. On lui a beaucoup reproché d’avoir des lyrics vides de sens ou stupides des fois. Là, c’est un morceau de rap conscient, un morceau de hip hop avec des lyrics très bien écrits. J’ai trouvé ça touchant. Il s’était clashé avec Calle 13, de Porto Rico… J’aime ces artistes qui peuvent sortir des tubes de reggaeton qui peuvent être joués partout dans la ville, hyper dansant, et qui, à la fois, peuvent sortir des textes réfléchis et intelligents, revendiquant des choses concrètes. Je défends ces artistes… car le reggaeton est à la fois très controversé : il peut être à la fois très commercial, aussi très machiste ou très sexiste dans les lyrics, tandis que d’autres arrivent à sortir des choses remarquables ! Cela ne peut avoir rien à envier à un bon lyric de rap américain ou de rap français. On peut passer des morceaux débiles dans nos sets… mais on veille à ne pas passer des morceaux sexistes ou homophobes dans nos sets !

L’intégralité de la playlist est disponible sur Soundsgood

Merci à Baja Frequencia et à Azuleski d’avoir accepté l’invitation « Dans le casque de… » du Musicodrome. Deux morceaux issus de leur premier EP, El palo et Badman a badman (feat. Skarra Mucci) ont été ajoutés parmi la sélection de 10 titres.

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