C’était la soirée du festival de Marne à ne pas manquer pour les amateurs de reggae ce vendredi 20 octobre à Fontenay-sous-Bois (93). La soirée tant attendue par les reggae addicts de la région parisienne affichait complet deux jours avant la date. Une soirée sous le signe de la fraternité et de la convivialité, avec un léger goût d’amertume…
Commençons par une rage non contenue qui aurait du éclater bien plus tôt
C’est un sujet bien connu des festival et qui peut être problématique : la sécurité. Certains diront qu’ils font seulement leur travail, moi je dis qu’ils font trop bien leur travail. A tel point qu’ils ont bien évidemment pensé à me retirer tous mes objets en verre avant que je ne rentre dans la salle. La fiole d’huile essentielle (pas plus grosse que mon pouce) ne passera pas le pas de la porte. En revanche, les aérosols sont les bienvenus ici puisque mon déodorant aura pu profiter pleinement du concert. Je suis bête, ce n’est pas du verre !
Le sourire, lui, est-il le bienvenu ? Non… Un claquage des pommettes est vite arrivé. Mes quelques petits objets en verre rejoindront donc ceux des personnes passées avant moi. Ce sera donc à récupérer en sortant. Ou pas. Monsieur sécu, le bougre, m’invitera à visiter les poubelles qui dégueulent pour récupérer ce qui m’appartient.
A noter que si le travail de la sécurité n’est absolument pas remis en cause ici, l’attitude des équipes de sécurité l’est. Oui, on se passera volontiers de l’attitude de « cow-boy » de ces messieurs qui a pu causer du tort à de nombreux festivaliers sur beaucoup d’autres concerts. Bien sûr quand je parle de tort, je ne parle pas forcément d’objets jetés à la poubelle (bien que..) mais plutôt de dents en moins ou de nez de travers. Je vous rassure, ce n’était pas, à ma connaissance, le cas sur le Festival de Marne. Cela dit, on retrouve le même genre de comportement désagréable et hautain à de multiples endroits.
Passons au point culminant de cet article, la musique
La salle Jacques Brel est déjà bien pleine quinze minutes avant le début du show. Les gens sont souriants, organisateurs y compris, et ça fait bien plaisir.
C’est dans cette bonne humeur que Jahneration entamera son show. Show qui sera certes court (45 min), mais vraiment intense ! Les deux chanteurs toulousains ne sont pas encore sur scène que le bassiste n’hésite pas à faire le show en posant sereinement sa ligne de basse. Le groupe entame son set avec une chanson qui donnera le ton de la soirée : Reggae love . Première chanson, toutes les mains sont déjà levées. L’un des chanteurs demandera quand même s’il y a des reggae addicts dans la salle. La réponse ne fait a priori aucun doute.
C’est avec cette énergie débordante que le groupe nous fera profiter de ces titres les plus appréciés. Parmi cela on aura entendu Reload, No want, Control your tempa en featuring avec Nâmman, ou encore Lighters. On ressent dans le groupe une envie de se faire plaisir avant tout, et on aime ça ! Jahneration aura parfaitement bien entamé la soirée.
Depuis l’espace fumeur, les premières notes du Artikal Band retentissent. Tout le monde se précipite à l’intérieur… Trop tard, la salle est pleine à craquer ! Ceci ne nous empêchera pas de profiter du concert. Artikal Band distille son reggae music avec précision. Yaniss Odua entre sur scène tout de noir vêtu et entame son set dans la continuité de l’entame de Jahneration avec Reggae land issu de son dernier album « Nouvelle donne« . Cette soirée est bien dédiée à tous les reggae lovers. Quelques drapeaux aux couleurs emblématiques vert jaune rouge nous le prouveront.
La fête continue avec Moment idéal éponyme de son premier album : « la prochaine est dédicacée à toutes les femmes, Artikal give me the next tune ». L’artiste est vite rejoint au chant par l’ensemble du public qui connait bien ses classiques. Le solo du guitariste d’Artikal viendra clore le morceau avec brio.
En parlant de classiques, on aura bien évidemment entendu La caraïbe repris également en masse. C’est à se demander quel morceau les festivaliers ne connaissent pas par coeur. A chaque morceau sa particularité : alors que Rouge jaune vert fera fleurir les drapeaux Rasta, Chalawa verra s’allumer l’ensemble des briquets pour la liberté d’expression : « je ne suis pas en tain de faire l’apologie de la ganja, je fais seulement de l’information face à la désinformation […]. C’est un médicament, moi elle me soigne » précisera mister Yanis. Cela sera certainement le morceau le plus repris par la foule.
Le nouvel album sera bien évidemment à l’honneur avec la très grosse connexion Ecoutez-nous avec Keny Arkana sur laquelle Yanis invitera son public à regarder le concert avec leurs yeux et non à travers leur téléphone, Gardez mon droit, Nouvelle Donne ou bien La maison ne fait plus crédit en dédicace à toutes les personnes ayant des fins de mois difficiles.
La combinaison Yanis Odua/Artikal Band fonctionne très bien et du premier au dernier rang tout le monde prend plaisir à danser sur les bonnes ondes transmises par le groupe. Plein de sincérité, Yanis remerciera son public d’être venu ce soir et n’hésitera pas à placer un gros Big up pour Taïro et Jahneration. C’est d’ailleurs avec My people que Yanis terminera son set en guise de remerciement pour ses adeptes. En bref, Yaniss Odua and Artikal Band nous auront offert un show respirant l’amour de la musique et la sincérité. C’est bien à l’image de son interview vidéo par Tetex et Tonton Julio lors du Festival de la Meuh Folle 2017.
A chaque chanteur son band, après Artikal Band c’est à la Familiy Band de faire son entrée sur scène. Le public l’attend de pied ferme et n’hésite pas à scander son nom sur les premières notes du Family Band. C’est à croire que les trois groupes se sont passés le mot, Taïro commencera également son set avec un titre en hommage au reggae, éponyme de son album « Reggae français ».
Les premiers morceaux sont enchaînés sans transition et parmi ceux-là on entendra : Si j’avais pas connu cette fille, Aime la vie en featuring avec Youssoupha que le saxophone remplacera avec un solo de feu, Jet lag pour les amateurs de rub’a’dub ou encore High Grade qui débutera avec douceur, a capella, et qui terminera de manière totalement explosive. On sent que Taïro maîtrise son show à la perfection.
Parlant d’expérience, Taïro nous fera profiter de l’un de ses premiers tubes Elle veut featuring Flya : un retour aux sources pour les connaisseurs. Le chanteur n’hésite pas à user d’autodérision en donnant à son public un cours de drague digne de ce nom auprès de l’une de ces choristes.
Toujours en parlant d’expérience, nous aurons également droit au titre Bon vieux temps, issu de son premier album. Ce titre est en quelque sorte une rétrospective de « l’époque des sound-systems, des dubplates ». Comme certains diraient, l’époque ‘à l’ancienne’. Le chanteur nous citera bien entendu tous les MC de l’époque et racontera au jeune public le quotidien d’un chanteur débutant dans la musique … avant internet et les smartphones. « Un gros big up à Mc Janik, Daddy Morry, Nuttea, Yanis Odua, Tonton David, (…). A l’époque internet n’existait pas, le seul moyen de se faire connaitre c’était les sound-systems, il fallait prendre le micro ». Pour Taïro, le live c’est un immense terrain de jeu.
C’est sur le morceau Une seule vie, accueilli en triomphe par la foule, que Taïro descendra rejoindre son public pour chanter avec lui. Comme Yaniss Odua, il invitera le premier rang à ranger leurs téléphones : « regarde moi, ne regarde pas à travers ton téléphone ». A priori, les plus anciens sont d’accords sur ce point.
En bref, Taïro est l’un de ces artistes qui rend la musique vivante et c’est ce qu’on aime chez lui !
Merci le Festival de Marne !