Festival de la Meuh Folle : en meuh, en large et en travers ! (Alès, 30) 24/25.03

15 min de lecture

Et de quatre ! Pour la quatrième année consécutive, le festival de la Meuh Folle d’Alès (30) a affiché sold out au moment de souffler sa quatorzième bougie. Un succès qui s’explique par une programmation de haute volée mais pas seulement : entièrement organisée par des étudiants de l’école des mines d’Alès, l’événement gardois voit ses bénévoles de plus en plus nombreux d’année et année au fur et à mesure que l’engouement des festivaliers augmente. Une réussite sur tous les tableaux alors que le soleil, lui, a été un des absents de poids durant tout le week-end.

8000 festivaliers heureux. Y’a pas à dire, cela fait plaisir à voir. Une nouvelle fois, ils ont été nombreux à répondre au son de cloche de cette Meuh Folle qui est devenue, en 2017, le deuxième plus gros festival de musiques actuelles gardois (derrière le Zion Garden de Laudun). Un constat pas anodin, surtout lorsque la majeure partie des festivals du département se met à vaciller lorsqu’on aborde l’épineuse question budgétaire. En tout cas sur le plancher des vaches, l’herbe y est toujours fraîche et elle a pu accueillir près de 2000 campeurs courageux dans des conditions plus que moyennes. Même si l’étable du soir offrait un chaud endroit pour s’abriter, il faut bien avouer que la pluie s’est transformée en ce fameux pote de fin de soirée que l’on n’arrive pas à faire dégager.

Camion interview Festival de la Meuh Folle 2017 Alès Photolive30
Camion interview

Avec les sabots plein de terre, chacun aura, au moins, son lot d’anecdotes à raconter sur ses deux nuits passées du côté d’Alès. Les immenses réalisations d’art recyclable et le sound system percutant des Bhale Bacce Crew présentent cependant l’avantage de bouléguer le troupeau (de l’animer et de le sécher, de surcroît). La session de quatre heures de son leur a permis de profiter pleinement de leur nouvelle carte blanche accordée cette année. Pour la troisième fois en quatre ans, les Bhale Bacce sont toujours aussi motivés pour prendre le micro et ça c’est franchement cool !

En ce qui concerne les deux soirées de concerts, nous avons été tentés de faire une analogie entre le festivalier et la vache laitière. La définition de cette dernière, comme un herbivore ruminant, collait presque à merveille. C’est bien connu, le festivalier rumine (les chiottes sont dégueulasses, la bière à 3€ c’est trop cher, le bar ferme trop tôt…) mais l’organisateur aussi (quand on voit l’état du sol à la fin des concerts, il y a de quoi). Finalement, nous tenterons malgré tout de croiser nos belles vaches avec les différents artistes rencontrés.

Dub Inc’ : la Prim’holstein
Dub Inc' Festival de la Meuh Folle 2017 Alès Photolive30
Dub Inc’

Impossible de ne pas débuter avec l’incontournable Prim’holstein ! Grande attendue du samedi soir avec une foule presque plus grande qu’au dernier Salon de l’Agriculture, la Prim’holstein a conquis les cœurs. Pour preuve, tout la monde la connait, c’est la première race laitière en France et dans le monde. C’est aussi l’usine à lait par excellence. Sur les planches de la Meuh, il n’a suffit que d’un souffle pour faire beugler le peuple ! Le show est rodé et bien huilé, peut-être un peu trop car Dub Inc’ fait asseoir et/ou séparer le public depuis 20 ans, mais cela continue de fonctionner. Que ce soit avec les brûlots de leurs débuts (My freestyle, Murderer…), des tracks du puissant « Hors contrôle » (Dos à dos, Tout ce qu’ils veulent…) ou sur des plus récents, chaque flèche décochait a fait mouche.

Hilight Tribe : la Montbéliarde
Hilight Tribe Festival de la Meuh Folle 2017 Alès Photolive30
Hilight Tribe

Véritable fleuron de l’élevage français, la Montbéliarde est une vache particulière. On retrouve sa trace dès le 18ème siècle en France avec une grande place accordée aux valeurs traditionnelles. Elle s’exporte aujourd’hui sans difficulté à l’international. A sa manière, Hilight Tribe est sans aucun doute une Montbéliarde dans l’âme même si on peut supposer que la vache y occupe une place sacrée. Avec une sagesse incroyable, Hilight Tribe a conclu un vendredi soir électrique, chargée de vibrations et de sons envoûtants. La Montbéliarde est réputée pour ses jolis yeux… Que dire de ceux d’Hilight Tribe ! Le groupe a littéralement hypnotisé l’immense foule encore présente au milieu de la nuit pour la rendre malléable à sa guise. Un tour de force surpuissant pour un concert rempli de transe et d’electro qui a su traverser le temps.

Motivés : l’Abondance
Motivés Festival de la Meuh Folle 2017 Alès Photolive30
Motivés

« Chants de lutte » a 20 ans. Cet album, qui a traversé les époques en reprenant des chants révolutionnaires du monde entier, est marqué à l’encre indélébile. Mené en 2017 par les deux frangins de Zebda (Mouss & Hakim Hamokrane), Motivés représente l’Abondance. Elle a l’avantage de s’adapter aux régions difficiles et aux soubresauts du climat, été comme hiver, tout comme elle est réputée pour sa longévité. C’est tout eux. De l’indémodable Chant des partisans aux mythiques Bella ciao, Bandiera rossa ou autres Hasta siempre, les Motivés se sont parfaitement adaptés au contexte politique actuel pour faire passer un message chargé de respect et de solidarité. En 2017, y’a toujours pas d’arrangement, et ce n’est pas la venue de Gari Greu (Massilia Sound System) pour un cool mais alarmant Ma ville est malade qui nous prouvera le contraire… Lève le poing camarade, mais pas le droit !

Smokey Joe & The Kid : la Gasconne
Smokey Joe & The Kid Festival de la Meuh Folle 2017 Alès Photolive30
Smokey Joe & The Kid

Smokey Joe & The Kid aime le rustique. C’est typiquement la Gasconne ça ! Cette vache a même l’habitude d’allier robustesse et puissance. Les Smokey, ils en connaissent un rayon. Depuis leur formation, ils enchaînent les LP et les EP à travers différents projets et ont une faculté à dépoussiérer de vieux samples ou des grands classiques avec aisance. Samedi, ils ont véritablement décoffré le Capra. Le duo, accompagné de musiciens cuivrés et du MC MysDiggi pour donner une autre dimension au live, a cogné sans ménagement. C’est fun, c’est hip hop, c’est soul, c’est groovy, bref, ça sonne oldschool façon années 1990… Les remixes de I need you des Blues Brothers ou d’Intergalactic des Beastie Boys ne feront qu’enfoncer le clou !

Taïwan MC : la Tarantaise
Taïwan MC Festival de la Meuh Folle 2017 Alès Photolive30
Taïwan MC

Un autre artiste qui a tenu la dragée haute lors de cette 14ème édition, c’est Taïwan MC, un des MC de Chinese Man qui officie en parallèle en solo. A l’image de la Tarantaise qui est réputée pour avoir une poitrine ample lui donnant une grande faculté respiratoire, Taïwan MC a confirmé, sur scène, tout le bien que l’on pensait de lui sur galette. Que ce soit à travers ses deux EPs ou son premier LP, ce dernier s’est amusé entre reggae, ragga et dub pour imposer sa loi. Avec un flow toujours aussi incisif, celui-ci a navigué entre ses différentes apparitions (Miss Chang de Chinese Man, Superman de Deluxe par exemples) et ses propres créations (Diskodub, A mi lado, Catalina…). Un finish épicé pour une Meuh dévorée, l’alchimie a fonctionné !

Yaniss Odua : la Salers
Yaniss Odua Festival de la Meuh Folle 2017 Alès Photolive30
Yaniss Odua

Cela fait un sacré moment qu’il a commencé à tracer sa route. Yaniss Odua a sorti son premier album à 13 ans (« Little Yaniss ») mais il a su prendre le temps d’aborder les choses avec recul et sobriété. A l’image de son dernier album, « Moments idéal » (sorti en 2014), on voit que le bonhomme n’est pas pressé, qu’il voyage beaucoup avant de composer. Il est un peu la Salers du reggae français qui est une grande marcheuse. A la Meuh Folle, il est resté humble et discret… Mais vu la quantité de drapeaux « Rouge jaune vert » présent dans le Capra, nul doute qu’il était attendu au tournant. Et ça a marché !

TOTEM : la Normande
TOTEM Festival de la Meuh Folle 2017 Alès Photolive30
TOTEM

TOTEM n’est pas normand, clarifions les choses tout de suite, il est plutôt originaire de Montpellier… mais peut-être que des penchants normands existent au fond du groupe ? La Normande, par sa couleur irrégulière et ses tâches très variables, doit avoir un peu de TOTEM en elle ! Le groupe, vainqueur du tremplin du festival, a une nouvelle fois été imprévisible. Pop, rock, influences Red Hot par ses lignes de basse, un côté bien dansant pour électriser les foules, le set a fonctionné. Les membres du groupes, tous peinturlurés en mode warrior, n’ont d’ailleurs pas dérogé à leur tradition.

The Steady Rollin’Men : la Simmental
The Steady Rollin'Men Festival de la Meuh Folle 2017 Alès Photolive30
The Steady Rollin’Men

Enfin pour les petits gars de The Steady Rollin’Men, on ne pourra que leur faire un joli clin d’œil avec la Simmental (qui a failli être en voie de disparition). Il a résonné samedi soir un air d’antan à la Meuh Folle avec des sonorités que l’on n’avait pratiquement jamais entendu en 14 éditions : un rock blues gentillet mais percutant pour chauffer le début de soirée. Entre leurs propres compositions et un crochet par Jimmy Endrix, les Steady ont fait le taff et le public a répondu !

Cette 14ème édition fut un condensé de surprises, autant par sa programmation (peut-être la plus hétéroclite cette année avec aucun groupe du même registre) que par son engouement provoqué. La 15ème, qui promet de belles surprises, est déjà en marche !

Autant finir avec un joli proverbe gaélique :

« Ce n’est pas la vache qui beugle le plus fort qui a le plus de lait » !

Crédits photos : Photolive30

La couverture du Musicodrome à la Meuh Folle en 2017, c’est :

  • Aujourd’hui : live report d’Aïollywood de la soirée suivi de la première galerie photos de Photolive30
  • Vendredi : les galeries photos complètes de Photolive30
  • La semaine prochaine : les galeries photos complètes de Photos Nomades
  • Etalés entre avril/mai/juin : 7 reportages vidéo avec chacun des groupes rencontrés (excepté Dub Inc’ n’a pas voulu jouer le jeu !) constitués d’interview des artistes ainsi que des séquences live du festival. Tetex est à la réalisation ; Jules, Clem’, Alexis et Aïollywood sont aux interviews, Machy et Ptit Bapt’ au soutien logistique (Daffy au soutien moral) !

Un grand merci à la Meuh Folle pour nous avoir permis de mener à bien notre projet de couverture du festival, un grand merci également aux artistes qui ont gentiment accepté l’invitation du Musicodrome dans notre camion studio aménagé. A tout moment la suite !

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