Il est de ces soirées qui restent dans les mémoires, qui vous donnent envie de croire et d’espérer, qui vous font vous oublier… celle que nous a offert l’équipe du Monto’zar et Thomas Pitiot est de cette trempe, retour sur un rêve à feu doux.
Le quoi ? Le monto’zar ! Quelle idée folle pour cette petite équipe qui tient un restaurant d’un autre temps, avec des produits locaux et bios sur les hauteurs de Saint Etienne, de faire venir le chanteur et homme du monde Thomas Pitiot, le temps d’une soirée.
La salle était pleine, dans sa configuration maximale, à savoir une quarantaine de personnes réparties autour des tables disposées dans un désordre on ne peut plus organisé. Dès notre entrée dans ce lieu magique, l’équipe est venue nous saluer, avant que Thomas Pitiot en fasse de même, se présentant et demandant son prénom à chacun des chanceux arrivant au compte goutte dans la salle.
Enfin le concert commence. Dans l’ombre des 20 heures la nuit est tombée mais la lumière n’a jamais été aussi intense que dans nos yeux affamés de chansons. Nous sommes tous des enfants quand la première inaugure la soirée : le chanteur va follement jeter de l’huile sur le feu dans cette ambiance intimiste, quasi amicale, qui transporte cette soirée. Il nous réserve même une surprise insoupçonnée lorsqu’il se met à citer les noms de chacune des personnes attablées dans la salle autour de lui (qu’il avait retenu) pour les remercier.
Crédits photo : droits réservés – http://mon-neurone-fou.cowblog.fr/9-le-monto-zar-3018823.html)
Thomas n’a pas attendu que cette surprise stoppe nos sourires pour continuer son spectacle, nous offrant ainsi ses chansons dans le registre musical qu’on lui connait. Les chansons sont à fleur de peau ; elles racontent la vie, la belle, la sensible, celle qu’on oublie bien souvent et que tant veulent écraser.
« Les poètes aux si belles allures / avancent dans les allées en fleurs / ils ne rasent jamais les murs / parfois leurs barbes à contre coeur ».
Le temps d’un coup d’oeil derrière lui et l’homme va accompagner chaque photo encadrée sur le mur par un morceau de chansonnette. Un délice d’entendre fredonner par toute la salle quelques paroles de Brassens, Piaf, Barbara, Brel et Leprest…
Son dernier album, intitulé « Transport Pitiot, Père et fils« , réalisé avec son père, est une très belle réussite. Pourtant ce soir il est venu seul, laissant son papa profiter du repos des Cévennes d’Anduze. Et il va nous interpréter de nombreux titres récents, comme Villes, 1901, Les vrais poètes, laissons nous poussez les choses, première épouse et bien d’autres.
Toutes les chansons sont ponctuées par des anecdotes intimes du chanteur, qu’elles concernent son petit bonhomme de chemin, ses amis ou la société actuelle, toujours pertinents et sincères. Et l’artiste n’est pas avare de jeux de mots, en témoigne le clin d’oeil à la tablée d’instits et de profs installés au fond de la salle, qu’il apostrophe en qualité de corps enseignant (comprendre coran saignant) !
Nous aurons aussi la chance de ré-entendre quelques chansons plus anciennes, parfois teintées de pensées politiques comme la chanson sur Rama Yade : Ramatoulaye, mais aussi de magnifiques chansons poétiques telles que Un rêve sans étoiles, dont il a emprunté le titre à Paul Eluard, enfant de Saint Denis comme lui, qui hurlait avec la finesse de sa plume qu’un rêve sans étoile est un rêve oublié. Nous pourrons nous laisser bercer par Mamadou l’étranger ou encore Ils vendent tout, sortie de son album « Griot« , où il la chantait en compagnie de Loic Lantoine.
Quel plaisir et quel régal pour les yeux et les oreilles, chacun d’entre nous étant impliqué lors des différentes anecdotes du poète.
Puis ce dernier va nous faire une dernière chanson, sortie de l’alitération d’un rêve en je-fe, avec la magnifique Ma môme, qu’il a emprunté à l’immense Jean Ferrat.
Comme le principe de ces soirées l’exige, chacun se met ensuite à table, Thomas passant au hasard de chacune, y allant toujours de la petite anecdote, du petit mot bien placé qui montre son attachement à cette soirée intimiste, ou il appelle chacun « les amis ».
Comme l’heure se fait de plus en plus tard, les moins téméraires s’en vont petit à petit, et lorsqu’une petite vingtaine de jambes seulement peuplent la salle, le chanteur propose une dernière chanson. Dernière chanson qui va en réalité durer une bonne heure et demi, où nous avons (car tout le public chantait avec le héros du soir) ressuscité le temps d’une ivresse les anciennes chansons de Renaud, de Ferré, de Beranger, de Brassens, de Ferrer.
Une toute dernière de l’album, avec la très poétique étoile en viager, et cette fois c’est bel et bien la fin, il est tôt le matin, et, le dernier cd dédicacé en poche, nous rentrons à notre tour la tête encore dans les étoiles d’une soirée que nous ne sommes pas près d’oublier.
Félicitations à l’équipe du Monto’zar, et à Thomas Pitiot que nous espérons revoir bientôt, de faire vivre des lieux comme ça, hors du temps et des normes qui séparent bien souvent le public des artistes. Une soirée à taille humaine qui ne pousse qu’à dire « A la prochaine ! ».
Article rédigé par Ptit Bapt’ (crédits photos : Ptit Bapt’)