Près de 2 ans après son grand retour sur la scène française avec son « Second tour » sous les bras, les frangins de Toulouse reviennent aujourd’hui avec leur sixième album, « Comme des Cherokees » en mêlée d’ouverture de cette rentrée musicale 2014. Avec la banane, des idées plein la tête et une musique terriblement funky, Zebda, en plus de débouler avec 10 nouveaux morceaux dans sa valise, prend son public à contre-pied.
Lorsque les toulousains sont revenus en 2012 avec « Second tour », l’enthousiasme des fans et de tous les amateurs du groupe était déjà plus que palpable. Car après plus de 8 ans d’absence, il y avait un vide musical incontestable dans l’hexagone, comme s’il manquait une pierre à l’édifice des groupes engagés français, même si le son de la bande à Amokrane et Cherfi continuait de résonner dans les chaumières. Et même si Zebda nous avait proposé 12 nouveaux tracks de haute volée bien trempés afin de marquer son retour, on ne put s’empêcher de penser que Zebda, en 2012, continuait à faire du « Zebda ». Un cinquième album sans véritable prise de risque musicale avec des textes certes toujours aussi bons et de nouvelles compos assassines ou alors bien festives (Le théorème du châle, Un je ne sais quoi, Les mains dans les poches, Les proverbes…).
En 2014, avec une côte de popularité toujours aussi impressionnante, Zebda a franchi un nouveau cap. Pour réaliser « Comme des Cherokees », ils ont décidé de s’entourer de Yarol Poupaud, guitariste d’un groupe que l’on ne présente plus, la F.F.F (Fédération Française de Funk), qui a signé son retour cette année. Une collaboration qui ne laisse rien au hasard… et qui scelle le sceau de ce nouvel opus.
Comme une balle tirée en plein coeur, Zebda n’aura besoin que de 10 petits titres pour faire mouche ! Après avoir dévoilé au printemps son « mia » made in Toulouse avec Les petits pas, terriblement funky, Zebda récidive ! En gardant comme fil directeur ses idées militantes et revendicatives, Zebda sort une carte de sa botte : un rock festif endiablé teinté d’influences funk prêt à envahir les dance-floor ! Et autant écarter tout faux-semblant d’un revers de manche : n’allez pas croire que Zebda a privilégié les synthés à tout va pour en faire un album qui se révèle uniquement en live… car même dans son lecteur et le casque bien vissé sur la tête, le travail de production est tout à fait soigné. Des mélodies aux rythmes, du tempo aux refrains entêtants, Zebda réalise un véritable tour de force.
Car des hits, il s’en dégage avec une facilité déconcertante : Les petits pas, bien évidemment, qui tend la main à une franche rigolade sur scène, chorégraphie à l’appui, laissant la place à un groove implacable, de chaudes soirées et une ligne de basse terrible. Par son clip ‘eighties’ et la portée de ce morceau, Zebda s’offre le luxe d’un second hit intergénérationnel, près de 15 ans après Tomber la chemise ! Les morfales, aussi, aux riffs énervés bien rock sous ses airs de brigand, qui botte d’un coup de pied les stéréotypes de tous ceux qui ne peuvent pas se passer de pain à chaque repas (et leurs penchants trop patriotiques !). Avec un refrain à hurler à tue-tête (« si ya pas de pain, on mange pas ! ») et une folie présagée, Zebda ne fait pas les choses à moitié. Enfin, L’accent tué, met lui aussi la barre très haut : embarqué par les notes de l’orgue vintage qui donne envie de jumper, Zebda pointe du doigt « ô mon païs, ô Toulouse ! » (en occitan) l’uniformisation du langage, fervent défenseur des patois locaux qui reculent inexorablement (« oh ma ville où as-tu ton accent ? (…) est ce qu’il a donné son blues aux gens de l’académie ? »).
Et de la poésie à la dénonce, il n’y a toujours qu’un tout petit pas pour Zebda : entre un coup de gueule aux saveurs de l’Afrique dompté par les soubresauts de l’accordéon pour dénoncer les marchands de sommeils parisiens (Fatou), les toulousains viennent de signer le digne successeur du Théorême du Châle avec Les Chibanis, un track qui laisse un goût de viennoiserie orientale, émouvant hommage aux Anciens (« ils vivent quand tout est fini et meurent sans cérémonie… ce sont les vieux, nos anciens, ce sont les vieux réunis… ce qui nous laisse démunie, le soir quand on se réunit, c’est que l’on a oublié la compagnie des Chibanis »).
Car même si la hargne n’est plus refoulée sur certains passages agités (Essai, seul morceau un cran en dessous de l’album), Zebda a une méchante gouache des beaux jours : même « si l’ascenseur de la vie est en panne » sur Appel d’air, on finit par suivre le groupe les yeux fermés en se laissant guider par les embardées funkies de L’envie et ses cuivres en attaquant les charters alors que le groupe ouvre les portes de son enfance apache sur Le panneau. Oui, avec de telles envolées lyriques et de sonorités funk, on ne peut que foncer, A suivre, sans vouloir s’arrêter !
Du début à la fin, « Comme des Cherokees » respire la bonne humeur à travers un son renouvelé, frais et agité ! Emporté dans cette vague « funky », Zebda s’est éclaté sur cet album. Cela se voit sur les clips, cela s’entend sur l’album. Le montage vidéo réalisé sur L’accent tué, en deux versions, toulousaine et parisienne, n’est qu’un symbole de cette patate incroyable ! Le pire, c’est qu’ils arrivent à faire danser sur des sujets sensibles et dénoncés, maniant la plume avec toujours autant de facilité. Un album un peu court certes, 33 minutes, mais un tournant musical amorcé qui s’est déroulé sans même avoir cillé !
Clip « Les petits pas »
FICHE TECHNIQUE
Tracklist
1. L’envie
2. A suivre
3. Les petits pas
4. L’accent tué
5. Le panneau
6. Appel d’air
7. Essai
8. Fatou
9. Les Chibanis
10. Les morfales
Album : Comme des cherokees
Durée : 33 minutes
Discographie : 6ème
Maison de disque : Barclay