Temps de lecture : 3’30
Après un dernier passage électrique lors du TINALS Festival 2019 à Nîmes, The Inspector Cluzo revenait dans le vaisseau Paloma en ce début de mois de février avec du nouveau sous la pédale : une tournée en mode « unplugged » et un line up tout beau tout neuf pour assoir son « suicide commercial ».
A force de l’avoir répété tout le long du concert, il est bien difficile de ne pas repenser à ce fameux concept de « suicide commercial » martelé par le chanteur/batteur Laurent Lacrouts. A vrai dire, de nombreux groupes aimant faire suer leur public à coups de riffs bien placés se laissent souvent tenter, au cours de leur carrière, par cette parenthèse acoustique. Si elle peut déplaire à certains puristes, elle a au moins la chance de permettre aux fans qui les suivent -mais aussi aux nouveaux arrivants- de découvrir une autre facette musicale du duo. Et celle-ci n’enlève en rien aux valeurs du groupe et aux idées véhiculées. En choisissant d’aller voir une tournée « unplugged », le spectateur sait à quoi s’attendre : moins de pogos certes mais plus de mélo !
En ce samedi 8 février, la Grande Salle de Paloma a déplié ses ailes puisque la configuration 100% assise est de sortie. Si toutes les places n’ont pas trouvé preneur, l’enceinte est très bien remplie. D’ailleurs, il ne fallait pas arriver en retard : dès 20h30, les lumières s’éteignent et le show commence. Pas de première partie à l’horizon.
Rapidement, les pièces du puzzle musical s’animent : The Inspector Cluzo est accompagné de trois musiciens supplémentaires pour cette tournée unplugged. Originaires de Nashville, ils apportent un renfort au piano ainsi qu’au violon et au violoncelle. Cette nouvelle configuration est des plus cohérentes au regard de « Brothers in deal, we the people of the soil » sorti le mois dernier pour matérialiser cette aventure acoustique. Et comme on pouvait s’y attendre, The Inspector Cluzo a tombé le masque de l’agitation pour dévoiler des traits plus doux en harmonie totale avec ce qui les anime : le partage.
D’abord, il a fallu un petit temps d’adaptation afin de profiter pleinement de ce que The Inspector Cluzo avait à nous offrir. En débutant le concert par quatre titres de « Brothers in deal », donc quatre titres déjà dégustés -à la maison- en acoustique, leur musique a eu du mal à prendre aux tripes. A man outstanding in his field est fidèle à lui même, la symbolique de Cultural misunderstanding a du mal à rayonner comme elle devrait. Bref, il manque ce petit truc en plus pour nous embarquer sans résistance.
Puis le déclic opère. Première vraie prise de parole pour introduire The run, les mots raisonnent dans la Grande Salle et le public adhère. L’hommage aux anciens amène l’auditoire à travers près de 65 états et les rencontres fleurissent. Ici, le communautarisme ne fait pas bon ménage, la marchandisation non plus, et c’est le respect de la terre qui retrouve son piédestal. A présent bien installé dans l’excellent opus « Rockfarmers », The Inspector Cluzo fait basculer Paloma : d’abord sur Lost in traditions puis sur Fishermen, il n’y a plus aucun sceptique dans la salle… Initialement longue, la compo a beau délaisser la guitare électrique que l’on finirait presque par l’oublier ! Dans un périple musical qui frôlera le quart d’heure, le rock joue au yoyo pendant que les vocalises s’en donnent à cœur joie. Tantôt au calme tantôt dans la tempête, l’ambiance a changé, c’est certain, même si celle-ci mue dans du velours. Entre le cheese time d’Eric, au piano, le show de Mathieu Jourdain, sur sa batterie, et le love moment improvisé avec Déborah, dans le public, The Inspector Cluzo a des surprises en réserve !
Après une distribution de rillettes ‘made in pays gascon’ (by The Inspector Cluzo), le concert a pu aisément vivre au gré des séquences finement sélectionnées par le groupe dans « We the people of soil » (2018) : on n’a pu qu’apprécier le blues poisseux de The globalisation blues, très Amérique de l’Ouest, armé d’un dobro dans un bleu saillant. The best, poignant à souhait, a rendu la pareille au retentissant We the people of soil, très court, mais qui s’exprime dans un orange terreux.
Bien au chaud dans un cocon acquis à sa cause, The Inspector Cluzo en a même profité pour se tailler un bout de gras sur Hey, hey, my my (de Neil Young), avec une reprise des plus léchées. Glissant doucement vers la fin du concert, Brothers in ideals a permis d’éclairer notre lanterne sur la réalisation de cet album, en 4 jours chrono, juste avant leur passage… au TINALS ! Avec une bonne dose d’humour, The Inspector Cluzo a refusé le deal (No deal at the crossroads) en faisant un clin d’œil à Robert Johnson.
Après un court aparté, le quintet revient avec Little girl & the whistlin train. Un peu de folk au milieu du blues, un peu de rock dans les bas fonds. Libres comme jamais, The Inspector Cluzo trace sa route. Pas avec le diable mais en mode acoustic farmers. Adishatz !