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Originaire de Colombie, et plus précisément de la côte caraïbéenne, le trio Ghetto Kumbé venait jouer pour la première fois à Marseille (13). Une occasion en or pour les rencontrer et partir à la découverte de leur musique.
Le trio Ghetto Kumbé est composé de trois membres : Edgardo “Guajiro” Garcés, Andrés “DocKey” Mercado et Juan Carlos “Chongo” Puello. A la fois musiciens virtuoses et sorciers, ils invitent le public à participer à une véritable transe au son des tambours et des boucles électroniques. Plutôt rares sur les scènes françaises (une seule date en 2021), nous avons eu la chance de pouvoir les interviewer à Marseille lors de leur venue à la Fiesta des Suds.
Nous sommes très heureux de vous voir sur Marseille, une première fois pour vous dans le Sud. Comment s’est construit le projet Ghetto Kumbé ? Est-il parti des musiques traditionnelles ? ou de la musique électronique ?
C’est la musique traditionnelle qui est à la base du projet. Depuis le plus jeune âge Chongo a été influencé et formé par des musiciens importants du nord de la Colombie comme Toto La Momposina, Petrona martinez ou Martina Camargo. Toutes représentent la tradition orale des femmes cantaores de la Colombie du nord. Petit à petit, nous nous sommes intéressés au pattern et au rythme de ces musiques qui pouvaient se rapprocher de la musique électronique. Nous avons alors commencé à expérimenter tout en cherchant à établir une conversation naturelle entre ces deux mondes.
Est-ce que cela signifie que la musique traditionnelle est encore très vivante en Colombie ?
A l’international c’est un mouvement qui s’avère être assez récent alors que c’est toujours très vivant en Colombie.
Qu’en est-il de votre musique en Colombie ? le succès est-il aussi important qu’en Europe ?
En fait, le mouvement électro est assez présent en Colombie, surtout dans les grandes villes comme Bogotá, Medellin ou Cali. C’est juste un peu plus underground que dans d’autres pays. Aujourd’hui la technologie permet de jouer de manière plus autonome et de diffuser sa musique de manière plus simple. C’est ce qui a permis de développer ce mouvement dans le pays.
Votre univers est très coloré, très tropical et vous êtes masqués sur scène. Quelle est la signification de toute cette mise en scène ?
Oui, depuis la création de Ghetto Kumbé l’aspect traditionnel est très présent, le côté rituel également avec la présence des tambours. Ceci rappelle la signification du kumbé, le moment de libération, de fête, le rituel du lâcher prise. C’est parti de là. Au début c’était très improvisé, en lien avec le mouvement des tambours. Nous habitions dans une très grande ville, Bogotá, et souhaitions y ramener les traditions de la côte caribéenne dont nous sommes originaires.
Nous sommes connectés à la jungle (soy selva est le nom de leur deuxième album) et avons créé trois personnages : le tigre, le jaguar et la panthère. Ce sont les trois personnages qui sont sur scène et qui, au travers de la danse, parlent de ce qui nous touche (douleurs et difficultés de la vie). Tout notre projet reste connecté au rituel. La danse et le lâcher prise permettent de faire sortir tout ce qui nous fait mal dans notre âme profonde. C’est ce qui a été amené au travers du rituel que nous partageons avec le public.
Quelle est la part d’improvisation sur scène ? Le set évolue-t-il en fonction des réactions du public ?
La plupart des structures sont écrites mais restent ouvertes pour pouvoir réagir en fonction de l’ambiance ou de l’énergie qui se dégage de manière à rester connectés avec ce qu’il se passe. Le centre du projet est le tambour et cet instrument permet une certaine part d’improvisation. Le tambour est donc là à la fois pour l’aspect rituel du projet mais surtout pour accompagner cette nécessité de lâcher prise.
Merci à Laura Morales pour la traduction et à Olivier Rey pour la mise en relation.