Un peu moins de 2 ans après la sortie de Volume 1, le groupe montpelliérain revient avec son successeur baptisé Volume 2. Un maxi de 5 titres qui vient surtout amorcer un nouveau virage dans la jeune histoire du Comptoir des Fous. Une envie certaine de proposer quelque chose de nouveau au public languedocien, une volonté de se construire un véritable univers, les défis ne manquent pas. Et même au-delà de la musique.
Pour vous présenter la taverne du Comptoir des Fous, rien de mieux que de vous reconstituer la rencontre effectuée avec les membres du groupe pour être dans le vif du sujet. Le rendez-vous avait été pris du côté de Saint Jean du Pin dans le Gard (tout proche d’Alès) dans le cadre de la 22e édition du Festival Rythmes en Cévennes. L’occasion de croiser le groupe et de pouvoir débattre sur ce court, mais intense, Volume 2.
Le Comptoir des Fous, c’est avant tout un groupe qui s’est collé une étiquette : celle du swing’n’roll. Aucunement réductrice, c’est Boris Combes, meneur du groupe et ex-chanteur de La Bronca, qui s’empresse d’éclaircir le terme. « Le swing’n’roll, c’est un mélange de swing, c’est à dire de jazz de la Nouvelle Orléans, et de rock’n’roll ». Tout simplement. Mais efficace. Une influence qui ne tarde pas à se faire entendre, le panel instrumental est aussi varié que coloré : piano, saxo, contrebasse, batterie, trompette, trombone et banjo. De quoi sévir sur cinq compositions et de voir si le changement espéré par Le Comptoir opère.
Car il s’y affère : « Si le groupe s’est formé en 2007 juste après la fin de La Bronca, à la base Le Comptoir était un quartette. En 2011, c’est désormais un septette entouré d’une équipe technique, d’une chargé de communication et d’une intégration dans le catalogue de Steam Prod (100 Grammes de Têtes, Stevo’s Teen, Mauresca Fracas Dub, etc) ». Le Comptoir cherche à grandir et s’en donne les moyens.
Toutefois, si le Volume 2 est un peu plus court que le Volume 1, Boris donne son point de vue : « Pourquoi 5 titres ? On a pourtant enregistré 10 titres, donc assez pour faire un album. Mais le manque d’argent et de temps pour aller enregistrer en studio a pris le pas. Puis surtout il ne faut pas oublier que les gens achètent de moins en moins de cds ! En proposant des maxis vendus 7€, on ne fait que constater que ça marche bien. Pour essayer de rester accrochés aux cd’s, on propose ce concept là. Les gens ont leur cd avec le livret et les paroles tout en sortant du format mp3 ».
D’un point de vue musical, l’auditeur n’est pas en reste : si le groupe reconnait « s’être cherché » sur le Volume 1, Boris met surtout en avant le fait que les derniers arrivants ont chacun apporté un élément nouveau au groupe. Il évident que dès la première écoute la remarque prend forme. Même si « Louise », track qui lance l’album, est tout droit tiré des précédentes expériences musicales travaillées dans La Bronca, l’intensité reste le maître mot de l’histoire. Rythme entrainant et plus que dansant, « Louise » est le morceau qui tend le plus vers le genre ‘rock’ qui se dissipe peu à peu par la suite. Début battant au banjo, tempo percutant et l’esprit fanfare n’étant jamais loin, les « Allez Louise, ici on est vivant ! Allez Louise chante maintenant ! Danse, danse, Louise Danse ! » sonne la charge.
« Johnny » dessine plus sérieusement le nouveau visage du groupe : le côté jazzy prend le pas sur ce que l’on avait pu entendre précédemment. Tout en légèreté, Boris vous chante l’histoire d’un malfrat sur des sonorités jazz New Orléans en n’omettant pas le banjo qui donne une touche personnelle aux compos. Saxo et trombone vrombissant, une batterie présente astucieusement sans être trop présente, l’évolution musicale du morceau a de quoi être soulevée : Le Comptoir ne se contente pas de garder le même rythme sur un track, « Johnny » est l’exemple parfait de l’alchimie entre la folie et l’originalité. D’autant plus que les paroles rappellent l’époque où La Ruda n’avait pas rayé son ‘Salska’ et qu’elle chantait ses histoires de bandits sur L’art de la Joie. « Ma femme est une sorcière » ne fait que prolonger ces nouvelles déviances musicales, Le Comptoir commence à se forger une identité, c’est indéniable.
D’ailleurs sur « Ombres et Délires », les brigands sont de nouveau de sortie. C’est probablement le morceau le plus novateur du Comptoir : Boris endosse son costume noir, un mélange blues/jazz qui pourrait être assimilé à des Blues Brothers transformés. En tous cas, ces thématiques ont toujours été prisées par les groupes de rock’n’roll : « Nous sommes dans une mouvance où le rock a de nouveau envie de raconter ces histoires-là. C’est revenu au goût du jour, on veut retrouver du polar dans la chanson actuelle. Les braqueurs de banques, les westerns, ça fait toujours rêver ! ».
Si les thèmes abordés sont accrocheurs, Le Comptoir a surtout cherché à mettre en situation des personnages : « On a créé des personnages qui sont dans une taverne. On a créé un univers autour d’une taverne sur le Volume 2. Car à la base on voulait sortir le cd accompagné d’une BD. On voulait partir dans un délire à la Tim Burton avec plusieurs personnages où les histoires se croisent à travers les 10 titres. Il y a déjà trois personnages de dévoilés : « Lulu » (Volume 1), « Johnny », le brigand, et « Louise » qui se retrouve au beau milieu de la taverne. Ces différentes choses seront également dans la future BD ».
De l’ambition, des projets, Le Comptoir des Fous en a plein la tête… Le Volume 3 pointe déjà le bout de son nez, la sortie est prévue entre l’hiver 2011 et le printemps 2012. D’ici là on ne se lassera pas d’écouter et de ré-écouter ce deuxième maxi qui, malgré sa courte durée, a montré de manière convaincante ce que pouvait donner la nouvelle formation. Bourré d’énergie, leur son n’a pas perdu de sa fraîcheur.
« Refaisons jaillir le feu des volcans en brûlant les idées reçues comme quoi on serait tous des feignants.
Dansons ensemble sur les musiques du monde venues d’ailleurs et reprenons en chantant :
Pourquoi s’emmerder ! » (paroles « Pourquoi s’emmerder ! » Le Comptoir des Fous -2011-)
C’est dit.
FICHE TECHNIQUE
Tracklist
1) Louise
2) Johnny
3) Ma femme est une sorcière
4) Ombres et Délires
5) Pourquoi s’emmerder
Durée : 18 min
Album : 2e maxi
Sortie : 4 mai 2011
Genres : Rock / Jazz / Chanson française