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A quelques heures de battre la chamade sur les planches de la Meuh Folle pour leur toute première date de « Chant libre », le Collectif 13 est en chaud bouillant ! En 10 minutes chrono, juste avant de partir se reposer avant le show qui les attend à minuit, Guizmo (Tryo) et Gérôme (Le Pied de la Pompe) ont accepté de répondre à nos questions. Et on les remercie !
Ce soir, c’est la première date de la nouvelle tournée. Comment on prépare une date comme celle-là ?
Guizmo : C’est un grand classique, comme beaucoup de groupes ! Mais on a fait des premières sessions de mise en place des machines, des samples, ces choses-là… Après, c’était répète des musiciens où il y a eu une semaine de répètes avec tout le monde et, ensuite, 4 jours à Saint-Malo pour répéter tous ensemble le spectacle avec quelqu’un qui est venu nous filer un coup de main pour la mise en scène.
Gérôme : C’est un rituel un peu. Il faut savoir qui vient sur scène, quel matos on va amener, ensuite on va répéter ensemble, d’abord les chanteurs puis après le son et la lumière.
En un peu plus d’une semaine de résidence, c’est plié ?
Guizmo : En fait, on est plutôt sur 3 semaines. Mais en amont, il y a eu plein de choses ! Surtout pour les aspects techniques, savoir comment on va bosser.
Par rapport à l’album, comment vous avez pu procéder ? Car vous intervenez, chacun, au sein de vos différents principaux projets. Et vous êtes plus de 13 maintenant !
Gérôme : Alors là, on a beaucoup bossé par internet. Il y a des premières rencontres, notamment avec Gari, pour écrire les chansons. Mais avec internet, on s’est envoyé plein de choses, on a eu beaucoup d’idées. Là où on a de la chance, dans le Collectif, c’est d’avoir beaucoup de personnes qui peuvent enregistrer directement chez eux. Donc la proposition est encore plus facile ! Donc l’album s’est construit petit à petit. Après, on a quand même fait différentes sessions où tout le monde se rencontre pour tout mettre en place.
Guizmo : C’est Gérôme qui a réalisé l’album, enregistrement et mix.
Gérôme : On a tout fait chez nous !
Il y a effectivement quelques changements par rapport au premier album « 13 » ? Je ne compte pas le live, « Un soir au thy’roir »…
Gérôme : cet album, c’est Le Pied de la Pompe !
Arf, oui… Mais il y avait déjà Alee et Guizmo, notamment, en invités.
Guizmo : C’est un peu comme ça qu’est né le Collectif ! En 2012, je suis venu les rejoindre avec Alee. Il y avait aussi Zeitoun (de La Rue Kétanou). On s’était fait une salve de quelques dates, une mini-tournée, ensemble.
Gérôme : C’était en mode « Le Pied de la Pompe & invités », mais c’est vrai qu’on n’avait pas de nom à l’époque. C’était bien trouvé finalement car on disait souvent « on y pense, on y pense ! » !
Guizmo : Le Collectif on y pense !
C’était l’embryon du truc on pourrait dire ?
Guizmo : Exactement ! C’est le bon mot, « embryon ».
On revient un instant sur l’album « Chant libre ». D’abord, j’ai senti une patte différente par rapport à l’album précédent, peut-être plus celle de Gari, mais attention ce n’est qu’un avis (donc très subjectif). Comment pourriez-vous me l’expliquer ? Et, ensuite, vous êtes nombreux à chanter, comment vous vous répartissez ça entre vous ?
Gérôme : D’ailleurs, je chante beaucoup moins sur celui-ci ! Mais c’est vrai que sur le premier, on se connaissait moins… On ne faisait pas souvent la route ensemble par exemple. Une fois que tu as fait un premier album puis une première tournée, tu connais bien tout le monde, et c’est plus facile pour faire un second disque. Sur le premier album, aussi surprenant que cela puisse paraitre, on se connaissait très très peu ! C’était vraiment le démarrage. C’est un disque qui a permis de mettre le pied à l’étrier de tout le monde.
Guizmo : Ouais et on était beaucoup plus centrés sur des leads ! Sur ce second disque, il y a eu un énorme travail de co-écriture. Gari s’est beaucoup impliqué sur ce disque, moi aussi d’ailleurs, et même l’arrivée de Syrano qui n’était pas là sur le premier, sans oublier Alee, ça a joué ! Mourad Musset, toujours dans plein de projet, qui arrive de La Rue Kétanou, il est venu soupoudrer les albums du Collectif.
Gérôme : On a eu un gros travail avec Guiz et Gari, tous les trois, sur la direction, les premières chansons, comment ça allait se passer, les refrains…
Guizmo : On voulait donner une direction, mais une direction solaire ! On va partir sur des festivals, on va essayer de ramener du soleil, de la joie, de se faire plaisir… Naturellement, c’est beaucoup aussi centré sur nous, même s’il y a un appel au collectif, à la rencontre, aux valeurs véhiculées. Au plaisir de se retrouver surtout !
C’est vraiment ça qui anime le collectif ?
Guizmo : Oui ! C’est important de se retrouver pour confronter nos différences aussi et notre amitié. On reste une tribu de gens qui s’apprécient et qui se respectent ! C’est important aussi d’aller se confronter artistiquement à tout ce que fait chacun. Le plaisir d’aller mélanger nos écritures, de doser nos voix différemment. On a abordé l’album plus professionnellement, plus comme un groupe, même si, comme l’a dit Gérôme tout à l’heure, l’informatique a joué beaucoup de Marseille, de Paris, d’Orléans, de Bretagne, on a pu se refiler les fichiers ensemble.
Gérôme : Il y a eu aussi les envies des individus…
Guizmo : En effet. Il y a la confrontation d’esprits critiques… Pour certains, on connaissait très bien alors que pour d’autres, moins. On s’était déjà vu ou croisé, mais tu n’oses pas pour autant rentrer dans une critique frontale du style « ce que tu viens d’écrire, ça me saoule ! » ou « franchement, tu peux faire mieux, je te connais ! ». Alors que là, il n’y a pas de pitié ! (rires). Ou même, tu vois les autres qui écrivent et tu te dis « oula, il a monté la barre, il faut que je reprenne mon cahier, j’y retourne ! » (rires). On a donc essayé de se niveler vers le haut tout en acceptant les tempéraments de chacun car le collectif, c’est aussi beaucoup d’individualités. On joue pas mal là-dessus sur scène.
Gérome : Les styles d’écriture varient mais on aime aussi jouer sur les débits, dans les voix. Si quelqu’un va vite, on ne va chercher à faire un truc qui assassine sans arrêt. On va se dire « bon, vous êtes au taquet, je vais chercher à mettre un peu d’air ici !« .
Tout ce que vous dites-là, on le retrouve bien dans « Chant libre », il est très musicalement varié cet album !
Guizmo : C’est à l’image de nos individualités. Mais il y a aussi un pont commun entre tout ça : il y a cet idée de modernisme dans nos chansons. Elles sont un peu dans la machine, qui ne sont pas complètement dans l’acoustique et on se retrouve dans des sons, comment dire, plus contemporains.
Gérôme : Tu le vois dans nos influences. Regarde, il y a des rockeurs, des métalleux, des keupons, des rappeurs, des Djs… on est tous différents ! Dans le bus, c’est vraiment drôle : certains vont dire « oh c’est trop cool ce son ! » alors que d’autres vont dire « c’est quoi cette merde ! » (rires).
D’ailleurs, et nous terminerons là-dessus car l’heure tourne, on sent qu’il y a une très grosse complicité entre vous et, dans « Chant libre », il y a beaucoup d’auto-dérision… Par exemple, impossible de ne pas citer Collectif et tondus…
Gérôme : C’est à l’image de ce qui se passe dans le bus et dans la tournée (rires).
Guizmo : Oui et puis, comme on s’était dit au départ, on n’est pas là pour se prendre au sérieux ! On est là pour se faire plaisir, se marrer et apporter de la bonne humeur. Même s’il y a quelques titres d’ordre sociétal comme Dubaï, Réseau (sur internet), dans l’ensemble c’est léger ! Prenons le temps de vivre ensemble, de choper nos différences et d’en faire quelque chose. S’il doit y avoir un message, un socle commun à tout ça, ce serait celui-ci : on vient d’univers différents, de mondes différents, de régions différentes, peut-être même de pays pour certains, et on arrive à faire un truc ensemble. Comme quoi, quand on veut, on peut ! (rires)
Merci beaucoup les gars pour le temps accordé !
Crédits photos : Photolive 30
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