Festival les Rocktambules, Jour 2 : un sacré cimetière d’éléphants à Rousson (30) 01.06

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Les Fatals Picards

N’allez pas penser que nous affirmons que les artistes de ce second soir des Rocktambules de Rousson s’étaient donnés rendez-vous, ici, pour finir leurs paisibles jours… Que nenni ! Notons surtout le rayonnement des groupes présents dans les près de Landas en ce premier jour de Juin, leur carrière, et les nombreux chasseurs d’ivoire qui grouillaient un peu partout, bien plus nombreux que la veille. 

Que ceux qui font des festivals dans la région depuis le début du printemps se rassurent : il semblerait qu’aucun événement n’est été épargné au niveau des conditions météo. Quand ce n’est pas la pluie ou le froid, c’est notre meilleur ami (ou ennemi) sudiste qui s’invite durant ces deux belles soirées rock’n’roll : le vent. Par rafales à près de 70 km/h, l’épisode s’est vite transformé en casse-tête pour les organisateurs : la scène entièrement débâchée sur ses trois côtés initialement fermés, nous, festivaliers, pourrons toutefois souligner que le cadre rendait, par conséquent, super bien. En pleine nature et les collines en fond avec le coucher du soleil, peu de festivals peuvent se vanter d’avoir un tel paysage.

La tradition a en tous cas été respectée : comme à chaque début d’édition le samedi soir, c’est le vainqueur du tremplin de l’année précédente qui ouvre les festivités, sur la grande scène. En 2013, c’est le groupe nîmois Du Bruit Dans Les Caves qui s’est chargé de déverser son rock énervé aux quatre coins des près de Landas. Simple et efficace, c’est Didier Wampas qui allait reprendre le flambeau.

Didier Wampas a de beaux restes

Didier Wampas

Le problème avec les cimetières des éléphants, c’est que les interprétations sur ses origines sont confuses. Initialement considéré comme le lieu où les éléphants d’Afrique se rendent d’eux-mêmes pour mourir, les zoologues ont plutôt préféré encourager l’idée que les éléphants vieillissants ont un état physique et des besoins alimentaires spécifiques, ce qui va les pousser à se rendre dans des lieux adaptés. Didier Wampas a tous compris ! Il a recherché tout au long du concert des points d’eau ou des marécages, accompagné du restant de sa troupe, Bikini Machine. La machine, elle, est bien rodée, elle n’a pas pris une ride. La configuration punk/rock est davantage plus proche du style des Wampas que les débuts du projet solo de Didier Wampas en 2011. Même Viré de Skyrock, Didier Wampas s’est payé un concert à la fois dérangé et habité. Il a commencé par ses nouvelles compos plutôt mielleuses, mais très second degré façon sixties (En Tchéquie Avec Toi, Toujours, Si Tu Me Quittais des Yeux, etc). Les Ouhouh en fil directeur, véritable voyage dans le temps plongé en pleine musique flower power, Didier Wampas nous réalise-là un saut psyché des plus déluré.

Entre humour et esprit punk, la véritable face de Didier Wampas n’a guère mis de temps à resurgir : les guitares rugissantes, les brûlots punk ont rapidement enchaîné. En ressortant des tiroirs leur fameux Petit PD (des Wampas), Didier a pioché quelques pépites de son répertoire collectif. Agrémenté d’un clavier psyché, on se surprend à rentrer dans le garage belge de La Ville S’appelait Rodolphe, quasi-atmosphérique, ou dans le démoniaque Tant Qu’il Y a Du Bruit (y’a de l’espoir). Incapable de tenir en place et monté sur piles alcalines, Didier Wampas a assuré le show ! Debout sur les caissons, accroché à la régie lumière, plusieurs chansons interprétées dans le public… impossible de citer toutes ses incursions. Avec des musiciens habitués au côté imprévisible de son leader, il a fallu assurer derrière lorsque ce dernier est parti errer en plein concert à travers la foule… et en chantant, à vide, la fin de sa compo sur la deuxième scène des Rocktambules, à l’opposé, devant les yeux ébahis des jeunes de Miximetry qui s’installaient ! En délire permanent (Le Disco ça Pue) et toujours aussi proche de son public, Didier Wampas est un sacré monsieur. Il fête en tous cas ses 30 ans de carrière en 2013. Fou !

Raoul Petite sans défense 

Raoul Petite

Le passage de Raoul Petite, groupe fondé en 1979 (!), aux Rocktambules a pris tout le monde de court. On ne s’attendait pas de si tôt à retrouver ce pilier du rock sur les planches de Rousson. Lui qui a créé un style complètement loufoque à coup de rock, ska, reggae, punk n’était pas là pour faire dans la dentelle. Plume rose, siège royal, costumes à gogo sur chaque morceau, champagne, lancé de tartes à la crème, on ne savait plus où donner de la tête. Fidèle à son registre et sans faire de concession, tous en ont pris pour leur grade. Des rastas sur Fouidom ou aux hommes en cuirs latex (Are You Ready), on reste Muet (en fanfare s’il vous plait) devant les déferlantes punk de Hell Dog. Tout est passé à la moulinette provoc’ de Raoul Petite… comme Dans Ton Kulte.

De façon générale, les non-initiés de Raoul Petite se seront probablement demandés où ils étaient bien tombés ? Avec un show très décalé n’hésitant pas à descendre en dessous de la ceinture, la mise en scène a pourtant presque pris le pas sur la musique. Difficile de trouver un point d’ancrage musical au sein du groupe tant le public est balancé à tout va par les changements de répertoires incessants, on gardera donc un avis assez mitigé de sa performance. Enfin, quelques flops dans sa setlist sont à relever, pour l’essentiel des nouveaux morceaux : Fouffe Power, ridicule à souhait, devait provoquer cet effet… mais n’est-ce pas un peu trop Raoul ?!

Les Fatals Picards se trompent d’éléphant !

Les Fatals Picards

Remis de nos émotions, nous nous rendons vite compte que les Fatals Picards, malgré leur passage récurrent dans notre région, sont la véritable attraction de la soirée. Pour nous, leur dernier passage aux Rocktambules en 2011 était un poil en dessous de nos espérances : un set trop rock pour des vannes moins présentes, on aurait dit que les Fatals Picards voulaient rentrer dans le rang… Curieux de cette nouvelle tournée qui va nous permettre de découvrir les morceaux du nouvel album à venir et de son maxi, les Fatals Picards ont donc revu leur spectacle et leur setlist.

Toutes les époques se mêlent, les blagues aussi, le choix des morceaux est plus réfléchi. C’est l’Histoire d’une Meuf ouvre le bal avec cette fameuse parodie des Enfoirés. Pas le temps de gamberger que les hits des Picards déboulent : Dors mon Fils (de « Picardia Independenzia ») et le tant attendu Djembé Man qui fait toujours autant marrer (« tu joues fort… et mal ! »). De l’hilarant Retour à la Terre (« elle est pas belle la vie pour le dernier des hippie… ») qui conserve son côté festif à l’affront maîtrisé et amical envers Bernard Lavilliers, chaque interprétation des Fatals Picards se transforme en véritable boule d’énergie.

Des séquences acoustiques telles que Mon Père Etait Tellement de Gauche ou l’assaillant Jour de la Mort de Johnny (chut, ils nous font confiance pour ne pas le répéter !) aux parades de la bonne époque de « Pamplemousse Mécanique » (2007) (Moi Je Vis Chez Amélie, La Sécurité de l’Emploi), les Fatals Picards n’ont pas eu de mal à raconter leurs déboires où Paul, le chanteur, était Seul et Célibataire pour la deuxième fois ; ou Le Combat Ordinaire qu’il continue de mener.

Paul, ce punk refoulé, ne laissa pas son auditoire en rade : de ses petits amis les 30 Millions de Punk (Punkachien) aux nouveaux morceaux rentre-dedans (Touriste à Fukushima, Robert… et l’énervé Pogo d’Amour), la recette a fonctionné. Provoquant un bordel généralisé qui dépassa le rappel, les deux derniers tracks rallumèrent la mèche : de L’Amour à la Française au triple hommage envers les papas du rock sur Noir(s), les Fatals Picards sont plus énervés que jamais !

Raspigaous n’est pas fossilisé ! 

Raspigaous

Après plus d’une demie douzaine d’années d’absence, on pensait que Raspigaous resterait fossilisé pendant encore un p’tit bout de temps. Pourtant quelle heureuse nouvelle au début de l’année lorsque nous avons appris que le reggae marseillais allait sévir à nouveau ! D’abord à l’affiche d’une grande soirée reggae pour la bonne cause au Dock des Suds de Marseille le 8 février dernier, les Raspi ont fini par lâcher le morceau : au compte goutte, des dates sont venues fleurir quelques salles de la Méditerranée, avant de craquer complètement. Un nouveau maxi, « Haut et Fort » débarque dans les bacs à la fin du mois… avant que leur quatrième album soit annoncé pour la rentrée prochaine.

Le concert a débuté d’ailleurs sur leur tout premier extrait dévoilé la semaine passée, 7 Milliards et des Poussières. Un son reggae à souhait, cuivré, bien dansant et toujours percutant ! Du Raspigaous dans le texte et dans le son… comme si les années écoulées s’étaient subitement envolées ! Toujours accompagné de ses vocalises féminines, Lionel au chant s’est empressé de chanter si bien sa ville, Une Ville de Fous (Marseille), toujours Top Classe. N’oubliant pas ses racines et son statut Intermittent, les Raspigaous ont balancé leur bonne sauce aux textes très ciblés (Chars et Soldats), presque jazzy contre la consommation (Skartapuce)… ou les Insupportable de leurs portables.

A la fois colorées et aux saveurs de l’Afrique, les influences métissées de « Chiens des Quais » (2002) se mélangent sans accroc aux morceaux de la vieille époque que les fans attendaient : des consciences boulégantes contre le Front National (Vitrolles) à un réveil social (Marre de Travailler… « pour rien gagner ! »), Raspigaous a su conserver son penchant roots assumé (Zappe) et ses appels au partage (Fumo ; Roule un Pet, Collègue). Un bon vieux retour au quartier avant de se dire au revoir (Le Panier), la nuit ne pouvait pas mieux se terminer… Aïoli !

Les Rocktambules, malgré une météo toujours aussi capricieuse, peuvent se féliciter de cette seizième édition, une nouvelle fois réussie. C’était à la fois roots et furieux, bien dosé, bien calculé… Pas de réelle déception à noter, pas de groupe non plus qui nous a mis une énorme claque mais tout le monde aura trouvé son compte en fonction des goûts et des couleurs. Alors, que demander de mieux ? La fête, la bonne humeur, du rock’n’roll… on ne peut se dire qu’à l’année prochaine ! Avec un nouveau président, qui sait ? Les paris sont ouverts !

Crédits photos : Photolive30

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