Il est de ces albums qui sont à sens unique, qui dès le départ connaissent la route à suivre, et la sillonne malgré les questions qui l’encombrent. Pour son retour, Clarika a mis son cœur en avant, et c’est à travers les questionnement de ce dernier que le cd a grandit. Malgré tout, les 13 titres sont cohérents, déstabilisants en première approche, doux et mélodiques au possible. Un univers à part, à écouter.
Pour différentes raisons, et parce que mieux vaut tard que jamais, la chronique de « De quoi faire battre mon cœur », le septième album studio de Clarika, ne parait sur le Musicodrome que deux mois après sa sortie. Si l’attente fait chavirer les cœurs, elle forge aussi les oreilles, à l’image des 47 minutes de cette galette.
D’emblée on retrouve la chanteuse capable de se démultiplier, dans sa voix et dans ses conjectures, quelque part au-dessus des nues. A la première écoute de cette ouverture d’album, Je suis mille, peut paraître simpliste. Mais les a priori ne sont pas à la fête avec la chanteuse, et on se rend vite compte qu’il n’en est rien. Tout en profondeur, à travers ses innombrables facettes, Clarika est de retour, c’est clair.
La deuxième chanson déboule comme un boulet, sans qu’on s’y attende, sans même qu’on y soit prêt. Sans coup de semonce, Clarika affirme Je ne te dirais pas. Et sans qu’elle le dise, on entend tout. Si les ruptures peuvent faire pousser des fleurs, cette chanson en est incontestablement une des plus belles du jardin qui grandit sous la sombre chape qui traine quelque part au-dessus des songes de la chanteuse.
« Je ne te dirais pas l’absence / et cette moitié de moi / qui est morte et puis qui danse / autour d’un grand feu sans joie. / Je ne te dirais pas la peur / d’une vie loin de tes bras / le poignard plongé dans l’cœur / et la lame, qui s’retire pas. »
Et puis Clarika a fait les choses en bien, s’entourant de compositeurs qui tressent des mélodies aux petits soins pour panser les plaies béantes de la chanteuse. La Maison Tellier n’est jamais bien loin, que ce soit Raoul à la composition ou Helmut au chant, sur La Cible, où l’on ressent la complicité entre ces deux êtres, entre ces deux mondes, qui se rejoignent et touchent en mille. Alexis HK pose également sa voix sur les accords de guitare sur Dire qu’à cette heure. Plus douce, cette chanson légère transporte l’imaginaire encore quelque part ailleurs.
De quoi bat le cœur de la chanteuse ? De mille couleurs, parfois sombres sur les deux chansons qui se répondent On a fait et Le choix, mais toujours turbulentes de luminosité, il fait bon écouter ce disque en pleine pénombre.
Des musiques en pléiade, des titres qui racontent des histoires, des vrais, des fausses, qu’importe, en se plongeant dans l’album on les croit toute vraies, on les sait toutes vivantes !
A la lisière d’un monde impersonnel au possible, où les sentiments se monnaient, Clarika donne un coup de pied aux idées en berne. Alors oui, cet album est saupoudré, et sans parcimonie de mélancolie, d’espoir déchus et de pensées abandonnées, mais cette mélancolie et cette tristesse sont la sève qui donne de la consistance à ce CD. A en faire battre un cœur.
Fiche technique:
Tracklist :
- Je suis mille
- Je ne te dirais pas
- La cible (avec la Maison Tellier)
- Il s’en est fallu de peu
- Le lutécia
- L’inaperçue
- On a fait
- Le choix
- La vie sans toi
- Rien de nous
- Le bout du chemin
- Dire qu’à cette heure (avec Alexis HK)
- Les beaux jours
Sortie : 12 février 2016
Durée : 47 min
Discographie : 7ème
Genre : Chanson française – Folk