Que serait l’été sans l’étang de Thau et son incontournable festival qui se promène dans tout le bassin au cours du mois de juillet. Après un concert très intimiste et tout en nuances de Piers Faccini et Walid Ben Selim au jardin antique de Balaruc, nous voici de retour sur le port de Mèze.
Rouler depuis Montpellier jusqu’à Mèze nous plonge immédiatement dans cette douce ambiance de vacances et de légèreté. C’est d’autant plus vrai cette année grâce à la petite brise qui nous accueille au bord de l’eau, loin de la fournaise que nous subissons depuis des semaines au cœur du clapas. Et puis retrouver le port de Mèze signifie que l’on va également retrouver les copains de l’Huitrier pour une bonne brasucade en attendant les concerts.
Le festival de Thau est avant tout un festival engagé pour l’environnement et l’humanité qui affiche haut et fort ses valeurs. Il porte en particulier le projet des Eco-dialogues de Thau avec l’objectif de sensibiliser les publics sur le territoire. En plus de ce dispositif, de nombreuses associations sont présentes sur le site ainsi que des installations de l’artiste Dominique Doré.
Toute cette ambiance nous met dans de bonnes dispositions pour la soirée qui s’annonce muy caliente, à commencer par la troupe de Chico Trujillo, tout droit venue du Chili. La bande, très imprégnée de punk et de cumbia est loin d’être une inconnue pour les aficionados du Musicodrome. Armés de leur sourire et de leur bonne humeur, les dix musiciens présents sur scène (ça change des plateaux hip-hop des derniers festivals) envoient du lourd pendant plus d’une heure sans jamais baisser la garde. La fine pluie qui s’invite pendant le set est donc bienvenue pour refroidir les corps bouillants réchauffés par les rythmes latino-américains des chiliens. Au centre de la scène, Aldo « Macha » Asenjo et son épaisse barbe blanche, assure le show se faisant presque voler la vedette par le trio de cuivres sur sa gauche. Le public est clairement transporté par le set de Chico Trujillo qui lui rend bien. Ils n’étaient pas venus en France depuis trois ans et ont bien assuré les retrouvailles.
Nous allons ensuite passer dans une toute autre énergie avec le trip hypnotisant et primitif proposé par The Limiñanas. Dès les premiers riffs de guitares, on se dit qu’il est assez audacieux d’avoir programmé un groupe de ce calibre après Chico Trujillo. Nous sommes d’un coup très éloignés de l’esthétique de la cumbia et plongés dans un puissant voyage psychédélique dont on aura du mal à redescendre. Enveloppés par leurs cinq musiciens, Lionel et Marie nous assomment d’entrée avec un Steeplechase qui annonce la couleur. C’est rythmé, entêtant et saturé.
Nous découvrons enfin sur scène le dernier album du duo, De pelicula sur lequel la patte de Laurent Garnier est omniprésente. Le roadtrip proposé par les perpignanais prend toute sa dimension en live, déployant son énergie et sa fureur dans le public. Nous sommes envoutés par les prestations quasi possédées de Renaud Picard (qui a la lourde tache de chanter les parties de Bertrand Belin) et Eduardo Henriquez (alias Edi Pistolas). Il faut les voir parcourir la scène en état de transe pour comprendre qu’ils vivent à 200% leur concert. Renaud cassera d’ailleurs deux fois des cordes au cours du set.
Et que dire de la prestation d’Edi Pistolas sur le titre Que Calor qui enflamme l’assemblée. Une pure folie qui nous donne encore plus envie de le découvrir avec sa formation Nova Materia au festival Check-in dans quelques semaines à Guéret.
L’album précédent Shadow people n’est pas oublié avec plusieurs morceaux dont l’incontournable Dimanche ou le psychédélique Pink flamingos. Alban Barate (leader du groupe Hide) et Ivan Telefunken ne sont pas en reste, assurant le show sur leurs claviers, ukulélé ou guitares.
C’est regonflés à bloc que nous repartons ce soir du bord de l’étang, emplis de la joie d’avoir assisté à une soirée de concerts de haut vol.
Crédits photos : Olivier Scher