Direction la Capitelle, à Monistrol Sur Loire, où l’association « Free mômes » avait le plaisir d’avoir à l’affiche les Ogres de Barback. Ecumant les routes et les salles de France depuis près de 19 ans, ces derniers bougent toujours autant les foules : l’annonce « concert complet » une semaine avant l’heureuse date le prouve encore ! Alors, valent-ils toujours le coup, les Ogres ? Réponse en live !
Quand on vient voir les Ogres de Barback il arrive bien souvent qu’on soit ébloui par la première partie proposée, et là, pour ne pas déroger à la règle, le choix de programmer le groupe Odlatsa fut une totale réussite ! L’accent était clairement mis sur la musique joyeuse, sur la chanson française et poétique par les organisateurs, et avec une guitare, une contrebasse, un violon, un accordéon et une batterie, tout était réuni pour plaire au public. Vous ajoutez la qualité de musiciens bien rodés et la voix rauque du chanteur alors vous comprenez que ce groupe est très mature, et nous livre une musique qui n’a besoin de rien de plus qu’elle même pour exister.
On commence par se dire que c’est de la chanson française, du déjà vu, lorsqu’un larsen vient réveiller les endormis… Ce sera l’unique accro musical d’une prestation qui nous éblouira par la clarté et le professionnalisme des musiciens, où les textes viennent nous mettre une belle claque. De nombreuses références aux illustres anciens dans leurs morceaux (à Brel avec un passage de Ne me quitte pas, à Renaud lorsqu’ils font « pleurer leur guitare », on entend des notes de Brassens, des accents de Ferré) et une valse plus tard, rondement menée par un violon, un accordéon et une guitare, la température de la salle est montée plus qu’il n’en faut ! Ce groupe Odlatsa n’a pas peur de sortir les maracas lors d’une chanson, et ce n’est d’ailleurs pas par hasard qu’on à l’impression de voir en live les petits frères des Zoufris Maracas ! Une petite dizaine de chansons plus tard, dont la dernière affublée du nom du groupe, et l’on regretterait presque que cette première partie n’ait duré qu’une petite heure !
Il est presque 22 heures et la foule trépigne d’impatience car, oui, les Ogres sont attendus de pied ferme dans une petite salle qui se fait un honneur de les recevoir ! Alors Fred, le premier des deux frères, arrive seul sur scène et commence à « présenter » le groupe à travers une nouvelle chanson grave, affirmant « vous m’emmerdez » aux personnes aux opinions trop fixées. Les Ogres savent se renouveler et donner à chaque fois de nouvelles choses à leur public : si lors de la dernière tournée « la fabrique à chansons » ils présentaient un spectacle autant qu’un concert, c’est une représentation plus « conventionnelle » qui nous attend. Mais peut-on ainsi nommer un concert où, accompagné d’une batterie, les 4 frères et sœurs vont jouer d’un nombre d’instruments incalculable. Les musiciens s’échangent au hasard des chansons plus de 30 instruments qui jonchent la scène de Monistrol sur Loire. Ils vont nous chanter quelques chansons sorties tout droit de leur fabrique, Entre tes saints, Le daron, Comment je suis devenu voyageur ou Le roi des kongs, perfectionnées lors de la dernière tournée et plus qu’au point aujourd’hui ! Ils n’oublieront pas au passage de faire un poignant hommage à l’immense poète trop parti trop tôt, Allain Leprest.
C’est ensuite l’album « Avril et vous » qui sera mis en avant avec Jésus, Contes, vents et marées, ainsi que la belle chanson de Jean Boyer reprise à merveille : Pour me rendre à mon bureau. Ce concert sera ponctué de quelques chansons instrumentales qui auront pour but de faire danser une foule tombée amoureuse de la voie grave de Fred, et des innombrables airs endiablés de ces quatre compagnons de scène.
Les Ogres ne manqueront pas de dédier une chanson inédite pour les 10 ans de l’association « free mômes » qui organise le concert, juste après une improvisation très bien maîtrisée par Fred : « quoi, qui c’est qui dit que c’était pas de l’impro ? » ! Mais tous attendent l’heure où les Ogres feront leur petit clin d’œil aux enfants présents dans la salle et pour qui ils vont entonner quelques chansons pour l’association Pitt Ocha !
Quelques accords résonnent et la foule se met en branle, Rue De Paname résonne enfin ! C’est le public qui se mit à chanter comme un seul homme cette chanson aux allures anar’, il n’y avait alors plus que la folie, la joie et l’anarchie à Monistrol Sur Loire ! La suite du concert, après un rappel fermement souhaité par un public en liesse, va mettre en exergue les talents et la diversité de ce groupe. En mode rap, musette et chansons à succès, on fredonne Marcel de Sarcelles, ou on reprend tout en finesse la belle et forte Lily de Pierre Perret pour venir ponctuer une soirée aux allures de fête.
Mais ce que l’on retient surtout c’est que même en restant les mêmes, ils arrivent à innover, à nous surprendre toujours, en chantant l’amour sous toutes ses formes. Ils chantent l’égalité et les oubliés de ce monde, les gens de peu, les humbles. Ce qui est sûr, c’est qu’en entrant dans la salle on peut se demander comment ce groupe phare de la scène française peut créer un tel engouement à chaque concert sans aucun battage médiatique ? En sortant à minuit de la Capitelle on comprend pourquoi le public leur est si fidèle et dévoué.
Ils ont aussi rappelé à leur public que cela fera 20 ans l’année prochaine… et que ce n’est pas prêt de s’arrêter.