18ème édition le week-end dernier pour le mammouth des Rocktambules de Rousson (30). Après la douche froide de 2014 causée par la météo, les organisateurs ont joué cette année la carte de la soirée à thème avec une premier jour punk et agité, tandis que le second soir affichait des tendances irrésistiblement roots. Une recette gagnante ? Cela reste à prouver. L’affluence, pas des grands soirs, tourne autour des 3 000 festivaliers. Pourtant, musicalement, c’était franchement le pied. Retour sur ces deux soirées colorées en compagnie de Photolive30, comme d’habitude, pour les crédits photos.
Ce qu’on aime à Rousson, c’est un tout : le cadre, naturel, sur mesure avec ses talus -pour ceux qui veulent mater les concerts bien assis-, sa fosse -qui se transforme quasiment en cours central de Roland Garros quand les pogoteurs se lâchent-, et surtout son espace -où l’on se dit qu’il faudrait y faire des concerts plus souvent-. Perdus dans les collines de Landas, nous voilà donc repartis à l’assaut de ce festival bien ancré dans le paysage cévenol depuis maintenant 18 ans. Une aubaine puisque les premiers jours de l’été ont déboulé sans crier gare. Avec un beau soleil et un thermomètre qui tutoie les 30°C, toutes les conditions sont réunies pour repartir des près encore plus fringants que jamais !
Comme lors de ses précédentes sorties, les Rocktambules font la part belle aux groupes régionaux : la musique ne s’arrête jamais à Rousson. Pendant que les « têtes » défilent sur la grande scène, les locaux assurent les changements de plateau avec toujours autant d’envie et de plaisir. Cette année, on a pu notamment croiser les très hurlants Materia, les originaux de Munjak, les intenses Blind Puppets ou les mélodieux de Sexton. Au rayon des artistes que nous avions déjà croisés dans les environs, on ne pourra que se répéter : Guimbal, homme orchestre au didgeridoo, est toujours aussi planant (même quand il évolue en duo) en mettant en musique ses nombreux voyages. Même son de cloche chez les vainqueurs du tremplin 2014 avec Dans Ta Caboch qui a pu investir, en fougue, la grande scène cette année.
Munjak
Concernant le noyau dur du vendredi soir, Brassen’s Not Dead et Les Sales Majestés, le clairon punk a pu retentir à nouveau à Landas pour le plaisir de tous. Riffs tapageurs et batteries du diable ont pu résonner pour ce grand rassemblement de petits agités. Un petit goût de ces soirées à l’ancienne que les Rocktambules proposaient davantage autrefois. Les sétois, adeptes des reprises de Brassens, n’ont pas fait de détail : Landas a pu chanter avec eux des chansons que beaucoup connaissent par coeur… Délirants et intenables, ces derniers ont même offerts un tonitruant Cayenne en hommage au regretté Papa Schultz de Parabellum.
Brassen’s Not Dead
Avec une place chauffée à point pour Les Sales Majestés et leur nouveau line-up, les craintes d’une métamorphose trop brutale se sont vites estompées. La première certitude fut donc qu’Yves, en remplacement d’Arno Futur, assure au chant. Le rythme effréné du concert a rajouté de la folie à un set déjà de haute volée. Les classiques ont été passés au peigne fin (PP haine, Camarade, Dernier combat, Les patrons, Oui j’emmerde, Sois pauvre et tais toi !, …) tandis que des nouveaux tracks issus de leur prochain album annoncé pour la fin du mois ont été glissés dans la setlist. Une franche réussite !
Les Sales Majestés
Le noyau dur du lendemain changeait complètement de registre… S’il ne restait que La mauvaise réputation en commun entre Brassen’s Not Dead et Sinsé, la véritable attraction de la soirée fut Collectif 13. Le Musicodrome, déjà charmé par ce nouveau projet dont l’album « 13 » a été chroniqué, ne pouvait pas manquer ce rendez-vous. Porté par des figures phares du paysage alternatif français (Guizmo de Tryo, Mourad et Zeitoun de La Rue Kétanou, Gari de Massilia Sound System, Gérôme, Fred et Erwann du Pied de la Pompe, le rappeur Alee, Max du Ptit Son, Dj Ordoeuvre), le collectif a fait mouche. Même si l’on savait que Gari et Zeitoun ne pouvaient répondre à l’appel, même si Mourad a finalement été remplacé au dernier moment par le talentueux Syrano, la soirée allait monter en puissance. Amené par l’incroyable Guizmo qui est décidément resté bien roots comparé à son acolyte Mali, de Tryo, il garde en lui une force incroyable ! Par ses danses, ses vannes, son engagement et son accessibilité, Guizmo entraîne sa joyeuse troupe dans cet élan frénétique. Vivants, forcément, en présentant les morceaux de leur fameux « 13 », le Collectif s’est joué des mots (La marquise, Deux poids deux mesures…), des genres (rap, rock, reggae, chanson, electro) pour en faire un immense festin ! Entre dénonce (La star du rap, Trop de sexe…) et auto-dérision (Je veux, Nouveaux gangsters…), Collectif 13 a offert un show qui a marqué par sa joie de vivre, sa simplicité et cette capacité à mettre le oai. Soupoudré de quelques classiques des projets représentés tels que Yakamonéyé et J’ai trouvé des amis de Tryo ou encore de Légendaire pour le Pied de la Pompe, le concert ne pouvait pas mieux se ponctuer avec un medley en guise de finish !
Collectif 13
Avec des planches bouillonnantes pour laisser la place à Sinsémilia, on peut dire que le collectif a assuré. Malheureusement, les problèmes techniques lors du changement de plateau vont en décider autrement. Les plus d’une heure d’attente avant que la clique ne débute en aura refroidi plus d’un. Nous ferons parti de ceux-là… et les près se sont copieusement vidés avant même que le dernier concert ne commence. Un final gâché qui résonnait avec l’affluence faiblarde de ce dernier week-end de mai.
Sinsémilia
Forcément qu’en 18 ans, on y a partagé des émotions à Rousson. Des grands moments de joie à des déceptions qui vous mettent un sacré coup sur la tête, cela tient parfois qu’à un fil. Surtout en cette période difficile pour les festivals français. Alors un seul mot d’ordre : « on lâche rien ! ». Le rendez-vous anniversaire des 20 ans est pris pour 2017. Tâchons alors de nous revoir en 2016.
Crédits photos : Photolive30