Pour le deuxième couplet de ce festival qui se joue sur le long terme, Barjac changeait de gueule, et s’offrait deux nouveaux visages, le premier sous le chapiteau en fin d’après-midi et le second dans la cour du château, qui a troqué des cieux brumeux contre un plafond étoilé.
Dès 17 heures le public avait décidé de braver en nombre la nouvelle (et dernière) salve de cet orage qui n’aura pas réussi à pourrir le premier soir ! Valérie Mischler ouvrait le chapiteau, chapiteau qui affichait déjà complet dès la fin d’après midi.
Philippe Guillard, la révélation sublime
Puis un nom nous avait interloqué à la divulgation de la programmation. Un de ces noms qui ne court pas les rues ni les jardins, mais qui arpentent des murs qui l’accueillent. Philippe Guillard se produisait sous le chapiteau encore une fois plein à craquer. Et les chanceux présents dès le début se rappelleront de ce concert. Un de ces concerts qui laisse une trace que même la guirlande des années ne peut pas effacer
Une tronche à la Gainsbourg, un talent à la Bashung, une interprétation à la Ferré, un total à la Guillard. C’est tout ce que je laisse nous fou des frissons, une ribambelle de rime en « esse » toutes aussi impressionnantes les unes que les autres. Et même quand l’artiste croque ses paroles dans le désordre, il retombe sur ses pieds, au sens propre, en sautant face au public pour présenter ses compères à la guitare et au piano/accordéon.
Si je reviens, Donnez moi d’autres vies, Le grenier de ma mémoire, les chansons se subliment d’elles même et les interprétations, enrobées d’une guitare qui sait tour à tour se mettre en retrait ou accompagner les paroles de notes subtilement distillées, brisent le silence du chapiteau.
Jamais la mort n’a autant senti la vie que sur ce set de Philippe Guillard, qui restera d’ores et déjà un des plus grands concerts de l’année, un show incomparable, une présence scénique et des tripes qui dégoulinent sur scène. On le connaissait chantant les textes de Ferré, les siens lui collent à la peau dans un éclat magnifique, une seule chose nous importe : le revoir.
Le trajet nous menant du chapiteau au château nous aura permis de constater de Barjac respire la poésie, et cela ne se cantonne pas aux seuls artistes « officiellement » programmés sur le festival, mais chaque restaurant, chaque banc a son artiste reprenant qui une chanson de Brassens, qui une magnifique adaptation de Mémère à l’orgue de barbarie, rendant une couleur encore plus spéciale à ce festival et à cette ville qui transpirent la chanson, une fois l’orage passé.
La file d’attente devant le château qui menait aux spectacles de Ben Mazué et de Chloé Lacan Trio n’avait rien à envier à celle d’hier, contrairement à ce qui aurait pu être imaginé, les fauteuils avaient, une fois encore, tous trouvé preneurs.
Ben Mazué, des interrogations et des certitudes
Le jeune chanteur se présentait devant le public exigeant du festival de Barjac, et une question trottait dans les têtes : comment l’artiste, à mi-chemin entre la chanson et le rap, le burlesque et le réel, va t’il réussir à mettre dans sa poche toutes ces têtes remplies de mots sublimes et de moyens de comparaison magnifiques.
Dès son entrée sur scène la justesse de la guitare est évident, la voix du chanteur ne nous emporte pas immédiatement dans son monde, malgré son originalité et sa qualité indéniable. Le concept de son album, qui dépeint des gens du quotidien à des âges différents, de l’enfant au mort, force le respect, même si les chansons sont assez inégales d’un âge à l’autre.
Le set, rodé par plus de 180 dates, montre tout le professionnalisme du garçon, qui oscille entre le rap et la chanson, en passant par de longs passages théâtraux dont l’humour lui permet de se mettre le public dans la poche. S’imaginant avec un Grammy Awards, ou au micro de France Info, ses histoires aèrent le spéctacle pour un tout qui s’enchaîne bien.
Public qui d’ailleurs lui pardonnera facilement ses hésitations et ses maladresses sur sa reprise des Gens qui doutent d’Anne Sylvestre, présente dans les gradins, ce qui a coupé les ailes du jeune chanteur. Ben Mazué se reprendra bien vite pourtant. Chantant l’histoire de ce môme de 25 ans, ou de la femme planant une décennie au dessus, le chanteur est dans son univers, accompagné d’un piano qui sait se faire très discret en restant omniprésent, le voilà lancé pour nous présenter tous ses rêves couchés sur « 33 ans ».
C’est sur la dernière chanson que le chanteur nous transporte le plus, où comment finir sur une note qui laisse forcément un gout chaud et agréable en bouche, quand le concert fut ponctué de quelques passages moins prenants. Un exercice difficile d’une lettre à l’au delà (en l’occurrence sa mère) précédée de la réponse de sa mère, Ben Mazué a réussi à mixer les univers dans Vivants, qui est une vraie belle chanson.
A regarder les visages et écouter les discours en fin de concert, le test est réussi pour Ben Mazué, qui finit à Barjac une tournée impressionnante, qui l’aura vu se produire dans un lieu mythique de la chanson française, devant la grande Anne Sylvestre, un moment qu’il n’oubliera sans doute pas de sitôt.
Chloé Lacan, un trio qui assure
Déjà passée par les planches de Barjac, Chloé Lacan revenait cette fois entourée de ces deux musiciens, qui représentent bien plus que ça sur scène, tant la complicité entre les trois artistes parait évidente dans ce spectacle « ménage à trois ».
Ils revenaient d’un mois de spectacles à Avignon, et le ciel étoilé de Barjac les aura sans doute guidé autrement plus que les bas plafonds de la cité des papes.
Alternant des envolées lyriques avec ses Envies de meurtres, à des passages susurrés Du bout des lèvres, le spectacle est détonnant, et étonnant : les trois artistes sur scène enchaînent les styles et les instruments, les dB et les styles musicaux.
A la pêche au bonheur, le public de Barjac y sera allé sans filet, l’accordéon de Chloé Lacan étant toujours de la partie, mais se substitue bien volontiers à la batterie sur certaines chansons, pour notre plus grand étonnement.
Le spectacle est agréable, et est un spectacle à voir impérativement pour son originalité. Le talent de Chloé Lacan n’est plus à prouver, pour autant, comme Ben Mazué, le spectacle ne nous a pas transporté comme nous l’espérions. Bien que les représentations furent de bons moments, la comparaison avec les spectacles de Torreton, Michèle Bernard et Philippe Guillard est difficile à mettre de côté.
Mais on ressort de cette soirée avec un grand sourire, en ce jurant que demain, ça sera encore bien !
Salut
vous avez raté le concert de Valérie Mischler, ou il n’y a rien à en dire ?
Cordialement
N Gabriel
Bonjour !
Non nous n’avons malheureusement pas pu assister au concert de Valérie Mischler, c’est la seule raison pour laquelle nous n’avons rien dit sur le concert, même si les retours que nous en avons eu suite aux discussions du soir étaient globalement très bons.
Bapt’
DeberÃa hacerlo, pero me temo que Bruselas será prisionera de los Estados que existen ahora. Hará falta mucha inÃcimaorf³n y discusión para romper la inercia mental |