Worakls « From one blink to another » (2025)

9 min de lecture

Derrière Worakls, il y a le français Kévin Da Silva Rodrigues : un gars touche à tout. Un amateur de musiques électriques qui est tout aussi passionné par la musique classique. Depuis plusieurs années, il est le chef d’orchestre du « Worakls orchestra », une véritable machine de guerre symphonique qui écrase tout sur son passage.

Actif depuis 2009 en réalisant de nombreuses collab’s avec notamment N’TO et Joachim Pastor, la carrière de Worakls a vraiment décollé en 2019. Cela coïncide au moment où Worakls sortait un premier album tout simplement exceptionnel : « Orchestra ». Une musique hybride très fortement organique qui nous propulse tout à la haut. La tournée, avec la présence de l’orchestre aux côtés du maître à penser, ajoute une dimension incroyable au show (pour preuve, vous pouvez jeter un œil à nos deux live reports réalisés suite à ses passages à Montpellier et à Nîmes).

En octobre 2025, après une grande tournée où il a été très très souvent accompagné d’un orchestre symphonique, Worakls est venu présenter sa toute nouvelle création : « From one blink to another ». 11 titres, 47 minutes, Worakls a voulu prendre son temps pour aller encore plus loin que la fois précédente. Car assurément, Worakls n’a pas choisi la facilité sur cette seconde galette.

Elle est toujours aussi difficile à confectionner, surtout après un premier album marquant. Faut-il rester dans la même mouvance pour asseoir le coup ? Faut-il rechercher autre chose au risque d’en perdre certains en route ? Faut-il garder la même ligne en ne jouant que sur des variantes ?

Worakls n’aime pas la simplicité (le contraire aurait surpris). D’abord, elle se justifie par les featurings. Ils sont au nombre de 6 sur le disque et ce point constitue une première nouveauté majeure… Avec HEYOON, au tout début du disque, c’est un effluve électro/pop qui déboule. Si les envolées classiques agrémentent toujours le tout, avec les violons en front de scène, l’environnement de Worakls évolue. Plus loin, sur Rome is burning, Apashe et Wasiu prennent possession de la track et c’est une électro copieusement rappée qui donne le ton.

Mais c’est certainement sur Falling, avec Loreen, que le chaos viendra : entrée en matière rock, explosion de sons électroniques pour finalement partir sur un enrobage stratosphérique classico-hybride. Sensations assurées !

Au fur et à mesure de l’écoute, nous commençons à comprendre la stratégie de l’artiste : à chaque featuring, une facette artistique se dévoile. No boundaries, avec Carl Cox, confirme l’hypothèse : en mode bass music, les machines prennent leurs aises, on pense même que Worakls va nous entraîner doucement sur les pentes du dance-floor. Pourtant, c’est bien un côté chanson qui va nous envelopper avec Lili Poe sur L’amour, l’amer et le chaos : la fureur était pressentie sur des compos précédentes, elle va venir se fixer sur la solaire Lili Poe qui nous délivre-là une des pépites de cet album.

Le dernier featuring, en compagnie d’Ekaterina Shelehova (Red & gold), va clôturer l’album de la meilleure des manières : avec un voix, et pas n’importe laquelle, et surtout avec une véritable course-poursuite des genres pour foncer vers l’hybridation de son univers. Un régal.

Et sans les featurings, vers quoi a penché Worakls sur cette nouvelle mouture ? Sur ce côté-là, il y a au départ moins de surprises : Anges, en ouverture d’album, aurait très bien pu figurer sur « Orchestra« . On y retrouve bien ses traditionnels ingrédients mais il n’hésite pas à en mettre davantage. Typiquement, les 3 premières minutes fusionnent les genres tandis que les 2 dernières sont très orchestrales, on prend bien de la hauteur avant de basculer subitement sur un côté clairement saturé. Étonnant. Bien fait.

Quand Lueur débarque : la lutte n’est pas possible. On se laisse entraîner sans aucune résistance dans les machines de Worakls, digitalisées à souhait, quitte à délaisser quelques instants des influences plus classiques.

Les premières bascules musicales et vrai pari s’observent d’abord sur TAWA. Démarrage en grande pompe sur une guitare rock rugissante, légère saturation des sens pour laisser s’exprimer un lyrisme que l’on aime tant chez Worakls, le combo est tout simplement parfait tant on sent la poudrière sous nos pieds.

Et l’artiste voudra à tout prix la faire sauter avant de boucler la boucle : sur Furia électronica, une flamme jaillira des violons en ébullition pour faire exploser nos sens. Un morceau volcanique qui nous a, une nouvelle fois, fait voyager. La dernière virée sera sans retour (Morning bliss), elle aussi aurait pu figurer sur l’album précédent dans les sonorités, mais Worakls a le don de créer des rythmiques et des mélodies accrocheuses… et les notes de guitare en renfort ne se font pas prier.

Après l’écoute et la réécoute de ces 11 titres, on peut dire sans crainte que Worakls a réussi son pari… D’une part, il a réussi à intégrer de nombreux featurings sur ce disque pour qu’il y ait des voix sur sa musique (ce qui n’existe pas sur son « Orchestra »). Au-delà de l’aspect vocal, des sonorités plus pop, plus rap, plus rock, plus chanson également s’invitent, c’est d’abord curieux puis ensuite aguichant. Par conséquent, cela donne une certaine profondeur à l’album.

Enfin, ce qui est particulièrement déroutant, c’est que ce « From one blink to another »  nous donne à la fois l’impression d’être plus électronique et plus classique que le premier… alors que ce n’est foncièrement pas possible, c’est l’un ou l’autre. En conclusion, c’est qu’il nous a déstabilisé. Gagné.

Worakls, « From one blink to another » (11 titres, 47 minutes), disponible depuis le 10 octobre 2025.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Article précédent

Krav Boca « OK boomer »

Dernières publications