L’attente après leur premier album « Prison dorée » était devenue insoutenable. Plusieurs stratégies s’étaient donc mises en place : écouter l’album de façon frénétique, suivre le groupe telle une sangsue ou se gaver des vidéos publiées au cours de ces derniers mois. Oui mais voilà, il est arrivé le 2 mars. Tel un sésame, le précieux opus a été produit avec milles attentions mais pas sans malice et la patte des Zoufris.
Les saltimbanques nous proposent une critique de la vie en général. Arrêtons d’avancer, trois pas en arrière et un sur le côté. Voilà vous y êtes. « Chienne de vie » passe au crible notre société, le système qui la régit, la technologie envahissante et la tendance à l’autodestruction de la nature humaine. Allez, encore un pas en arrière. La vie est belle, alors Zoufris Maracas n’oublie pas l’amour, les choses simples et les petits plaisirs, et incite à lâcher prise. Le Musicodrome, bien décidé à ne pas aller droit dans le mur, vous propose de découvrir cet album.
Les alter-mondialistes et les anti-conformistes se retrouveront dans Le choix et l’avantage. La vie est affaire de choix et il est toujours temps de faire ceux qui mèneront à la vie qu’on souhaite. En effet, il ne s’agit pas de finir entre 4 planches sans ce plaisir d’une existence accomplie en sérénité et en intégrité avec ses idéaux. En parlant d’idéaux, Pacifique interpelle, en posant de manière peut-être trop manichéenne le système, mais à l’avantage de rappeler l’importance d’associer les mots aux actes pour que ça ne se transforment pas en maux de société. Et non ce n’est pas aussi barbant que l’on peut penser… « y a qu’à danser » et le chemin saute alors aux yeux. Et pour tous ceux qui ne veulent pas savoir, ce qui acquiescent sans demander leur reste, le groupe fait de l’éveil avec Bande de moules. Une première certitude en écoutant cette album : Zoufris Maracas ne lâchera rien et continuera de militer avec le verbe acerbe et les lettres subtiles.
« On va tous crever, on peut bien rêver » / Le choix et l’avantage
Les défenseurs de la décroissance ne jureront que par Nanotechnologie, titre où Winston McAnuff vient poser sa voix. Cette chanson est un témoignage de la crainte sur les avancées technologiques qui ont transformées le monde et sur celles qui continuent de le faire. C’est aussi peut-être une mise en garde et un refus en bloc. Les écrans ne sont pas en reste et les préjugés transmis par les médias sont dilapidés sans scrupule. Et puisqu’ils -nous- sont pas seuls, on y va à fond et en rythme, on se laisse porter par la musique et plus par L’argent. Cet affable mécréant sans qui on ne se porterait peut-être pas plus mal.
Les amoureux de l’amour trouveront leur hymne avec Je ne veux de l’amour. On image sans mal l’honnêteté de cette déclaration ingénue. Nu dans la ville est l’histoire ordinaire d’un amoureux attaché à son idylle qui n’accepte pas à tourner une page de son histoire. La brève Mazunte, sordide, dévoile un humour noir qui fait passer la pillule de Cupidon. Et finalement, Les femmes simulent, alors à quoi bon s’en faire ? Les dégâts collatéraux de l’amour sont contés avec ironie et jubilation et on s’en lèche les babines.
« Qu’il vaut mieux glisser sur le cul, que de passer sa vie à confesse » / Les écrans
Les sceptiques de la politique et des histoires sombres seront amusés par Didier qui n’est pas sans rappeler Pacifique. Des histoires comme auraient pu les écrire Georges Brassens. Très théâtral, façon commedia dell’arte, avec des rebondissements et une morale, ces titres sont de vrais amuse-bouches. La rythmique n’est pas sans nous rappeler l’interprète moustachu. Et les anti-militaristes se rassasieront de Poulet. Cette « chanson agricole » est un vrai feu de benguale pour le coeur et l’esprit. Ça guinche, et ça envoie valser les autorités pendant cinq minutes et trente secondes. Serait-ce une nouvelle « ferme des animaux » ?
Ceux qui ne sont dans aucune de ces cases se laisseront convaincre par Chienne de vie Et si demain. Ce sont les premiers titres qui ont été proposés à l’écoute par la bande à Zoufris et ils ne laissent pas indemne. Ils renouvelleront vos mantras et seront l’occasion pour vos démons de sortir. Mais la recette est efficace : ces vieux démons s’évacuent de manière pacifique et se transforment en armes pour la lutte anti-morosité. Et finalement la « Chienne de vie », reconnaissante, nous aménera ces militants de la vie, non pas aux cascades du Vis, mais vers les Cévennes à Alès le 4 avril prochain.
Et si toutefois un doute persiste, laissez-moi vous parler des percussions qui font bouger le popotin, des mélodies de guitare, trompette et synthé entraînantes. Une musique festive comme on n’en avait pas entendu depuis longtemps. Et en plus, ça à un goût de « reviens-y » insoutenable… Et avant de le remettre au début ? Un peu de patience, juste pour se délecter de la piste cachée !
Les Zoufris Maracas sont restés fidèles à eux-même. Étant donné ce qu’ils chantent, on est rassuré. Cet album, ce manifeste est peut-être la preuve, qu’à plusieurs on peut faire des choses bien sans qu’il y ait de dégâts collatéraux. Et si jamais on y croit plus, on peut toujours s’écouter « Chienne de vie » maintenant, sans plus attendre demain.
FICHE TECHNIQUE
Tracklist
1. Chienne de vie
2. Nanotechnologie (feat. Winston McAnuff)
3. Et si demain
4. Je ne veux de l’amour
5. Les écrans
6. Bande de moules
7. L’argent
8. Muzunte
9. Les femmes simulent
10. Nu dans la ville
11. Le choix et l’avantage
12. Didier
13. 4 planches
14. Poulet
15. Pacifiste
16. Bois bourgeois
Album studio : 2ème
Sortie : 2 mars 2015
Durée : 55 min
Genres : Chanson française et festive
Label : Wagram Music