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Perdu dans un brouillard qui ne cesse de s’épaissir, le temps semble s’être figé… Alors quitte à perdre pied, autant s’en mettre plein les oreilles ! Retour des chroniques express aujourd’hui avec deux artistes étrangers à l’horizon : Soom T et Dub Empire.
Soom T « The arch » (11 septembre 2020) chez X-Ray Production -REGGAE/DUB-
Il faut le reconnaître : il était attendu ce troisième et nouvel album de Soom T. Et dans un paysage musical qui frôle encore et toujours la désolation, tout frémissement est bon à prendre. Si le manque de soleil peut faire devenir dingue, le manque de bonnes vibrations dans les salles ou les festivals a le don de taper sur le système. Et l’arrivée de « The arch » se dévore comme le ferait un mort de faim. C’est à croire que la MC écossaise avait bien calculé son coup : à l’image de sa pochette presque mystique, ce qui se dégage de son nouvel album a le don de transcender celui qui s’aventure à ses côtés. En tout cas, elle n’a pas souhaité renier ses habitudes : sur le terreau fertile de ses nombreuses collaborations sur la scène internationale, Soom T s’offre un nouveau terrain de jeu musical. Après avoir réalisé des envolées plus hip hop sur « Born again » il y a 2 ans, l’artiste jongle entre les genres et les expériences pour mieux se les approprier. Entre ses nombreux featurings prestigieux (Mungo’s Hi Fi, Tom Fire, Naâman, La Yegros et bien d’autres) et les collaborations rapprochées avec Manudigital, Soom T a décidé de s’entourer cette fois de Dj Kunta et des très prometteurs lyonnais Highly Seen pour les différents riddims.
Soom T, grand amatrice des sessions sound system qu’elle continue d’animer en tant que MC, se taille un album dans la pure tradition rub a dub. En 12 titres, on sent toutes ses aspirations musicales et les influences qui façonnent son identité sonore : le titre d’ouverture, Original that’s me, lance une première bombe reggae digitale avec son incroyable flow dévastateur. Un lancement qui place, d’emblée, l’auditeur sur orbite. 11 tracks plus tard, en clôture de « The arch », avec Far from home, les skank déferlent, le dub steppa envahit les ondes, l’auditeur finit un genou à terre… Au milieu de tout ça, même si les mélodies sont finalement assez sobres et jamais triturées à l’excès, Soom T zigzague entre les vagues : il y a des pépites à ne pas manquer comme avec Love the people, en mode reggae oldschool, World be better clairement stoony, What do i do avec une sauce cuivrée ou encore le dark dub de I saw a sign. Pas de doute, Soom T s’est éclatée. Et ça s’entend. Vivement le live !
Dub Empire « Beyond high » (27 juillet 2020) chez ODG Prod -DUB-
On connait l’esprit fouineur du label ODG Prod pour aller dénicher les nouveaux talents de la scène dub hexagonale. Si leurs trouvailles sont bien souvent françaises, cela ne les empêche pas d’aller jeter une oreille chez nos voisins européens. Cette fois, c’est en Belgique et plus précisément à Bruxelles que Dub Empire a été repéré. Les petits nouveaux arrivants sur la scène dub sont à créditer d’un tout premier EP 5 titres sorti cet été. Avec « Beyond high », Dub Empire ne va pas révolutionner le genre mais il nous présente un tableau de ses aspirations en bonne et due forme. Et c’est important pour un premier EP : il faut savoir taper juste pour se faire une place auprès des aficionados du genre pour ensuite le réinterpréter.
En 5 titres, le boulot est fait : le titre éponyme de « Beyond high » fracasse d’emblée, un peu comme leurs comparses d’Ondubground justement. En mode dub oriental qui ne demande qu’à exploser façon dub UK, il rappellerait presque un certain Fly to the moon d’High Tone sur la fin. La suite déroule sans le moindre accroc : Steppin’ brothers s’offre un bol de downtempo pour calmer nos ardeurs mais Planted stones se charge de relancer une machine steppa qui prend de la hauteur. L’atterrissage n’est pas prévu pour tout de suite, Shape shifters se digitalise avant qu’Uzul (ex-Kaly Live Dub) remixe dans son style bien à lui Beyond high. Puissant et entêtant !