Pour la première fois de sa jeune histoire, le Yeah! s’éloigne de Lourmarin pour accoster à Sète, au bord de la Méditerranée. Une édition inattendue pour un festival bien ancré dans les terres vauclusiennes.
Tout avait commencé en janvier avec l’annonce d’un break en 2024 avec une très réussie date anniversaire en juin 2023. L’équipe avait besoin de vacances avant de revenir plus fort en 2025. Que ne fut pas notre surprise d’apprendre quelques mois plus tard, l’arrivée du festival Yeah! dans l’ile singulière pour une édition exceptionnelle. C’est l’équipe de Worldwide qui a semble-t-il facilité cette migration… C’est donc au théâtre de la Mer que nous retrouvons les vauclusiens cette année en mode bord de mer.
La première chose que nous remarquons en arrivant, c’est que le public du Yeah! est bien présent. On les reconnait aux yeux grands ouverts qu’ils posent sur ce nouveau lieu accompagnés de WOW! sonores. La mer Méditerranée en fond de scène fait toujours son petit effet, qu’on se le dise.
Contrairement à Lourmarin, les bars et food-truck sont calés tout en haut de l’arène. Et c’est là que nous retrouvons Charlie O. & Jody Sternberg qui assurent la première partie musicale au piano et saxo, au milieu des festivaliers. On ne va pas se mentir, l’écoute n’est pas aisée dans ce coin pris d’assaut par les soiffards. Pourtant les deux musiciens donnent de leur personne pour faire vivre leurs compositions.
C’est Francky goes to Pointe-à-Pitre qui a l’honneur de la grande scène. Et quel démarrage avec ces adeptes de la fusion improbable du zouk avec le math rock ou le noise. Entourés de palmiers en plastique, le trio installe, non sans difficultés, une ambiance festive au pied du théâtre. La sécu, un peu tatillonne sur la présence de verres de bières, a largement calmé les ardeurs en début de show. Ce n’est pas ce qui va empêcher le public de prendre finalement le pas et d’enflammer le dancefloor avec d’improbables chenilles. Ça y est, nous retrouvons enfin l’ambiance foutraque et joyeuse du Yeah!
Après ce tour de chauffe, et en attendant la suite c’est le DJ Harry Cover qui assure brillamment les inter-scènes. La fête s’installe, le public est ravi et les gradins se transforment en grande boite de nuit.
Ceci nous prépare bien à l’arrivée des excentriques Warmduscher qui vont mettre le feu au théâtre de la Mer. Le groupe est précédé de sa réputation de bête de scène. Et cela se vérifie très vite. Clams Baker Jr. avec son phrasé digne d’un MC américain, envoie rapidement la sauce en chantant yeux dans les yeux avec le public tout proche. Les basses sont lourdes, la guitare crasseuse à souhait, les boucles électroniques entêtantes, bref, un cocktail puissant qui électrise très vite la foule densément rassemblée devant la scène.
On a vraiment l’impression d’assister à un concert venu d’une autre planète. Pendant près d’une heure trente, le groupe formé de trublions issus de The Fat White Family, Paranoid London et Insecure Men envoient du lourd dans une ambiance de fin du monde. Certainement LE moment de cette première soirée.
La suite sera plus posée avec l’arrivée sur scène d’un musicien échappé du tour de France, à savoir JOUBe. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, c’est bien sur un vélo de course entièrement connecté que le producteur de musiques électroniques déploie son univers. Parcourant le monde à vélo, ce dernier intègre des sons venus de partout tels que celui de la brouette de Lionel, maraicher bio du Jura ou d’un sculpteur sur bois de la Chartreuse. JOUBe nous embarque littéralement dans son univers techno qui n’est pas sans évoquer les expérimentations d’un certain Jacques.
Nous ne resterons pas jusqu’à l’arrivée de Marina Trench qui poursuivra cette nuit sétoise bercée par sa house planante.
Fidèle à sa réputation, le Yeah! s’est également déployé dans la ville, depuis le Barbu jusqu’à la Ola afin d’amener l’esprit Yeah! au bord de la Méditerranée. Si l’expérience semble avoir été réussie, le château de Lourmarin était dans toutes les têtes avec l’espoir d’y retrouver cette ambiance si particulière à nouveau dès l’année prochaine !
Crédits photos : Olivier Scher