Après le premier jet de chroniques express de lundi, nous continuons nos dernières séquences découvertes de l’année avec deux autres albums qui nous ont particulièrement intéressés : celui de Danakil (en collaboration avec Ondubground) ainsi que les remixes des classiques d’High Tone. Après le punk et le rap, c’est à présent le reggae et le dub qui sont au centre de ce papier. En bonus, les deux albums sont disponibles en écoute intégrale.
Danakil meets Ondubground (17 novembre 2017) -REGGAE/DUB-
C’est un monument du reggae français, Danakil, qui est passé à la moulinette d’un des groupes montants de la scène de dub hexagonale du moment, Ondubground (ODG pour les intimes). La bande à Balik a d’ailleurs toujours eu des penchants affirmés vers un son plus dub (impulsée par Manjul), les déclinaisons de « Echos du temps » en « Echos du dub » puis de « Entre les lignes » en « Entre les lignes dub » n’en sont que des héritables. La formation éphémère Dubakill est un second exemple. En tous cas, l’expression « jamais deux sans trois » est une nouvelle fois de mise puisque le dernier album de Danakil, « La rue raisonne », a été transmis aux tourangeaux d’ODG pour une version new look de l’opus : 13 titres le compose et ce nouvel habillage risque bien de ravir les fans du genre. ODG a cette griffe qu’on lui connait, à la fois digitale et terriblement roots, et ses penchants vers l’Orient font, qu’aujourd’hui, il se pose comme les successeurs d’High Tone. L’écoute de ce cd dévoile en tous cas toutes les facettes du groupe en terme de dub et de variantes. Si Butterflies est le morceau le moins accessible de l’album et qu’il dénature avec le reste, plusieurs bombes l’agrémentent. Dub again, nouvelle version de l’excellent Back again, a une sacrée enveloppe steppa ; Something (avec Sr Wikson) décroche la lune tandis que Jamalski reste dans les têtes grâce à Tell dem. Si ces compositions sont réussies, il est important de souligner qu’elles s’éloignent aussi beaucoup des versions originales, quitte à faire apparaître Danakil au second, voire même troisième plan, vu le nombre de featurings. Les meilleurs exemples sont les deux titres d’ouverture, EchoSysDub ou 33 mars, qui se retrouvent pratiquement dépouillées de leurs instrus initiales. Une fois ce constat accepté, il faut toutefois souligner que ces tracks ravagent la tête. Comme Parisan dub qui voit des tendances trap envahir les ondes. Entre des envolées dubby (Dub of the nation) et mélodieuses (Blow the wind), ODG s’éclate. La transformation de J’attends le jour en J’attends la nuit est une véritable pépite, boostée par Miscellaneous (Chill Bump) et Adam Paris, et sa chrysalide hip hop. Une explosion des sens !
High Tone Remixed « Dub to dub » (7 novembre 2017) -DUB-
6 ans après une première salve de remixes par les incontournables du moment, voilà que les lyonnais d’High Tone ont droit à un nouvel hommage avec ce « Dub to dub ». Cette fois, le projet est piloté par les deux frangins d’Ondubground (encore eux !), en accord avec le label Jarring Effects. Ici encore, 13 morceaux issus du répertoire d’High Tone ont été sélectionnés et revisités par la scène dub émergente essentiellement française (à l’exception de Jacin, Alpha Steppa, Dub Engine et Radikal Guru). En piochant dans toutes les époques des 20 ans d’existence d’High Tone, une bonne partie des albums y est représentée avec « Bass temperature » (2001), « ADN » (2002), « Zentone » (2006), « Outback » (2010), « Ekphrön » (2014) et « Ghost track » (2016). Pour le reste, une sacrée flopée d’artistes issu du label ODG Prod s’est délectée pour retravailler la crème du crew : l’ouverture, assurée par les deux membres d’Ondubground eux-mêmes, annonce la couleur avec The orientalist, façon stepper et tendances trap. La suite, reprise par Panda Dub avec Raagstep, monte elle aussi d’un ton avec un track portant étonnant, à la fois sombre et entraînant. Le décor est finalement assez instable et les classiques se décousent : Rubadub anthem, porté par le sample de Pupajim, manque de souffle et peine face à l’original avec Mahom. Si les envolées roots comme Emperor dub / Dub Engine font leur effet, les faces plus digitales finissent par prendre le dessus comme sur Dirty urban beat (Rakoon) ou sur Urban style (Alpha Steppa). Malgré certaines modifications en profondeur de tracks, ce « Dub to dub » n’arrive pas à provoquer le déclic qui a opéré sur Danakil meets OnDugGround. Ce constat ne fait pas du tout remettre en question la qualité des groupes ayant participé à cette campagne de remixes, il démontre surtout qu’High Tone avait, à l’époque, réalisé des morceaux de très hauts niveaux.