Nous avions découvert Kolinga à Marseille, lors de la Fiesta des Suds cet automne. Quand nous appris leur passage du côté de Montpellier dans le cadre du festival WAWW, nous n’avons eu aucune hésitation et avons foncé à leur rencontre.
Drôle d’ambiance au Chai du Terral pour cette dernière soirée de la saison avec l’annonce du non renouvellement de son directeur artistique Yan Arondel-Boyé (nous en avons parlé ici). Les remerciements aux artistes sont nombreux et le chemin parcouru depuis 10 ans par ce lieu, salué.
Programmé dans le cadre du festival inter-sites WAWW (pour What A Wonderful World), Kolinga dont le dernier album « Legacy« est sorti en 2022 chez Underdog records, vient clore en beauté cette saison musicale au Chai.
A première vue, la disposition en tout assis n’est pas la mieux adaptée pour apprécier pleinement le son chaleureux de Kolinga qui parle autant au cœur qu’au corps. Le démarrage du set sur la chanson Nguya na ngai en est la parfaite illustration : les jambes ne demandent qu’à s’échapper de leurs confortables sièges.
Rebecca M’Boungou, chanteuse charismatique de cette éblouissante formation, introduit chaque titre par une petite histoire, créant un lien de plus en plus proche avec son auditoire. Elle aborde sa maternité avec Mama (don’t let me), poursuit avec les fantômes, magnifique morceau qui nous invite à nous débarrasser des nôtres afin de reprendre le pouvoir sur nos vies.
D’ailleurs elle nous enjoint ensuite à passer à autre chose en faisant répéter au public Mbo buba (ça va aller), tel un mantra guérisseur. Et avec I can see you qui arrive, Rebecca nous invite à nous mettre à nu afin qu’elle puisse y souffler espoir et lumière. C’est un peu ce pouvoir que Kolinga partage avec son public, une musique qui remplit, qui rassure et libère.
Les corps vont néanmoins attendre un petit peu avant de se libérer, peut-être impressionnés par cette salle de spectacle qui n’invite pas à la danse (même si des petites grappes se sont formées le long des murs).
La sanza, piano a pouces africain est mis à l’honneur sur We are one, morceau plein d’humanité et d’espoir avant d’enchainer sur le puissant Mister unknown qui parle de l’homme, du patriarche dont l’ombre pèse et met en colère.
Après Earthquake, qui est aussi le titre de leur premier album, Kolinga enchaine avec Kongo, composé avec Gaël Faye et dont le refrain entêtant fait enfin lever le public du Chai du Terral qui restera debout jusqu’à la fin du set.
La magie continue d’opérer avec Je ne suis pas de ce monde pour une première conclusion tout en douceur et en partage.
Le public en redemande et Kolinga revient avec un de ses plus anciens morceaux Paper dolls avant d’enchainer sur une reprise congolaise Mateya Disko qui met en transe toute la salle.
Kolinga, en lingala (la langue principale de la République Démocratique du Congo) signifie « lier/aimer ». Et c’est un peu ce qu’on a vécu sur scène avec ce groupe à la fois talentueux et attachant dont l’énergie est contagieuse.
Les musiciens : Jérôme Martineau-Ricotti à la batterie (toujours aussi incroyable), Jérémie Poirier-Quinot à la flûte et au clavier, Vianney Desplantes à l’euphonium et au flugabone, Nico Martin à la basse et l’incontournable Arnaud Estor à la guitare.
Crédits photos : Olivier Scher