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Après plus de 3 mois de disette, nous revoilà dehors et devant une scène. Qui l’eut cru il y a encore quelques semaines ! C’est à Montpellier (34), dans un agréable jardin ombragé sur les bords du Lez, que le rendez-vous est donné, en petit comité. L’ambiance est cosy, les sourires au beau fixe, et c’est un événement tout particulier qui va se fêter.
Une sortie d’album est toujours quelque chose d’important. Quoi qu’on en dise. Et la sortie de « La moyenne », le tout premier album de La Pietà, a malheureusement subi les dommages collatéraux du Covid-19 : initialement prévu au printemps, celui-ci a finalement été dévoilé vendredi dernier, à l’occasion d’une soirée spéciale.
Virginie, aka La Pietà, en a donc profité pour remettre au goût du jour les fameux Rock in Loft. De 17h à 22h (et même plus…), une bonne cinquantaine de personnes (constituées d’amis, de soutiens, de partenaires et de médias) a pu se délecter des concerts et des petites choses apportées par chacun. Au programme, ce sont près de six groupes, La Pietà y compris, qui ont pris place sur la petite scène à l’ombre des arbres pendant que l’intégralité de la soirée était diffusée, en direct, sur les réseaux sociaux.
Les premiers à ouvrir les festivités sont de jeunes montpelliérains, Mauvaise Bouche, découverts par La Pietà il y a quelques mois au Jam. Si leur passage a été plus que furtif avec un seul morceau joué, celui-ci a déroulé sans accroc et en toute simplicité. La voix d’Emma fait son effet, la mélodie au clavier enlève le tout. Un groupe en devenir que l’on devrait voir un peu plus souvent dans la capitale languedocienne.
La suite est assurée par Nirman, artiste toulousain cette fois, qui propose des ballades piano/voix aux dizaines de privilégiés de la soirée. Il manie l’auto-dérision pour évoquer la sortie de son dernier album, le 13 mars, mais c’est véritablement l’amour qui accompagnera Nirman tout au long de son concert. Elle devient le fil rouge de ses compos, lui qui se montre aussi un peu nostalgique. Il y a beaucoup de justesse chez cette artiste qui a collaboré avec Cali et Da Silva, il y a beaucoup de tendresse, aussi, sous ses envolées.
Derrière, Athénaïs prend le relais. En solo, avec sa guitare, elle propose une première virée anglophone entraînante. Dans un univers folk teinté de pop, les morceaux s’enchaînent sans relâche et le public se met à chantonner les refrains de la londonienne installée depuis quelques temps à Montpellier.
La soirée avance et Dirty Bootz marque véritablement le premier virage musical de ce Rock in Loft : l’intensité monte d’un cran et c’est un drapeau blues et rock qui flotte au-dessus du Lez. Tantôt à la guitare, tantôt au banjo, Dirty Bootz va faire monter la température crescendo et le public se met à taper du pied. Pourtant, son acolyte à la batterie n’est pas là. D’emblée, il y a Bogeyman’s Grin qui secoue avant de partir à la Nouvelle Orléans. Plus loin, Dead clouds in your pocket sonne à la Nirvana et le rock enveloppe l’assemblée. Franchement, on est allé jeter une oreille à leur premier album sorti en début d’année, « Broken toy », et il vaut le détours. Il y a des influences aux Stripes et un univers qui pourrait tendre le pied à Harold Martinez. Nous chercherons à recroiser la route de Dirty Bootz.
L’ambiance va continuer de monter avec l’arrivée d’Imbert Imbert. Ce baroudeur de la chanson française est en cavale depuis longtemps et il multiplie les projets : tout seul, bien évidemment, mais aussi avec Dimoné & Cie. Ces dernières années, il y a eu le projet foutraque et kiffant Bancal Chéri et aussi Boucan, toujours en activité… et très très bon. Ce soir, c’est avec sa contrebasse qu’il a fait sa loi : une fois encore, le personnage prend aux tripes, sa musique aussi, et il a littéralement dompté la foule. La douceur a tutoyé la folie des hommes et des âmes torturées pendant qu’Imbert Imbert la martyrisait. Belle claque ! Le nouvel album, « Mémoires d’un enfant de 300 000 ans », repoussé en septembre prochain, va susciter un intérêt certain.
Enfin, alors que la lueur commençait à baisser, La Pietà a démarré. A pas feutrés, elle a dévoilé ses peurs, avec une chanson d’ouverture qui s’est retrouvée parlée, en solo. Doucement, le voile s’est levé et les musiciens sont arrivés. Plus d’électrique, c’est Maintenant ou jamais a perdu un peu de sa puissance par rapport à l’enregistrement sur l’EP mais la force de frappe est toujours là. La revisite de La moyenne, en slam, n’a pas manqué de renforcer le calme du set malgré la violence des textes. Y’en a remet chacun à sa place avant que le tonitruant La fille la moins féministe de la terre, a capella, fait haleter l’assemblée. Et ce n’est pas La salle attente qui changera la donne… En jonglant entre le nouvel album et le dernier EP « Chapitres 5 et 6 », La Pietà a déroulé en toute intimité. A la fois puissant et profond, l’univers est toujours aussi chiadé. Hâte de le découvrir les deux doigts dans la prise, avec plus d’électrique.