Quatre ans depuis le dernier album. Que ce fut long. Surtout après l’exceptionnel « La grand-messe ». Les attentes étaient nombreuses, et lorsque la sortie fin septembre du nouvel opus est tombée, on comptait les jours inlassablement. C’est donc une nouvelle expédition pour nos amis Québécois qui commence…
Ce qu’on peut dire d’entrée, c’est que les amateurs de « La grand-messe » retrouveront les agréables sensations qu’ils avaient apprécié dans le précédent opus, on ne change pas une équipe qui gagne. Pourtant, il s’avère indéniable que cet album résonne d’une manière différente. De façon générale, on a là un album assez homogène, avec aucun « vide » flagrant. Seul un ou deux morceaux cassent un peu la ligne directive de l’album. Allez, rien de bien méchant, on chipote. On retrouve en tous cas toujours ces magnifiques histoires racontées à la sauce des Cowboys Fringants. On pourra citer Chêne et roseau, tiré bien entendu des fables de Jean de la Fontaine, également le doux portrait de La Catherine qui rappelle pour les connaisseurs Hannah et son potentiel successeur.
A mesure que l’on avance dans l’album, on va découvrir le nouveau visage des Cowboys pour cette cuvée 2008 : des morceaux beaucoup plus posés, où violon et flûte prennent les devants. C’est un ton assez mélancolique qui est pris, volontairement, sur de nombreuses compositions. Mélodieux, tristesse, nostalgie. Ce serait presque les trois mots qui pourraient définir l’album. Les morceaux engagés se font moins présents, excepté Monsieur qui cible directement nos hommes politiques. Après, il faut aller au delà des textes : Histoire de pêche est magnifiquement bien narré, et nous renvoie en pleine face les problèmes d’appauvrissement des ressources de pêche. Les mélodies pourraient nous faire oublier que ces aléas subsistent. Tout est manié avec habileté, on se laisse promener au fil des morceaux.
L’amour est souvent assimilée au plaisir perdu, à la nostalgie. Entre deux taxis, Rue des souvenirs l’illustrent à merveille. L’acharnement sur Bobo, les éclairs du passé sur La bonne pomme traduisent la face un peu sombre du groupe… L’album d’une certaine façon veut être doux et mélancolique, ce qui marque une certaine rupture après le boulégant et rayonnant « La grand-messe ». Comme si en quelque sorte les Cowboys craignaient de vieillir, et se mettaient à observer les gens.
Ce revirement opéré séduit, indéniablement. On ne peut pas rester insensible aux mélodies et aux paroles des Cowboys Fringants sur cette nouvelle galette. Les Cowboys nous amènent dans de subtiles ballades acoustiques, pour ne pas parler d’intimité, cependant ça éclipse un peu la hargne connue auparavant.
Jean-François Pauzé nous a concocté 29 morceaux, 14 viennent d’être présentés sur « L’expédition ». La deuxième partie (donc les 15 autres morceaux) de l’album sortira courant novembre et s’intitulera « Sur un air de déjà vu… ». La question que l’on peut se poser c’est Est ce que les Cowboys nous ont présenté leur côté nostalgique et mélodieux pour nous proposer, dans 1 mois, leur côté plus en verve ? On vous tiendra au courant, forcément.
Les Cowboys Fringants, « L’expédition » (disponible depuis le 15 juin 2008).