Ce mercredi 21 novembre, Paloma accueillait Arthur H pour un concert comme dans son salon avec de la joie de vivre, de la légèreté et une impression de chaleur humaine dans ce froid automnal qu’enduraient, dehors, des gilets jaunes.
Arthur H, en position avec une guitare et un batteur pour simple expression, impressionne. Une force tranquille émane de ce trio qui donne l’illusion de jouer à la maison, une maison imaginaire où la poésie est totale et le loufoque jamais très loin. C’est peu de dire que ses yeux d’enfant, Arthur H ne les a jamais perdu.
Et ce récit commence par une balade en famille avec Brigade légère qui fait la part belle à cette tribu talentueuse. Le style est tranquillement posé, le piano léger et enjoué, la voix grave réchauffe le public grisonnant, et en masse, qui suit ce parcours depuis le premier album au début des années 90. L’émotion est évidemment au rendez vous et ne quittera pas cette enceinte. La complicité est totale avec ce public conquis. Paloma prend la forme d’une splendide femme toute de jaune vêtue, que les canaris jaunes ont laissée passer, ce soir.
Dans sa complète ouverture, Il/elle arrive avec son swing entrainant et ses paroles qui raisonnent dans la quête contemporaine de se trouver. Le ying est dans le yang, le yang est dans le ying, derrière cette maxime simple et douce, une réflexion ouverte sur les différentes facettes de l’homme, et de la femme donc, qui dans son habit festif invite au dialogue intérieur avec l’enveloppe de la ritournelle.
Révolution des mœurs et des idées, sous la forme de son chant des partisans, italiens, mis à la sauce française. Maître Gims doit trembler de sa haute sphère médiatique, entre deux autotune. Et dans ce qui suit, on assiste à une définition du charisme et de la présence scénique, avec cette voix grave et cette musicalité qui nous font dire que Arthur H n’a rien à envier à Nick Cave et qu’il est peut-être son plus bel alter ego français. La part belle est ainsi faite au dernier album avec Sous les étoiles à Montréal, La dame du lac, Lily Dale symphonie.
Cette maitrise s’accompagne d’un show intimiste (quasi sold out quand même) et de création, comme cette loop song filmée où chaque insignifiant élément vient ajouter sa contribution à l’édifice. On ne peut qu’être conquis par cette force tranquille. La présentation de ce dernier album se poursuit avec La boxeuse amoureuse et Reine de cœur. L’occasion pour le chanteur de commencer les vannes avec ses comparses du soir. Raphael Séguinier, le batteur, entame sa chanson en battant la mesure, repris laborieusement par le public, dans une polyphonie rythmique douteuse. Le malicieux Arthur H laisse donc son auditoire s’empêtrer et son batteur tenter de ramener tout le monde dans le bon tempo, ce qui lui vaudra le qualificatif de premier solo décroissant.
Et cette complicité avec le public nîmois, le chanteur l’a établie depuis quelques temps déjà. On ne saura jamais si cette histoire d’écriture un soir de concert, aux arènes, dans les hauteurs, est véridique ou si l’onirisme est prépondérant. C’est vrai qu’un western aux arènes, ça aurait de la gueule… Et le public aime, visiblement.
Nosferatu vient ensuite enflammer un public qui ne demande qu’à danser et se démener. En témoigne cette version électronique de Dernière nuit à New York City entrainante et tellement nouvelle vague pop rock metronymesque!
Le rappel vient alors montrer que l’imagination n’a pas d’âge. Tel un Michel Gondry musical, Arthur H nous emmène dans son théâtre de marionnette pour un débrief de ces 2h passées ensemble, créatif, naïf et brillant, en toute désinvolture.
Le grand Jacques vient alors émouvoir l’audience, pour cette hommage tout en tendresse. Je ne peux plus dire je t’aime, le chercheur d’or, Tokyo Kiss, Marouchka et Moonlove déesse viennent parachever plus de 2h30 d’un concert plein de maîtrise, de douceur, de virtuosité et d’échanges avec cet Arthur H, Raphael Séguinier et Nicolas Pac à la guitare. Une sortie de concert sous forme de paix retrouvée après une semaine haute en couleur, mais surtout en jaune.