Wallace, l’artilleur poétique qui se laisse approcher

6 min de lecture
Wallace 14 octobre 2016

Entre la nouvelle sauterie annoncée d’Un Air Deux Familles et le tout nouveau projet de Kebous des Hurlements d’Léo avec Télégram, il semblait impensable de ne pas jeter une oreille à la toute nouvelle création d’un des co-fondateurs des HDL Erwan Naour, nommée Wallace. Ce projet, plus personnel, dévoile la facette d’un homme à l’esprit tourmenté rattrapé par le temps qui court.

C’est au bord de l’étang de Thau que le projet a pris vie. A Sète, dans l’Hérault, plus précisément. R1 Wallace, Erwan Naour pour les intimes, fait une rencontre qui va tout déclencher : avec Bertille Fraisse (violon, synthé) puis Nicolas Grosso (guitare) par la suite. L’alchimie entre les trois fonctionne, bien appuyée par Lois Eichelbrenner pour travailler le son live. Le chant, principalement assuré par Erwan, frétille avec Bertille à travers Wallace, ce qui lui permet de s’écarter de ce que nous avions déjà pu entendre à travers les Hurlements d’Léo. Même si des ressemblances existent, Wallace exprime des craintes, des constats, des côtés beaucoup plus personnels que ce que nous connaissons. Mieux, l’artilleur poétique se laisse approcher…

Avec les vipères toujours aux poings, Erwan cherche des réponses. Des réponses sur lui-même, profondes, cachées, mais qui paraissent à portée de mains. Sa Part d’ange. La douleur rencontre l’amour comme la tristesse remplit les âmes en peine. Cette tristesse, le cœur l’encaisse. Erwan sait les reconnaître. Les envolées rock lancées par Nicolas Grosso accompagnent la voix d’Erwan, presque rocailleuse, en résonnant dans un échos : « ma part de dieu, ma part de lion, celle de mes putains d’addiction, ma douce gerbe de ronces, ma part d’embrouille, de part en part, je pars en couille… mais je serais-là pour le grand départ ».

Un grand départ vers l’oubli ou la reconnaissance, chacun se fera son avis. Après ces premières embardées aux côtés de l’artiste, la valse du monde peut démarrer (C’était toi) en captivant l’auditoire. Car l’auditoire est captivé par ces nouvelles démonstrations : Le sang des baleines, où s’immisce Bertille au chant, est un véritable bijou qui vous laisse au sol.

« Que l’on me prête cent ans, mille ans de solitude / je prendrais tout mon temps et quelques habitudes / celles de ceux qui s’en vont, qui vivent de nuit blanche / ou qui dansent sous les plombs en costume du dimanche / amis, nous chanterons pour que l’on se souvienne du chant des partisans et de celui des baleines ».

Complice, le duo va conserver cette simplicité pour s’accorder quelques instants plus légers dans l’album : pendant que Nicolas Grosso s’offre des sonorités manouche sur la sensuelle Parle m’en ou le swingant 7 ou 8 en milliard, on finit par se dire que les deux reprises des Hurlements d’Léo, No hier et Mon cul, n’étaient peut-être pas nécessaire tant le restant est pétillant.

« On est plus fort quand rien ne vaut rien » (Wallace)

Lorsque l’exil emporte avec lui les sentiments d’Erwan, la course poursuite des mots engagée avec le temps finit par lui éclater au visage. Bercée par une mélodie du passé, une guitare rock résonne dans un sursaut lointain, symbole d’un passé révolu qui se morfond dans les envolées lyriques du violon. Si l’espoir existe, le temps défile et l’issue paraît bien incertaine : « la porte se referme, je reste sous les décombres. Vivre vieux ».

A l’image de la pochette de l’album, en noir et blanc, l’aiguille finit par s’arrêter doucement sur la mort, à peine cachée. Tirant les ficelles de notre existence, la voilà en train de danser sur les cordes, portée par le violon de la douce Bertille Fraisse. Au temps suspendu, Erwan se met à supplier que La lame soit bien tranchante cette fois. Dans cette douceur funeste, la poésie sort de son écueil pour briser une torpeur saisissante :

« La mort est une illusion, un départ, mille chansons (…) est-ce ton désir ou mon âme qu’on essuiera sur la lame ? »

Après cette lente descente dans les pensées d’Erwan, un dernier vent salutaire peut souffler sur l’album : Over my window, unique titre en anglais de l’opus, qui exprime le renouveau. Le renouveau de la pensée, de l’envie de rester soudé et de ne pas se tromper de combat.

Clip « Ma part d’ange »

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. Ma part d’ange
2. Le sang des baleines
3. C’était toi
4. Parle m’en
5. 7 ou 8 en milliard
6. Mon cul
7. La lame
8. No hier
9. Vivre vieux
10. Over my window

Durée : 39 min
Album : 1er
Genre : Chanson française
Label : InOuïe
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3 Comments

  1. « Le sang des baleines, où s’émisse Bertille au chant, est un véritable bijou qui vous laisse au sol. »

    émisse ? – du verbe s’émisser ?, s’émousser ?, emouscailler ? …. Je ne vois pas trop là …

    • Bonjour. C’est une coquille, la réelle phrase est bien celle-ci « … où s’immisce Bertille au chant » 🙂
      En revanche, je te remercie pour le commentaire laissé. Il permet d’échanger sur le contenu de l’album, s’il a été apprécié, si la chronique est à l’image, ou non, du ressenti de la personne, d’en discuter, etc.

      • C’te rage !
        Mérité, les commentaires pour souligner les coquilles, et puis rien d’autre, rien de plus intéressant pour faire part du travail fourni par les chroniqueurs du site.

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