Unda Sway « Lambda #1 » / Awoga « Reset » (2020)

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chronique unda sway lambda #1 2020
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Dans la froideur de l’hiver, les salles de concerts servent généralement de lieux de repli pour garder les idées au chaud et patienter jusqu’au retour de la belle saison. Cette année, on se demande bien quand cette fameuse « belle » saison va enfin daigner pointer le bout de son nez. Pour éviter de geler sur place, il est primordial de faire frétiller nos oreilles avec des nouveautés. Aujourd’hui, deux nouvelles galettes se présentent à nous : le tout premier essai, en format court, d’Unda Sway et « Reset », plus long, d’Awoga.

Unda Sway « Lambda #1 » (18 décembre 2020) chez Banzaï Lab -HIP HOP-

Unda Sway, c’est un tout nouveau projet hip hop originaire de Bordeaux qui compte bien surfer sur une vague métissée : entre soul, blues et rap, le groupe semble avoir un horizon complètement dégagé devant lui.

A l’image de Changes, en mode hip hop/blues, il semblerait que le duo ait bien envie de détourner les codes pour proposer une musique à son image, hétéroclite. C’est donc d’abord en anglais qu’il se lance, dans une sobriété qui se voudrait heureuse, et ça fonctionne : ce premier track reste en tête, le son crépite, on se laisse bercer par la guitare. La suite bascule en français et le MC Thomas Anton lâche la bride : son rap ronronne et c’est dans un flow couché dans du velours qu’il se décide de quitter Charlie Carrie. Différent et efficace !

Dans ce petit EP qui ne dure « que » 10 minutes, l’auditeur a toutefois le temps de capter les nombreuses influences du groupe : si l’ambiance devient plus lourde sur Duty clan, on sent l’appel du pied à l’abstract hip hop qu’a l’habitude de distiller Al’Tarba… et c’est en se jouant des scratches qui fleurissent sur l’EP, chouchoutés par Yoüg, que l’on voit bien son terrain de jeu.

Ce dernier s’achèvera sur Watchies, un peu plus US, un peu plus cyclique, qui ne créera pas l’unanimité… mais qui a le don de démontrer que Unda Sway compte bien toucher à tout dans sa phase de création.

A présent, on attend la suite !

Awoga « Reset » (2 octobre 2020) chez Subsquad Prod -DUB-

Drôle d’ouverture pour Awoga qui sonne une punchline assez classique mais finalement évocatrice de l’ambiance de l’album : « close your eyes and open your mind ». En effet, les conditions optimales d’écoute de ce « Reset » sont relativement simples : lâcher prise et enchainer les morceaux les uns à la suite des autres afin d’en comprendre le cheminement et les univers explorés au cours du voyage. Le tout en se laissant bercer par le droïde qui accompagne l’intro de Close your eyes.

Emporté dans le vent, Le crépuscule tend une première main, douce et sincère, vers une invitation digitale qui grouille de surprise : les instruments à vent y côtoient le violon et c’est un aller sans retour vers un morceau qui est un des incontournables de l’album. Une montée directe vers un dub/electro rythmé, sans accroc, où les basses font échos à une sérieuse envie de bouger la tête…

L’enchainement avec Armageddon serait presque dommage tant le côté assez simpliste du morceau, peu soumis à des changements de rythme, se place en opposition du morceau précédent. Dans ce décor bien digitalisé, Missed amorce une descente maîtrisée où, en levant le pied, Awoga se dirige vers un dub plus oriental, un peu à la manière des débuts d’Ondubgroud, avant que Sphère ne fasse que confirmer ce constat : direction la stratosphère pour skanker !

C’est finalement Depth, du haut de ses étonnantes 2 minutes, qui va faire office de transition : le masque tombe, Wrongtom se met à gronder ! La frénésie s’empare alors d’Awoga : cap vers un dub plus sombre, plus UK, sans oublier les influences steppa, pour finalement opérer une bascule insoupçonnée vers un métal hurlant, marqué au fer rouge. Les riffs de guitare rugissent et cela risquent d’en désarçonner plus d’uns… C’est la deuxième claque de ce « Reset ».

L’ambiance devient alors hybride (Mutant), l’intensité monte d’un cran et, malgré la toile de fond steppa, Awoga a rejoint le côté obscur de la force… Un Reset s’impose ? Pas dit. Bien décidé à défricher dans les sillons de la compo précédente, la machine repart, sans vouloir se retourner. A retrouver en live, assurément !

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