Un voyage au hasard de la poésie, avec Barrio Populo

7 min de lecture

Ils semblent inarrétables : Barrio Populo remet le couvert ! Deux ans seulement après « Kordobella » (chronique ICI), après deux tournée dont l’une (re)mettant, avec mastria, en chanson la poésie, le groupe stéphanois sort son troisième album « Géographie du Hasard« . Un album qui surprend au premier abord, et à travers lequel le Barrio Populo marque encore un peu plus de son empreinte le monde de la chanson, avec envie et mélancolie.

Barrio Populo Géographie du Hasard

Pour cet album, Barrio Populo s’est armé d’une intimité assez nouvelle, d’une douceur dans la confection des textes et des musiques qui enrobe l’album et fait resurgir les sentiments (ton sentiment me fait du bien au sentiment, aurait dit Ferré). Les cuivres sont dosés avec parcimonie, l’enregistrement fin témoigne d’une réelle envie de faire sonner naturellement cet album, et l’on s’y plait sans difficulté. Est-ce de ce hasard qu’est née la pochette, qui marque et reste dans les mémoires ?

Ou alors est-ce des voyages? De ces voyages et de ces rencontres avec les lieux qui les ont marqués et les tranches de vie qu’ils y ont passé. L’album s’ouvre ainsi sur la (re)découverte de Cuba et de Dunkerque. La plume fait mouche d’emblée, dans cet univers moite et envoûtant, où la guitare propose ses premières envolées. Cuba ce rêve, Cuba cette réalité, Cuba…

« Mon histoire égarée, mon amante des îles
Ton mensonge est le même que dans nos froides idylles
L’illusion reste là dans cette vie pendue
Que tu troques enjouée à ton ange déçu
Cuba… »

Venise est un autre de ces voyages, un tout nouveau pour l’auditeur qui se laisse perdre dans les embellies du piano qui accompagne toute la chanson. A l’écriture faussement anarchique, à l’interprétation faussement désabusée, ce titre est entrainant au possible, et montre, ci besoin était, que le groupe reste un groupe avec des convictions, avec des coups de gueule, justement dosés mais toujours humains, toujours.

Joie et bonheur, Souvenirs d’un humain… les titres s’enchaînent et l’album ne perd absolument pas en intensité, il se renforce même au fur et à mesure des chansons (l’album dure plus de 50 minutes, ce qui reste rare à l’heure de la consommation toujours plus rapide). Plus que sur les deux précédents albums, les chansons sont enrobées de mélancolie, d’une poésie plus subtile qui ne se donne pas facilement, mais qui vous le rend au centuple lorsque vous l’avez entre les oreilles. L’orchestration des huit musiciens est également garante de la qualité d’écoute de cette album, plus épuré, peut être plus profond. Dans « Géographie du Hasard », on y alterne les émotions, et l’on y parle beaucoup d’amour, surtout, comme toujours avec Barrio Populo.

« Où sont les incendies des aubes effrénées
où l’on pleurait les beautés inattrapables
L’amour insondable, les profondeurs envolées
L’instant où l’on s’arrêtait, un temps improbable. »

Quelques envolées aux allures beaucoup plus rock’n’roll jalonnent l’album, et lui offrent la fraîcheur d’une pluie soudaine, comme Orage, au titre simple, mais qui gronde et résonne longtemps après l’écoute de cet album. Avec ce titre Barrio Populo se réapproprie un univers rock qu’il refaçonne à sa sauce, toujours inattendu, sans rentrer dans le classique, dans le déjà vu.

Dan ou Factrice s’inscrivent dans la veine des chansons-rencontres, où l’on découvre et l’on s’attache à des personnages avec qui l’on imagine partager des tranches de vie, des tranches d’espoir. En musique.

Avec Grand frère, on touche au sublime, ou comment l’émotion peut magnifier les événements les plus terribles. C’est là toute la force de la musique du Barrio Populo, comme le firent avant eux Léo Ferré ou Noir Désir. Le disque entier transpire de sentiments et d’énergie, c’est de cette sincérité que naît l’envie que l’on a de se plonger dans ce monde de hasard.

« Grand frère je pleure encore
J’aurais tant aimé qu’tu sois là à m’écouter brailler à la mort
Grand frère tu me hantes
J’veux pas qu’on t’oublie alors j’te chante, alors j’te chante »

Pour terminer sur une note plus fine, comme ce fut le cas avec Street Music au cœur de « Kordobella« , le groupe offre à nouveau un hommage hors des normes à la musique. Burlesque, poétique et musicale à souhait, détonante et fraiche, sur l’ile de Corps fous, on s’y sent bien, on s’y sent ensemble.

Pour son troisième album, le Barrio Populo a mis les petits plats dans les grands. Réussissant à surprendre, tout en gardant cette juste harmonie entre des paroles denses et profondes et une musique équilibrée,  qui fait désormais sa marque de fabrique, le groupe agrandit sa palette musicale. Plus mélancolique, plus amoureux, mais toujours rempli de choses à dire, de choses à entendre, « Géographie du Hasard » est d’ores et déjà un album à mettre entre toutes les oreilles. Cet album s’inscrit dans cette idée de méandrer leur parcours musical, pour mieux rejoindre la mer.  Paroles et Musiques, tout concorde et sonne juste. Bravo.

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. Cuba
2. Dunkerque
3. Dan
4. Joie et bonheur
5. Factrice
6. Orage
7. Amour libre
8. Venise
9. Souvenirs d’un humain
10. C’est comme ça
11. Grand frère
12. Corps fous

Sortie : 14 octobre 2016
Durée : 51 min
Genres : Rock / Chanson Française
Album: 3ème
Label  : Carotte production

Bapt

La musique ou la mort?
On peut chercher des réponses à nos questions à travers différents miroirs de notre société, la musique demeure l'un d'eux.
La musique est un indicateur de la santé des temps qui courent.
Sa force à faire passer toutes les émotions et tous les rêves est indiscutable, et indispensable aujourd'hui !

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