Stupeflip « Stup virus » (2017)

9 min de lecture
Critique stup virus stupeflip 2017

King Ju est de retour. Putain qu’il était attendu. Il faut dire que l’explosion de la campagne Ulule a traduit l’incroyable engouement des lapins qui n’a jamais faibli (les adeptes en transe). Avec « Stup virus », Stupeflip signe là un retour qui ne passera pas inaperçu. Avec sa cagoule bien vissée sur la tronche, King Ju refuse le monde adulte. Pourtant ils ne sont plus cramés dans les FNAC…

Entrer dans le Stup Monastère n’est pas une mince affaire. Après cinq années passées sous silence, King Ju était en réalité tapi dans l’ombre. Bien que la menuiserie soit à l’arrêt depuis l’excellent « The hypnoflip invasion », King Ju ne s’est jamais arrêté de prendre des p’tits bouts trucs et puis de les assembler ensemble. Même s’il a bien failli y perdre les clés du mystère au chocolat dans l’histoire.

Face au Pognon Tour terminé un soir d’août 2013, les questions demeuraient. Avec « Terrora !!! » (2012) dans les tuyaux, de nouvelles briques étaient posées : moins de guitares, plus de beats et de samples, moins de Cadillac et de MC Salo aussi, le résultat était autant stupéfiant que surprenant. Cinq ans plus tard, le constat est simple : toutes les régions sont annexées et les trois ères bouclées. Pourtant on connait bien la formule : le Crou ne mourra jamais et le truc est bien vivant dans les têtes.

En balançant The antidote après le noël des simples mortels, King Ju a d’abord dévoilé un premier contours de « Stup virus » même s’il était impossible d’en deviner précisément sa silhouette. Le morceau, fidèle à l’univers du Stup, a d’abord créé la discorde : les lyrics, et c’est implacable, fracassent. Même s’il renferme évidemment une certitude (« si tu te sens à bout, si tu as pris des coups, faut que t’écoutes le Stupeflip Crou ! »), ce premier single a peiné avec son refrain assez formaté. Un peu comme si Pop Hip voulait taper l’incruste d’entrée… alors que cinq ans plutôt, Stupeflip, vite ! donnait le ton sans laisser la part au doute. Finalement, le second single dévoilé il y a quelques jours fit office de remise à niveau : Understup, en mode « terroristes bienveillants », garde son esprit d’enfant avec Colette et son slogan « le Stup persévère, stoppera les guerres sur la Terre !! ». Une nouvelle fois les lyrics sont très bons, les basses puissantes, et le combo hip hop poisseux fonctionne. King Ju règle ses comptes et sort la grosse machine : « c’est ma nouvelle stup attack altruiste anti-médiatique / le truc qui est bandé comme un arc, tendu comme une catapulte / tu écoutes le groupe culte qui refuse le monde adulte ».

Outre ces deux premiers single connus, l’arrivée de la stup dose dans nos veines va mettre un peu de temps avant de se diffuser : « Stup virus » est donc composé de 19 titres et la place accordée aux skip est bien entendue conséquente pour favoriser l’immersion. La première écoute désarçonne. La seconde nous fait clairement vaciller. Personne ne pourra le nier : ce « Stup virus » surprend même après plusieurs écoutes. Il arrive aussi à se faire une place, bien au chaud, dans l’univers chaotique monté de toutes pièces par le Crou.

La tendance à la suppression des guitares s’est en tous cas confirmée, creusant un peu plus la fosse aux idées communes des débuts à l’exception d’un Knights of chaos bien court. Plus calme et moins hurlant, King Ju réalise peut-être que les années ont passées en favorisant un album beaucoup plus hip hop, plus oldschool aussi. Avec un rythme apaisé et des samples plus épurés, on sent bien que Stupeflip restera toujours un groupe à part dans le paysage musical français, avec ses codes, sa force de frappe et ses nombreux mystères (La seule alternative, Creepy slugs, The solution).

Entre deux doses, les effets se dissipent et King Ju peut partir loin (Stalactites) tout en laissant trop de liberté à l’insupportable Sandrine Cacheton, aka la voix de Google Trad’, qui ne nous lâche pas d’une semelle dans cette nouvelle ère. On aurait aimé plus de délires comme Fou-Fou ou l’assez drôle « aaaaaah » tenté par Pop Hip qui s’offre un dark track, synthés vintage, avec un tortueux Lonely loverz.

En manipulant tous ses stup concepts, King Ju persévère et dévoile un puissant Trou noir, en compagnie de MC Salo, qui montre un visage plus froid du Crou. Pourtant, le lapin sait redemander sa stup’dose. Crou anthem, reprend sa marche en avant et dévoile une instru entêtante au possible, scratchée, qui nous force à redescendre dans le temps. Digne des samples de l’épopée de la planète mars’ (clin d’œil à « L’ombre est lumière »), King Ju s’offre un sacré bain de jouvence. Le Stup virus se propage, « le Crou pénètre tes oreilles, il te grignote la tête, il est trop chou comme ces petites qui font de la trottinette ».

Bien conscient d’être contaminé, la boucle est bouclée en toute logique en 1993 aux côtés de Cadillac. Ode d’une jeunesse meurtrie qui ressort brutalement, 1993 frappe et te martèle la tête pour raisonner sans cesse. Comme si le temps semblait s’être arrêté sur les débuts du Crou, le track dégage une émotion incroyable.

Il est certain que cette nouvelle ère du Stup est la plus froide… et y pénétrer n’est pas une mince affaire à la première écoute. Après plusieurs excursions aux côtés de King Ju, ce « Stup virus » semble plus personnel au niveau des textes, plus oldschool… plus hip hop façon 1993 en somme. Après tout, King Ju avait clairement annoncé la couleur de son futur album sur la piste cachée de « Terrora !! » en disant que « le punk enragé, c’était fini ». Cela n’empêche pas de souligner que certains morceaux sont plus lisses que lors de précédentes stup attack, freinant la propagation de ce doux poison dans les veines des lapins…

Prendre une stup’dose, laisser agir et décrire les sensations. Libre à vous de laisser propager le « Stup virus » ou de prendre l’antidote. Dans tous les cas, le Stupeflip Crou ne mourra jamais.

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. Intro
2. The antidote
3. Creepy slugs
4. Cosmocrou
5. La seule alternative
6. The solution
7. Knights of chaos
8. Stup virus
9. Des nouvelles de Pop Hip
10. Lonely loverz
11. Understup (feat. Colette)
12. Stalactites
13. Fou-Fou (feat. Colette)
14. 1993
15. Grosse tête
16. Crou anthem
17. Le trou noir (feat. MC Salo)
18. Forcefield (feat. Sandrine Cacheton)
19. Pleure pas Stupeflip

Durée : 1h00
Discographie : 4ème LP
Sortie : 3 mars 2017
Label : Etic System

4 Comments

  1. Yo, je n’ai pas lu la critique pour être honnête, je voulais juste vous dire que c’est vraiment pas cool de pourrir l’espace commentaire de Deezer avec votre pub a la con, 😡 C’est pas bien méchant, mais le spam donne envie de tout, sauf de vous prendre au sérieux

  2. Bon deuxième écoutes et toujours la même conclusion, ici on est face a un album de king ju pas un album de Stupeflip. Il y plane comme une volonté de changer de direction, surtout au niveau des instrus. Au final l’écoute de l’album passe comme un Tgv, énormément de remplissages rien de vraiment neuf, on a l’impression d’écouter la même chanson en boucle du début à la fin.
    je crois que cet album sonne un peut comme la fin de stupeflip.

  3. Ou pas Granamir, comme vous/toi j’ai eu du mal sur les 3/4 premières écoutes ce n’était pas la claque Hypnoflip dont je n’attendais rien mais qui m’a forcement cueilli autant le Virus sur le coup je suis resté froid et déçu… Et je me suis souvenu de ma jurisprudence personnelle connue sous le nom Neon Bible de Arcade Fire, fan de leur EP et surtout de Funeral j’ai pris une douche en écoutant pour la première fois Neon Bible mais après 5/6 écoutes et le « décryptage » des textes c’est devenu un de mes albums préféré (chose que l’on ne peut pas dire pour la suite mais j’espère que ce n’est pas une autre jurisprudence :p )
    Donc revenons à nos Lapins : Oui même après une dizaine d’écoutes certains morceaux restent un peu « creux » et il manque dans cette album des tracks un peu délirant comme « gem’ lé moch » ou rageur comme « A bas la Hiérarchie » mais tu finis par choper le virus, par défaut peut être, mais ils ou il plutôt (Ju, le reste du Crou étant mystérieusement peu présent ou ont déjà ) ont choppé le poids des ans en pleine face et « 1993 » semble confirmer cette théorie. Et peut être que moi aussi j’ai subi l’épreuve du temps 😉

    Bref TL;DR : à écouter 7/8 fois en autarcie complète pour apprécier ou vraiment détester mais perso après une douche froide j’ai appris à apprécier

    • oui, on verra plus tard, peut être comme avec le vin lol je l’ai remiser et le ressortirai certainement un jour pour voir si le goût amer est parti avec le temps 😉

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