Stand High Patrol : quelqu’un aurait-il récupéré nos tympans? (Paris, 75) 08.02

9 min de lecture

Crédits photo : standhighpatrol.com (cette photo n’est pas issue de la soirée DownTone)

Le Virgo accueillait une grosse nuit dub à l’occasion de la première « DownTone », avec Stand High Patrol en tête d’affiche. Une première sans aucun doute réussie pour les organisateurs… Un peu moins pour la santé de nos tympans !

C’est au pied de la Tour Montparnasse que Stand High Patrol et le collectif Sonotown organisaient la première “DownTone”, une “nouvelle soirée destinée à défendre une vision ouverte de la bass music et du soundsystem”. Direction donc le Virgo, le plus grand club de Paris avec une capacité de 1700 personnes au sein de ses deux salles. L’aspect bunker de l’entrée du site laissait présager un style brut et efficace. Mais loin de l’ambiance roots promise par l’affiche et par un public à la hauteur de l’événement, l’impétuosité de la sécurité n’invitait pas à entrer d’un bon pied dans la soirée, tout comme le prix exorbitant des consos. Comme le commente un skankeur, “on est loin du stack dans les champs”. Le paradoxe entre le lieu (type club classique) et l’esprit dub soundsystem s’expliquait avant tout par la capacité d’accueil du Virgo, sa double salle et sa proximité de la gare. Il n’en reste néanmoins qu’entre du gros dub et un lieu un peu frustrant, c’est toujours la musique qui gagne.

Alors pour commencer, nous sommes allés du côté de la petite salle pour déguster la cumbia digitale boosté à la basse des péruviens Dengue Dengue Dengue. Le mapping réussi et la tenue masquée des deux DJs donnaient le ton de la performance. Le groupe nous a proposé une électro tropicale et psychédélique très rythmique. Malgré le peu de cuivre et l’absence de guacharacas samplés, le style cumbia se devinait largement et n’a pas manqué de décoincer les hanches de nos amis d’un soir. On a hâte d’écouter l’album de ces deux péruviens aux casquettes aussi originales que leur musique : dingue, dingue, dingue !

Dengue Dengue Dengue Virgo Paris février 2016
Dengue Dengue Dengue / crédits photos : Clemonstro

De l’autre côté du Virgo, Dub Dynasty envoyait déjà du bois au milieu d’un mapping grandiose (le même que pour Stand High), réalisé par Kazy. La famille Steppa était en place un live très spirituel. L’infatigable icône du dub underground anglais Christine Woodbridge nous a particulièrement impressionné. Sa ligne de basse très percutante est un véritable métronome qui bat depuis maintenant 40 ans pour le plaisir de nos oreilles. Alpha fils, accompagné du chanteur Jonah Dan, ont sublimé cette prestation de haut vol. Vous ne les connaissez pas? Ecoutez ce petit bijou Thundering Mantis, vous nous en direz des nouvelles.

De l’espace fumeur extérieur très appréciable aux trois différents bars, l’ambiance est particulièrement chaleureuse. La dub family s’est retrouvée autour de cette belle programmation et les sourires témoignent d’un kiff général. Les dreadlocks continuent de se balancer devant les murs de sons, même si aucune lock n’atteint la taille de celle de Roots Atao, grand vainqueur de la compétition.

Roots Atao Virgo Paris février 2016
Roots Atao / crédits photos : Clemonstro

Et puis est venu le temps de la tête d’affiche de la soirée. La grande salle était largement remplie pour accueillir Stand High Patrol. Les bretons ont fêté leur première résidence parisienne au Virgo avec l’intention de marquer les esprits et ils n’y sont pas allés de main morte. Pupajim lançait les hostilités avec sa qualité vocale exceptionnelle pour mener un Stand High Patrol très énervé. Merry, qui surfait sur une belle inspiration mélodique, apportait la juste rondeur autour du son carré, vif et précis de MacGyver et Rootystep. Le show est alors monté en puissance et les basses en intensité. En reprenant en partie ses albums “Midnight Walkers” et “A Matter of Scale” (Geography, Warehouse entre autres) et en se faisant un bis repetita sur le classique Rub-a-dub Anthem (de High Tone), les trois compères font vibrer le public. Vibration toujours : quand Roots Atao reprit le lead à la pause de Stand High, il n’hésita pas longtemps avant de nous montrer la capacité sonore de son installation. Les crash barrières tremblaient autant que nos tympans. On s’arma de boules Quies pour profiter de la progressivité du son. La fin du set concluait un show de grande qualité avec une puissance impressionnante. La patrouille pouvait se tenir debout, la tête haute pour apprécier les applaudissements du public, encore en masse à 6h du matin.

MacGyver et Rootystep Virgo Paris février 2016
MacGyver et Rootystep / crédits photos : Clemonstro

En se décrivant comme “invitant à décloisonner les styles et à palper les ponts qui les unissent”, la “DownTone” a réussi son tour de force, à l’image d’un public (paritaire) de tout horizon. De l’avis de Morgan, manager de Stand High et co-organisateur de la soirée, la prochaine date “DownTone” en mai continuera d’explorer les méandres du dub, dans une collaboration où “l’ouverture au mélange des styles rend tout possible”.

A la sortie du Virgo au petit matin, nous avons recueillis quelques témoignages pour prendre le pouls de l’état d’esprit général :

« La soirée était géniale ! J’ai trouvé le son très diversifié avec un son dub qui allait chercher vers de la soul. Ce que j’ai le plus kiffé ? L’ambiance, les gens, le fait qu’on soit très nombreux mais tous unis par la même passion. Ce que j’ai le moins aimé ? Le prix des boissons ! Est ce que tu reviendras à la prochaine Downtone ? Oui je pense, d’ailleurs je l’ai déjà noté. » Thibaut

« C’était une bonne soirée, ma première au Virgo. Il y avait beaucoup de monde et la disposition des murs était assez originales avec le groupe au milieu et quatre murs dans les coins. J’ai trouvé le son assez déséquilibré avec des très bons aigus mais des basses trop fortes qui crachaient comme en extérieur. Mes coups de coeur ? J’ai bien aimé Dub Dynasty avec des passages techno de Détroit. Et la trompette sur Stand High Patrol ! » Horace

Crédits photos : Clemonstro

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