Stand High Patrol « A matter of scale » (2015)

7 min de lecture

Stand High Patrol, au fil des années, est devenu un des groupes français de « référence » sur la scène reggae/dub française. Tandis que les puristes en matière de dub continuent de tracer leur route sans se retourner, Stand High Patrol s’est forgé son identité à coups de dubadub à l’ancienne mais clairement dans son temps. L’écho des bretons, en 2015, résonne à présent sur toute la scène dub internationale. 

Stand High Patrol a peut être mis plus de 10 ans avant de sortir son premier LP en 2012 mais il est aujourd’hui un des sound system les plus en vogue du moment. Il faut dire qu’à force d’avoir usé les routes durant toutes ses longues années, sa côte de popularité n’a cessé de grimper. Trois ans après son retentissant « Midnight walkers » -que beaucoup considèrent comme un des meilleurs albums de reggae/dub sorti ces dix dernières années-, l’attente autour du trio a grossi à vue d’oeil.

Prenant un peu de court ses fidèles avec l’annonce tardive de « A matter of scale » pour ce début d’année, la bande à Pupajim partait en tous cas avec un sacré challenge à relever : comment faire mieux, voire aussi bien, que leur premier LP ? Si la magie du groupe opère systématiquement lors des ses sorties live ou en sound system, l’auditeur est de plus en plus demandeur de s’éclater aussi dans son casque. Inutile de décrire donc toute l’excitation autour de l’arrivée de ce second LP, inespéré si tôt.

Autant être honnête, c’est tout d’abord la déception qui a pré-dominé suite à la première écoute de ces treize pistes. Rythme plus lent, style plus posé, dub digital moins incisif, cette première écoute a manqué de punch et pousse à croire que l’album a été réalisé à la va-vite. Puis comme une galette doit surtout se déguster en plusieurs fois, nous y sommes repartis les deux pieds en avant. Et à bien y regarder, il semble impensable de qualifier ce second opus de « faux pas ». Dans ce « A matter of scale », on retrouve bien tous les ingrédients traditionnels de Stand High : du dub, des samples hip hop, des notes jazzy, ce dubadub si particulier qui leur confère cette place à part dans le paysage du genre français. Ce dub malaxé et torturé par les trois lurons est donc une nouvelle fois expérimenté avec une maîtrise certaine. Il y a effectivement plus de légèreté et de ballades ‘dubby’ sur cet opus avec Tempest, Sleep on it ou encore le cuivré Geography, mais l’album regorge d’influences.

En réalité, « A matter of scale » va monter en puissance tout au long de ces quarante cinq minutes de son. D’entrée, dès la seconde piste, une bombe va débouler avec un reggae poisseux, No matter how long it takes, à l’ancienne, proche du célèbre Chase the devil de Max Romeo. De ces cocktails détonants, l’opus en regorge : Gambling johnny, à la sauce reggae/digital, reprend les reines avant qu’Overloaded truck n’enfonce le clou ! Avec le flow toujours percutant de Pupajim, Mc Gyver et Rootystep s’en donnent à coeur joie !

De ces bombes roots émanent également ces fameux brûlots marqués au fer rouge par le hip hop (Ruckus, Style and city…), lançant la charge de la machine Stand High. Certain de leur force de frappe et convaincu que le crew sait maintenir le cap, leur auditoire ne sera pas déçu : s’il espérait retrouver ces tracks poussant à skunker, on laissera de côté Routine, réchauffé et déjà entendu, ou Blue wax, trop court pour réveiller les sens, pour que l’aïoli prenne sur des « classiques ». Warehouse, véritable arme de destruction (de dub) massive, est sombre, rempli de grosses vibes et n’en finira plus de résonner à coups de beats vrombissant. Et tout s’acclère, quitte à rompre ses chaînes, avec les deux tracks de fermeture : The bridge, est un appel au live avec ses influences steppa, tandis que The tunnel ferait presque regretter que l’album s’achève sur ce dub maîtrisé à la perfection !

Ce « A matter of scale » est très bon. Et même s’il n’est pas aussi excellent que « Midnight walkers » (2012), il le tutoie. Malgré son rythme plus lent, il ne l’empêche pas d’être massif et puissant. Le flow de Pupajim est toujours aussi cinglant et inimitable, doté d’une dextérité implacable. L’album porte en tous cas bien son nom, « une question d’échelle », en effet Stand High Patrol continue son exploration des genres, l’expérimente, et les module à son image.

 

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. Tempest
2. No matter how long it takes
3. Geography
4. Gambling Johnny
5. Sleep on it
6. Routine
7. Overloaded truck
8. Blue wax
9. Ruckus
10. Warehouse
11. Style and city
12. The bridge
13. The tunnel

Album : 2ème
Sortie : 19 janvier 2015
Durée : 45 min
Genres : Reggae / Dub

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