Les artistes au temps du Covid-19, rencontre avec On S’en Tape ! #5

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on s'en tape interview 2020
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La crise sanitaire du Covid-19 impacte tous les secteurs de la musique et bien évidemment les artistes. Nous sommes partis à leur rencontre afin de comprendre comment ils vivaient cette période particulière. Cette fois, c’est le collectif On S’en Tape !, découvert pendant le confinement du printemps, qui a le bâton de parole sur Le Musicodrome.

Avant de commencer, pouvez-vous présenter votre super concept artistique en quelques lignes ?

On S’en Tape : On s’en Tape c’est un duo de musiciens, Vincent à la guitare classique et au chant, et Gabriel à la percussion et au chant. Mais pas n’importe quelle percussion ! De la ‘bodypercussion’ ! Gabriel se tape littéralement sur lui ! Avec un plancher fabriqué par un luthier et quelques micros disposés sur son corps, il est une véritable batterie sans batterie ! Le petit plus, c’est que Gabriel est aussi magicien depuis longtemps… le délire de notre concert, c’est des tours de magie dans chaque morceau !

Tout le secteur de la musique est à l’arrêt depuis le mois de mars. Comment avez-vous vécu toute cette période en tant qu’artiste ?

On S’en Tape : Comme la plupart de nos amis artistes, nos dates en festival ont été reportées à l’année prochaine… On a été chacun chez soi pendant deux mois ce qui n’aide pas tellement pour répéter ni gagner nos vies. Mais on a pris ce moment sereinement et avec philosophie. C’était un moment spécial pour se mettre en pause et prendre le temps. Nous pensons que tous les moments de la vie influent et nourrissent notre musique, on en a alors profité pour vivre cette nouvelle expérience, qui nous a forcément fait grandir. Et on s’est pas tellement arrêté de faire de la musique, chacun de son côté mais par vidéo interposée, envois de sons et appels téléphoniques. Pour Gabriel qui est magicien, toutes ses dates en cabaret ont été également annulées, ce qui fait quand même un grand vide moral !

Vous en avez profité pour sortir des clips « confinés », notamment la reprise de « Voyager intelligent » avec Gari Greu (Oai Star). Comment avez-vous procédé ?

On S’en Tape : Le confinement a été l’occasion de s’amuser à tourner des vidéos de magie musicale ! Tout est né par téléphone, entre Eric Burbail, le metteur en scène, Vincent et Gabriel, les idées fusaient ! Nous avons commencé à faire des vidéos courtes de magie, des scènes de vie confinées, accompagné à la guitare par Vincent. Puis nous est venu l’idée de tourner des clips confinés de quelques morceaux !

Niveau vidéo, on n’était pas des pros… Le premier clip qu’on a tourné c’était avec notre ami JaMin, et lui il assure plutôt bien bien avec ses clips. On a appris avec lui : faire plusieurs plans à différentes distances du téléphone, faire les cons devant la caméra et mettre de la dynamique dans les clips ! Et après il faut compter les heures de montage vidéo et de calage du son : et là, c’est Gabriel qui a assuré là dessus.

Après ce premier clip avec JaMin, on était super chaud, on a donc tourné Voyager intelligent, avec Gari Greu en marin derrière son téléphone à Marseille, Vincent dans sa cuisine et Gabriel dans son bureau ! Pour ça, il a suffit d’un coup d’appel vidéo avec Gari pour qu’il nous dise qu’il était super chaud, et qu’on commence à réfléchir et pondre le style du clip ! Puis on en a fait d’autres avec Xane, un feat avec des magiciens (pourquoi seulement des musiciens), puis pour finir avec tous les amis qui nous ont fait un sourire sur notre compo L’heureux Leurre.

Il n’y a pas eu que ça, il y a eu aussi des covers… Mention spéciale à « Désordre », la traduction du morceau « Toxicity » de System of a Down ! Est-ce que toutes ces vidéos étaient prévues ou vous avez profité du confinement pour être très actif côté com’ ?

On S’en Tape : On voulait faire des clips mais on ne trouvait pas le temps (ni le budget…) ! Le confinement, en quelque sorte, nous a permis de les tourner en mode « fait maison »… Un bien pour un mal, on dit ! Tout cela n’était donc pas prévu, le fait de faire des covers avec des amis sur les chansons de notre spectacle a été le fruit du confinement… Fallait bien qu’on se marre et qu’on continue de faire ce que nous aimons !

Seuls face à une caméra, ça doit être un peu étrange, sans la chaleur humaine ?

On S’en Tape : Oui c’est assez étrange… d’abord, c’était une première de se filmer ! On n’y connaissait rien… et puis après chanter et faire le con dans sa chambre ou ailleurs tout seul c’est un peu perturbant ! Ça n’a pas beaucoup de sens sur le moment… après pour les sourires et la connerie, on arrivait à bien faire, faire de la musique même tout seul ça donne quand même le sourire et c’est pour ça qu’on le fait !

Vincent habitant en colocation demandait à ses colocs de pas faire trop de bruits pendant qu’il se filmait, et plusieurs matins ses colocs le retrouvait en chemise blanche, nœud pap et maquillé ! Gabriel, enfermé avec sa compagne et sa fille de 2 ans dans un appart, a du s’y prendre à plusieurs fois avant d’obtenir des prises non perturbées !

Quel est votre avis sur la SACEM et la proposition de rémunération de ces « performances » en ligne ?

On S’en Tape : La SACEM a du aussi s’adapter à cette période et à ce que les artistes ont proposé. Les concerts filmés en direct ont été bien suivis et ça apportait de la musique chez les gens, c’est génial ! Alors une rémunération de ces performances semble tout à fait logique pour nous ! Mais nous savons que ce ne sera pas suffisant pour sortir à tous nos amis artistes la tête de l’eau…

On voit tout de même redémarrer la musique dans des petits lieux, des scènes en plein air…  Votre été à ressembler à quoi ?

On S’en Tape : Dès le déconfinement, on a écrit à une centaine de lieux (guinguettes, bars éphémères, salles, campings…) pour simplement revenir jouer et revoir les gens ! Finalement, on a joué dans des jardins, des fêtes privées avec une centaine de personnes. On repense au Tra’ssemblement dans le Tarn avec plein d’ami.e.s et fans de Massilia, une soirée en Ariège où on a fait la première partie de Gari, Mourad et Blu ! On a même joué avec eux sur leurs dernières chansons ! C’était trop chouette ! Fin août on joue pour un mariage même…

En résumé, notre été a été assez actif, on a revu plein de sourires, dans la bonne humeur, ça nous a fait un bien fou ! Plus de gros festivals, mais des nombreuses personnes solidaires qui s’organisent pour que la vie, l’échange et les rencontres continuent d’exister. Merci à eux, ça fait chaud au cœur !

Est-ce que vous pensez que les gens vont avoir envie de revenir dans les salles à la rentrée tandis qu’une deuxième vague est annoncée ?

On S’en Tape : Se retrouver dans les salles, c’est nécessaire. C’est un besoin ! On nous entasse dans des trains, des métros, des bureaux open space et on n’aurait pas le droit de voir une pièce de théâtre ou d’écouter un bon concert ? Il est important pour le bonheur de chacun de se sentir entouré dans le respect des gestes barrières !

Comment soutenir au mieux les artistes ?

On S’en Tape : Être présent sur tous les fronts ! Regarder et partager les vidéos et liens sur la toile, mais aussi venir dans les soirées concerts un peu partout parce qu’il y a des gens qui mettent toute leur énergie dans l’organisation !

Et nous en tant que public, comment peut-on soutenir les artistes ?

On S’en Tape : Écouter les chansons, les faire tourner, chanter, danser, les reprendre avec sa guitare pendant un repas de famille, et être à l’affût de chaque concert de nos artistes préférés et aller les voir !

Un grand merci à On S’en Tape pour avoir accepté de répondre à nos questions. Si vous voulez savoir si le collectif passe près de chez vous, n’hésitez pas à vous rendre sur leur page Facebook ici.

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