Odlatsa a vu l’homme qui a vu l’homme, pour son premier album (2015)

7 min de lecture

Nous savons depuis des années que Saint-Etienne et ses alentours regorgent de petites pépites musicales, d’artistes et de groupes de talent qui ne demandent qu’à se réveler au grand jour. C’est le cas d’Odlatsa, les jeunes saltimbanques ont sorti leur premier cd : « L’homme qui a vu l’homme » après avoir arpenté les scènes régionales. Un brin de folie dans ce monde de brutes !

Les cinq musiciens commencent à se faire un nom, un calembour, un bon jeu de mot que l’on retient et qui résonne. Notre première rencontre avec Odlatsa remonte à l’automne 2013, en première partie des Ogres de Barback. Déjà il apparaissait logique que les six compères allaient faire un bout de chemin musical ensemble (Live Report d’Odlatsa à la Capitelle). Deux ans plus tard le premier opus est dans les bacs, avec encore plus de maturité !

Le premier album du groupe ligérien s’ouvre sur Alligator, qui avait su nous séduire en live. Quelle joie de voir que le plaisir est toujours présent devant cette histoire d’un amour déchu que nous avons tous connu. Comment qualifier l’ouverture du disque ? Sérieuse mais rigolote, triste mais qui nous arrache un sourire, sobre mais enivrante. Dès la première chanson, on ressent une réelle complicité entre les six mousquetaires, et les présences féminines au violon et à l’accordéon se marient à merveille avec la voix chaloupée et entraînante de Xuân Dao. À ne plus savoir où jeter les oreilles !

« Je sais qu’j’ai tort / mais j’suis amoureux / d’un alligator / avec les yeux bleus »

Si le groupe commence à se faire un nom, on pense à ses premières parties de La Rue Ketanou pour une soirée mémorable au Fil, ou un passage au Foreztival cet été, c’est qu’il a aussi des choses à dire, à chanter et à gueuler. 
Et il sait les dire, car cet album regorge autant de coups de gueule que d’histoires de coeurs. Ô frères humains détonne par rapport au reste du cd, avec la guitare en exergue et la contrebasse en renfort,  la recette est payante !

Si dans Un long exil, nous nous retrouvons au prise avec un crocodile, c’est une bonne excuse pour plonger dans l’univers d’un rock festif qui dresse un constat d’un monde terriblement trop réaliste.

« C’est un long exil / dans une cage à crocodile / apprend à te taire / ou à lâcher l’affaire / C’est un monde hostile / un boulevard des imbéciles / c’est pas sur la terre / que les hommes sont frères ! »

Sauve moi : le groupe lance un appel à l’aide, entre deux mondes, la chanson cosmopolite que peint à merveille Odlatsa a besoin d’aide, alors sortez les rames. 

A six sur scène, les compères occupent l’espace auditif à merveille, on ne perd pas une miette de cette musique aux multiples influences, qui risque bien de continuer de s’inventer son style tout particulier; et de se faire sa propre place dans le monde de la chanson.

Le navire Odlatsa visite de nombreux ports russes sur son passage. Entre Natascha, Sonitchka, et Marussia on passe de la valse à la chanson festive en un clin d’oeil, on s’asseoit pour savourer tranquillement l’aventure musicale mais on se relève instantanément aux rythmes des envolées folles du violon. Chacune de ces histoires de peine odieuse nous fait voyager, et nous donne envie d’aller visiter ces belles russes qui ont tant nourri l’inspiration du groupe.

Qui de Natasha ou de « l’homme qui a vu l’homme » est arrivé en premier ? Les deux se rejoignent sur cette chanson, qui nous berce dès son introduction, et dont le refrain tourne en boucle dans les têtes après une seule écoute, sans qu’on n’y puisse rien faire !

Odlatsa en quelques mots ? Le défi est de taille : un premier album rythmé, qui accroche et ne lasse pas, le groupe sait mettre de l’émotion dans les textes et faire infuser le tout. Tantôt avec des arrangements envoûtants où les percussions prennent une place discrète mais primordiale, tantôt avec des détours dans le monde du rock, et ses guitares qui s’énervent, et tantôt dans ce monde festif où l’accordéon et le violon se répondent et font tourner les têtes et les jupes. 
Les paroles faussement naïves à la première approche sont travaillées et sonnent bien souvent durement dans les têtes, Odlatsa propose un constat désabusé mais tourné vers le futur de la condition humaine et de la société qui pervertit ce monde. Des îlots restent vierge de ce désenchantement, c’est sur un d’eux qui vient s’échouer le radeau d’Odlatsa

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. Alligator
2. Ô frères humains
3. Natascha
4. Belle marquise
5. Sauve moi de moi-même
6. Sonitchka
7. Les affreux
8. Ô mon coeur
9. Marussia
10. État d’urgence
11. Un long exil
12. C’est toi que je préfère

Album : 1er
Durée : 48 min
Sortie : 23 octobre 2015
Genre : Chanson française

Bapt

La musique ou la mort?
On peut chercher des réponses à nos questions à travers différents miroirs de notre société, la musique demeure l'un d'eux.
La musique est un indicateur de la santé des temps qui courent.
Sa force à faire passer toutes les émotions et tous les rêves est indiscutable, et indispensable aujourd'hui !

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