« Atomic », la pureté selon Mogwai (2016)

5 min de lecture
Mogwai Atomic 2016

Aujourd’hui, Le Musicodrome vous propose des envolées atmosphériques pour planer tranquillement tout au long de la semaine. En l’occurrence, vous allez pouvoir vous délecter du dernier opus de Mogwai, « Atomic », une galette dont la pureté est tout simplement indiscutable.

L’univers de Mogwai est tortueux et instable, il n’en reste pas moins saisissant : les écossais voguent dans les méandres du rock progressif et du post-rock depuis plus de 20 ans et ils avancent sans se poser la moindre question. En dévoilant cet « Atomic », on y découvre que ce voyage n’est pas choisi au hasard, il illustre le documentaire signé Marc Cousins sur l’homme et sa non-maîtrise de l’atome, « Storyville: atomic – living in dread and promise ».  Les 70 ans de l’anniversaire d’Hiroshima en sont d’ailleurs le triste fil rouge.

Derrière cette bande originale, Mogwai fait jaillir un faisceau de lumière dans l’ombre, là où le soleil avait disparu depuis l’assaut des bombes. Ce n’est pas la première fois que le groupe s’affère à ce type de tâche, ses précédentes réalisations pour le cinéma avaient déjà fait sensation comme avec la BO de la série française Les Revenants.

Bien sûr, l’album est abordé avec un regard plus grave après le visionnage du documentaire mais une première écoute blottie dans le noir fera le même effet. D’un calme effrayant, où seuls les cuivres tentent de briser l’écho des ténèbres, Ether survole des plaines dévastées. Cette chaleur suffocante se retrouve aux quatre coins de cet album, l’odeur de souffre envahit l’air,  les nappages électroniques invitent les notes d’un synthé à s’exprimer (Weak force). A la limite de l’asphyxie, Pripyat dévoile un visage quasi-inconnu de Mogwai, un visage froid qui s’est fermé, ne laissant que l’expression d’un paysage de désolation envahir nos sens.

Projetées au beau milieu d’un monde fait de poussières, les traditionnelles guitares de Mogwai sont présentes mais plus discrètes : SCRAM en est le reflet, martelé par des boucles électroniques qui n’en finissent plus de résonner au milieu du néant. Le vide créé par Mogwai enveloppe les sens, U-235 fait froid dans le dos, pépite d’un autre temps ou d’un autre genre, chargée d’histoire. Ces nouvelles sonorités prennent l’auditoire à contre-pied mais la magie opère : Are you a dancer ? nous donne une nouvelle leçon… Dans ce champ de ruine où la vie semble renaître, le salut vient du violon, source d’espoir au milieu d’un Little boy qui laisse planer la menace par ses claviers.

La fin d’un temps se profile, dans le sang et le chaos, Tzar est comme un souffle, immense fracas rock porté par une mélodie calculée au millimètre qui explose de mille feux. L’émotion nous gagne, Fat man s’offre une dernière sortie et, sous son apparat de lumière, il laisse le piano seul aux manettes pour ponctuer cet album. Véritable album studio ou tracks sur mesure pour le documentaire, le constat est implacable : Mogwai vient de réaliser un coup de maître, une oeuvre qui prend ses distances avec le rock pour tendre vers un post-rock expérimental où l’électronique prend ses aises. A la fois grave et d’une dureté extrême, la profondeur de leurs nouvelles compositions est abyssale. Comme si le froid pénétrait nos chairs pour ne plus jamais en sortir.

Clip « Ether » Mogwai

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. Ether
2. SCRAM
3. Bitterness centrifuge
4. U-235
5. Pripyat
6. Weak force
7. Little boy
8. Are you a dancer ?
9. Tzar
10. Fat man

Album : BO
Durée : 48 min
Sortie : 1er avril 2016
Genres : Post-Rock / Electronique
Label : Rock Actions Record

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