Max Romeo & His Family Chase the Devil Out of Paris (11.05)

8 min de lecture

11 mai. De l’année 1981, le monde pleurait la disparition de Robert Nesta Marley des suites d’un cancer généralisé qui lui avait déjà ôté ses dreadlocks et son corps athlétique. Pirouette tragique de l’Histoire. De 2016, ce mercredi soir ensoleillé offrait aux amateurs de reggae de Paris et d’ailleurs l’occasion de fêter la légende de Trench Town. Pour se faire, une horde de rasta aux longues dreads poivre et sel dégustait tranquillement leur herbe médicinale devant l’entrée du Cabaret Sauvage. Situé au bord du canal de l’Ourcq, le magnifique chapiteau posait le cadre idéal pour une soirée remplie de positive vibrations. Et qui de mieux qu’une légende du reggae roots jamaïcain pour rendre hommage au Tuff Gong ? Mediacom Tour et Le Cabaret Sauvage nous ont offert un Max Romeo en pleine forme, du haut de ses 72 ans et 25 albums au compteur. 

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Avant l’arrivée du vieux sage, les Kayans ont assuré une très belle première partie. Jouant presque 1h30, le groupe français a distillé son reggae chaleureux, à l’ancienne, avec une énergie très appréciée par le public, déjà réuni en nombre. Le pull-up facile (soit 95% des chansons), les Kayans font monter la sauce. Dans la foule, tous les âges se côtoient avec ce même amour pour le reggae et ce sourire qui caractérise si bien son esprit. Déjà première partie de grands noms du reggae (Culture, LKJ, The Congos, Israël Vibration etc), les Kayans nous remplissent de bonnes ondes et préparent parfaitement notre envol pour Zion.

Pendant l’entracte, le public se rue sur la belle terrasse du Cabaret Sauvage pour profiter des derniers rayons de soleil et se griller une sèche. Tous nos sens sont en éveil sous un ciel magnifique rougi par le soleil couchant et par la kyrielle de cônes qui s’embrasent autour de nous.

21h30. Max Romeo salue le Cabaret Sauvage et le public lui répond frénétiquement, comme pour marquer l’immense carrière du chanteur. Maxwell Livingston Smith de son vrai nom se produit sur scène depuis plus de 50 ans. Aujourd’hui, si son corps se tasse avec les années, sa classe, elle, ne s’est point altérée. Un poil serrés sur cette petite scène, les six musiciens (deux cuivres, un clavier, une basse, une guitare, une batterie) lancent les premiers riddims et la foule s’exalte. Avec son fils et sa fille aux choeurs, Max Romeo attaque sur One Step Forward et fait monter la température. Sa voix semble faiblarde mais il nous prouvera largement le contraire par la suite. En attendant, il envoie sa progéniture sous les feux de la rampe. Azizzi Romeo, 17 ans et premier de cordée, fait vibrer ses cordes vocales sur Grow My Dread. Très à l’aise, Azizzi laisse valser sa gouffa au rythme de ses pas de danse, tout en finesse et volupté. Le public, impressionné, salue vivement le jeune Romeo. Le grand Max de retour annonce alors une autre perle de sa descendance : la belle Xana. Parée d’une tresse fleurale qui ne laissait pas retomber le taux de pollen dans la salle, de ses lunettes rondes et de sa robe rose, Xana offre avec Righteous Path un moment délicieux au public parisien, qui acclame massivement le petit bonbon.

_DSC1265Azzizi Romeo

Le goût du sucre encore en bouche, le Cabaret Sauvage se laisse alors de nouveau submerger par les envolées vocales de Mad Max. Le vieux sage varie avec brio les hauteurs de sa voix et emporte le Cabaret dans les abysses du reggae, submergé par le talent du jamaïcain. La foule, unie dans un même élan, danse passionnément sur les chucks du guitariste et le thermomètre du chapiteau ne cesse de grimper. Alors, quand Max s’époumone sur Tell Jah Say, la chaleur envahit les coeurs et le sourire est de cire. L’ambiance est exceptionnelle et ne retombe pas, loin de là, avec War inna Babylon. L’enchaînement fait tout exploser : “Lucifer son of the the mourning, I’m gonna chase you out of earth”. Quand les premières notes de Chase The Devil retentissent, on vous laisse deviner l’effervescence dans le parterre circulaire. Le public enfile son iron shirt et chante à l’unisson. Toute la famille est réunie sur scène, et le vigoureux Max enlace ses juniors, le micro -en guise de relai- à la main. Bien qu’il ait encore de belles années devant lui, difficile de ne pas y voir une passation, tant le talent des Romeo semble héréditaire.

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Les génies de l’île verte quittent la scène sous un tonnerre d’applaudissements après plus d’1h30 d’extase musicale. Les lumières se rallument, mais le public n’abdique pas et se casse la voix pour faire revenir le groupe. Rien n’y fait, Max n’est plus tout jeune et a déjà beaucoup donné. Sur la terrasse ou sous le chapiteau, le public danse et s’amuse encore longtemps après la fin du concert, comme si personne ne voulait quitter cet oasis de sérénité. Azziza et Xana discutent au stand avec les derniers spectateurs, avec toute l’humilité et la gentillesse transmises par le papa. Longue vie aux Roméo !

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Si à travers ces lignes, vous avez pu ressentir l’émotion de cette soirée magique, une séance de rattrapage est offerte par FIP Radio (à 1h11 – Tell Jah Say et à 1h29 – Chase the Devil).
Merci à Mediacom Tour et au Cabaret Sauvage pour les conditions optimales. 

Crédits photos : Le Musicodrome

Clem

Se réveiller tranquillement dans cette Concrete Jungle. Rouler à vélo en se disant que Demain c'est Loin. Prendre l'apéro à Chambacu et entendre gratter un peu de Guitare sud-américaine. Taper du pied sur Caldera. S'endormir à la belle étoile, laissant résonner le Groundation Chant. [Bob Marley | IAM | Aurita Castillo | La Rue Ketanou | Recondite | Groundation]

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