Hugo TSR et son Crew transcendent le TranSbordeuR (Lyon, 69) 06.01

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Le TSR Crew a ouvert la saison 2018 à coup de marteau samedi soir à Lyon, dans un Transbordeur à guichets fermés. La salle bondée d’une foule connaisseuse a été saisie à chaud par deux heures de concert underground exceptionnel. Le public et le TSR Crew en communion, comme une bouteille d’alcool et un chiffon imbibé d’essence. Un cocktail détonnant. Pur. Fort !

Capuche sur la tête, pétard-whisky main gauche, Hugo active la force de combat devant un public prêt à hurler sa rage avec lui. Les traits du visage qu’on lui devine dans l’ombre sont durs, froids, déterminés : comme son rap. Sans fioriture, l’authenticité émane de cet homme qui met au diapason, sans effort, les 1 800 personnes venues le voir (pour seulement 15€ !). Son flow est maîtrisé, il semble inventer sa prose sous nos yeux tant il vit ses textes avec profondeur. Mais son style glaçant est le fruit d’un travail, on le sait, acharné. Et cela fait mouche : dès le premier morceau, chacune des personnes présentes est prise à la gorge, le TSR Crew n’est « pas encore mort », et c’est Omry et Vin7 présents aussi ce soir qui viennent nous le rappeler. Même si Hugo était à l’honneur ce soir, ses deux acolytes ont assuré de nombreux morceaux du groupe sans faillir, menant la foule avec brio.

Les trois MC’s étaient prévenus : à Lyon, ils allaient faire face à un parterre capable de backer tous les morceaux. Après avoir testé leur salle avec quelques classiques, comme par défi, Wass aux platines balance une seule note, coupe le son et attend de voir la réaction de la salle. Le public hurle en reconnaissant Fenêtre sur rue, issu de l’album éponyme sorti en 2012. Le Transbo est bouillant, nous sommes déjà à une heure de concert. Hugo Boss continue de rapper sa rage, déambulant sur scène comme il déambule dans les rues du 18ème, le faciès constamment crispé de colère. Point de départ, Sans sommation, Objectif lune, Iceberg, Alors dites pas, Tant qu’on est là, le TSR Crew enchaîne des titres de tous les albums, pêle-mêle. Vin7 fait monter la salle en ébullition, Omry pose un rap a cappella. L’entente entre tous les protagonistes est parfaite. Les rappeurs se nourrissent du public, et le public s’envole.

Lorsque le noir est fait sur scène au bout d’une heure et demie de verves lancées au rythme parfait du beat sur-vitaminé pour le live, le public est sommé de faire un maximum de bruit s’il veut revoir les maîtres de cette cérémonie. Trois fraises de joints nous indiquent où se tiennent nos rappeurs qui attendent la ferveur, tapis dans l’ombre. Ça gronde, le beat part, on reconnait Dégradation instantanément. Les spots s’éclairent, Hugo remet sa capuche et repart à l’assaut du Transbordeur avec la même hargne qu’Azyle graffant les rames RATP; sans relâche. La haine qu’il porte pour le monde froid qui l’emprisonne se ressent tout le long du concert au fil de ses couplets. On sent que le public se reconnait dans ces paroles. Qu’il les vit au quotidien. Ce qui ajoute à sa communion et classe ce moment parmi les exceptions qu’on aime à vivre.

« J’suis un modèle ni pour les grands ni pour les p’tits / jours et nuits j’me fais plaisir sur tous mes titres / Couleur Miroir… Tout est dit ». A ces dernières rimes, Hugo se retourne, pose le micro sur la table et disparaît derrière le rideau, le poing levé.

C’est fini.

Omri et Vin7 remercient Lyon et suivent Hugo dans les loges. La salle entonne un « TSR CREW, TSR CREW » tonitruant. Ça ne peut pas finir comme ça. La foule gronde, les MC’s reviennent avec Old boy comme le baroud d’honneur d’hommes mus par la révolte. « Qu’ils aillent tous se faire enculer ! » hurle finalement Hugo. Cette fois c’est vraiment terminé. Les lumières s’allument et on croise les regards de toute la famille TSR, le sentiment d’avoir vécu un moment puissant, exultant nos angoisses, nos frustrations et notre rage pendant deux heures. Et c’est passé trop vite.

2018 démarre sur les chapeaux de roues. Les roues enflammées d’Hugo TSR, filant fermement sans l’ombre d’un obstacle pouvant les arrêter.

Crédits photos : Tetex

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