Groundation est mort, vive Groundation (Lyon, 69) 17.10

7 min de lecture

Mercredi soir, nous étions au Transbordeur pour assister aux concerts de Pierre Nesta (première partie), et à une performance musicale léchée du célèbre groupe Groundation, composée de sa toute nouvelle génération. Groundation est mort, vive Groundation.

C’est Pierre Nesta, un autochtone qui ouvrait ce beau mercredi reggae au transbordeur. Seul sur scène, il s’amuse avec ses instruments et nous livre un concert juste, travaillé et parfaitement dans le ton de la soirée. Harrison Stafford non plus n’est pas étranger à la ville puisqu’il était déjà présent en avril dernier aux côtés de Brain Damage à l’occasion de la Lyon Reggae Party, et cet amoureux du public français vient une nouvelle fois de faire fureur dans la salle de Villeurbanne mais cette fois-ci, avec une toute nouvelle équipe musicale.

Jah sait si l’attente est grande lorsque vous avez pour prédécesseurs le grand Ryan « Iron » Newman à la basse, le légendaire Marcus Urani au clavier/orgue ou encore l’exceptionnel Nicholas Daniel Wlodarczyk au trombone, pour ne citer qu’eux. Les musiciens doivent continuellement faire leur preuve sur scène tant la technicité des morceaux du groupe est exigeante et la virtuosité des concertistes une norme. C’est ce qu’ils ont réussi à faire. Avec brio certes, mais sans pour autant surclasser leurs aïeux.

Assister à un concert de Groundation est toujours une expérience musicale exceptionnelle. La réverb’ des microphones à leur maximum, nous écoutons avec attention les messages que distille le Professeur comme nous écouterions le prêche d’un prophète. Les prises de parole d’Harrison plongent la salle dans un silence de cathédrale. L’espoir, l’amour et le respect qui transpirent de cet homme viennent orner les visages de sourires spontanés, à des spectateurs qu’il veut acteurs d’un monde meilleur.

Lorsque la musique repart, c’est pour nous envelopper dans un cocon de soie, bercer par les chœurs irréprochables de Brady Shammar et Aleca Smith, qui malgré leur perfection sont encore loin de l’énergie dégagée par Kim Pommell, Kerry-Ann Morgan et Sherida Sharpe. Le spectacle se compose principalement des titres du dernier album (chronique de l’album « The Next Generation« ). La douceur de Father and Child, la révolte portée par Vanity et Prophets & Profit se mêlent avec allégresse aux titres plus classiques du groupe (Babylon Rule Them, Jah Jah Know) avec comme constante : du temps laissé à l’improvisation et aux musiciens.

Parce que c’est ça un concert de Groundation ! Une horizontalité dans le groupe où chacun a le temps de produire son art, de montrer à ses compagnons ce que son instrument peut apporter à l’ensemble. Les solos s’enchaînent, des émulations se créent. Lorsque qu’Eduardo Gross magnifie son jeu de guitare en apportant ses influences rock à ce mélange déjà éclectique, c’est à Matt Jenson de lui répondre à l’orgue dès le titre suivant. Le saxophoniste et flûtiste Tim Lin vient lui aussi faire ses preuves dès que l’occasion se présente. Tous ont eu leur moment de gloire, chacun apporte sa pierre à l’édifice, et personne ne reste effacé. Surtout pas l’excellent trompettiste Craig Berletti, ni Joe Fagan, le tout jeune batteur qui n’hésite pas à clore la majorité des morceaux par un solo improvisé puissant et dévastateur. Tous ont à cœur de jouer à leur meilleur niveau pour faire grandir le groupe dans la joie de la performance. Le plaisir que prennent les musiciens à se dépasser sur scène, le public le ressent : les pieds s’agitent, les épaules balancent, les yeux se ferment pour mieux profiter du spectacle sonore, et vivre avec tout son corps cette musique qui nous transporte.

Que dire encore de la présence scénique d’Harrison sinon qu’elle époustoufle à chaque rencontre. Jamais cet homme ne prend à la légère un rendez-vous avec le public. Articulant chaque parole, mimant ses valeurs, vivant la musique comme une trance. Il semble pressé de tout nous dire de sa chanson, de nous raconter, de nous réveiller, de nous révolter. Il attaque chaque vers avec une force et une énergie qui n’ont d’égale que ses convictions. Comment en vouloir au public qui en redemande lorsque le groupe quitte la scène ? Comment remercier Groundation de revenir avec Undivded lors du premier rappel, puis Warrior Blues lors du deuxième ? En allant les voir en concert chaque fois que vous le pourrez…

Ça peut donner envie de se (re)mater l’interview d’Harrison Stafford réalisé en terre sainte stéphanoise il y a quelques mois :

Crédit Photos : Tetex

5 Comments

  1. Très bel article qui nous fait très bien ressentir toute l’énergie de ce groupe et de cet homme. N’ayant pu aller au concert (pour cause de séjour de deux mois hors métropole pour des raisons professionnelles), j’ai pu le vivre grâce à vos mots. Merci !
    JEAN-ANDRE R.

    • Salut Jean André !
      Je suis bien désolé que vous ayez raté ce concert, mais c’est bien évident qu’un tel report donne une envie non feinte d’aller se perdre sur les riddim virtuose de cette gueule pas si cassée que ça qu’est Harrisson.
      En espérant que vos raisons professionnelles ne vous bouffent pas vie, et que malgré vagues et montagnes, les lettres arrivent !
      Merci !
      MARIE-PAUL B.

  2. Bonjour,

    Très bel article, même si je n’y était pas j’apprécie assez bien ce retour avec des nouveaux musiciens. Je vous signal juste qu’il y a trois erreurs de nom. En effet will blades, Jake Shadling et Roger Cox ne font pas partie de cette tournée de Next generation. Il s’agit de Tim Lin au saxophone de Joseph Fagan à la betterie et Matt Jenson au clavier. Bien à vous.

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