Discussion avec High Ku de Chinese Man (2/2)

11 min de lecture

Crédits photos : Konbini / Robin Aïche

Deuxième partie d’interview avec High Ku, un des trois Dj’s de Chinese Man. Reprise de la discussion sur les labels indépendants, la musique alternative en France… pour finir sur des notes plus légères.         

D’ailleurs, pour aborder ce problème dans une logique globale, est-ce-que tu n’es pas inquiet pour le devenir de la musique alternative et indépendante en France ?

High Ku : Je ne suis pas forcément inquiet dans le sens où, aujourd’hui, il y a beaucoup de réseaux de communications qui peuvent, par exemple, faire connaître les structures indépendantes. On peut noter d’ailleurs une certaine démocratisation des chances de faire de la musique et la diffuser. Et surtout, on est en train de sortir de cette période où les majors avaient cette main mise sur le marché, donc très dur d’avancer. Aujourd’hui, beaucoup de personnes contournent les réseaux de diffusion pour aller directement à la source et trouver des choses qui sortent de l’ordinaire. J’ai l’impression qu’il y a de plus de plus de gens curieux avec l’envie d’écouter des choses différentes de ce que l’on entend partout, donc moins de gens qui veulent impérativement se conformer et suivre les trucs à la mode. En tous cas on le voit comme ça. Mais cela permet aussi d’avoir un public un plus ouvert, un peu plus fidèle, qui ne s’attend pas à ce que tu fasses toujours la même chose… On revient toujours à la créativité : vendre 30 000 albums en indé, cela nous permet aussi de continuer dans cette voie sans être obligés d’en vendre plus d’une centaine de milliers dans une major pour rentrer dans nos frais.

J’en profite pour faire un lien avec une déclaration de Damny, chanteur de La Phaze qui stoppe le groupe ce mois-ci, en évoquant « la mort de la musique internative en France », comme si les jeunes voyaient à présent la musique comme un loisirs et plus un vecteur d’idées…

High Ku : Après avec Chinese Man, on a toujours vu la musique comme un loisirs. On a un engagement : il se fait dans l’indépendance et on n’a pas envie d’être donneur de morale. On a jamais eu vraiment de revendication, à part celle bien sûr de faire ce que l’on voulait faire. On a des principes, très personnels, qui étaient de faire la musique de cette façon-là et pas d’une autre. Je pense d’ailleurs que le public a bien assimilé cette démarche. On a plein de mecs qui viennent en concert pour nous acheter des disques en disant « je vous le prends car je soutiens les labels indépendants ». Les gens qui sont venus vers nous l’ont fait car on a jamais fait passer notre message avant la musique… Il est clair que si on nous demande notre avis sur l’indépendance, sur les majors, on le donne, mais je répète, Chinese Man n’a jamais eu pour but de rentrer dans un truc ‘très’ revendicatif.

Chinese Man

Après quand je parlais de revendication ce n’était pas forcément dans le sens « politique »… Mais assumer une démarche entreprise à travers le label indé, puis surtout réussir aujourd’hui, est déjà un signal fort.

High Ku : Ouais mais il y a tellement de choses en prendre en compte. On ne s’était pas dit à la base que ce serait comme ça et pas autrement. C’est juste qu’aujourd’hui on se sent bien dans cette démarche. Peut-être qu’on a eu de la chance. Peut-être que notre histoire n’est pas générale. C’est pour ça que c’est très compliqué de donner son avis sur ces questions. Faire de la musique en indépendant c’est dur, mais peut-être qu’il y a eu ce facteur chance qui nous a amené là où l’on est aujourd’hui.    

Je comprends. On termine sur des notes un peu plus légères et surout bien plus subjectives… Sur les trois albums de Chinese Man, si tu devais en garder un seul et unique ?

High Ku : « Racing With The Sun ». (cash)

Suivant : sur la carrière de Chinese Man, il y a-t-il un concert où tu t’es dit « putain ce soir c’était de la pure folie ! » ?

High Ku : Plusieurs ! Une des dates à La Cigale (ndlr : Paris, 2012). C’était enregistré, il y avait de la tension, tous les invités présents… La première aussi au Dock des Suds pour « Racing With The Sun » (ndlr : Marseille, 2011). Marseille, c’est la ville où le label est basé, puis là, c’était la toute première date de la tournée, donc tension !

D’ailleurs sur le DVD, qui s’achève sur la montée des marches sur les planches des Docks, on sent cette petite tension dans vos rangs… Elle est toujours là après trois albums ? (rires)

High Ku : C’était la première, énorme tension ! Les Docks étaient plein à craquer. Ah oui c’est toujours le cas ! Puis, chacun, on a tous notre manière particulière de gérer le stress pour arriver, justement, concentrés sur scène. C’est très important d’avoir cette cohésion de groupe sur scène. La scène doit rester quelque chose de spécial ! Il ne faut pas se mentir, il y a des fois où on y montera les yeux fermés, d’autres où on en aura marre… Mais ça doit rester spécial. Heureusement que l’on a encore cette tension !

Chinese Man

Si tu devais choisir trois morceaux de Chinese Man ?

High Ku : Franchement… (longue réflexion). C’est trop dur ! (rires) Attends… Je dirais One Past, 7th Street et You Suck Me (rires).

Ah tu ne te mouilles pas, tu sors un morceau par album (rires)

High Ku : C’est vrai ! (rires) Mais c’est un choix très personnel !

Et si tu devais enlever trois morceaux de la discographie de Chinese Man ?

High Ku : Alors là… Sincèrement j’ai pas ! On a toujours mis des morceaux qui nous plaisaient.

Même avec du recul ?

High Ku : Même avec du recul ! Si à l’époque nous avions fait tel morceau, c’est qu’on les avait aimé donc, non ! Même si certains ont des défauts. On a des morceaux avec plein de défauts mais ceux-là vous ne les entendrez jamais ! (rires)

Tu rigoles mais ça peut être une bonne idée d’album… Inédits, rares et… ratés !(rires)

High Ku : C’est une idée, je ne sais pas si ce serait très bon pour les ventes du label ! Pourquoi pas un jour en gratuit, à la rigueur…

Pour finir, votre site signale « Chinese Man va revenir en 2013… ou en 2014 ». Ça sent les vacances en 2013 ?

High Ku : Pas tout à fait (rires). L’idée est de se détacher un peu du groupe Chinese l’année prochaine, s’aérer un peu la tête et se pencher aussi sur les autres projets du label. On a Deluxe qui va sortir un second maxi pour son album en septembre 2013, Taïwan qui va également sortir un maxi si tout va bien l’été prochain, un projet de collaboration avec un MC américain… Plein de choses, des vinyles, du gratuit, tournées à l’étranger !

Une dernière chose à ajouter ?

High Ku : Ecoutez Deluxe, ça va être bien ! (rires)

Interview : Réalisé par Dimitri L (Le Musicodrome) avec High Ku (un des trois DJ’s de Chinese Man), le mardi 27 novembre 2012.
Un grand merci à High Ku pour sa simplicité et bien sûr sa disponibilité accordée. Big up !
Crédits photos : Olivier Audouy (Le Musicodrome / festival les Escales du Cargo à Arles, le 20 juillet 2012)

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