Clinton Fearon, une légende au Café de la Danse (Paris, 75) 17.05

8 min de lecture

Crédits photos : Facebook officiel Clinton Fearon

Une semaine après le concert exceptionnel de Max Romeo au Cabaret Sauvage, le Musicodrome était de nouveau en piste pour acclamer un autre grand porte-parole du reggae roots jamaïcain, Clinton Fearon.

L’ancien bassiste et trop peu souvent chanteur des célèbres Gladiators, qui se produit en solo depuis 1990, prenait donc le relais de Max Romeo pour continuer de prouver au public parisien que les seniors de l’île verte en ont encore sous la pédale. Cette fois-ci, le style différait largement puisque Clinton Fearon proposait un concert acoustique, dans le cadre intimiste du Café de la danse, au cœur du quartier de Bastille. Devant un large mur en pierre éclairé délicatement et un parterre bien rempli, le chauffeur de salle annonçait bruyamment l’arrivée du natif de St-Catherine. Guitare à la main, Clinton saluait le public avec un sourire et un amour qui marqueront ce concert de leurs empreintes.

La suite, c’est une alternance magnifique de chansons qui vous emportent et de discours qui vous transcendent. Alors, il raconte son bonheur d’être là et de jouer une nouvelle fois devant ce public. Il incite les spectateurs à être libres dans un système qui ne l’est pas, à prendre confiance dans leurs capacités, à être créatifs, à faire ce qu’ils aiment, à être les meilleurs :  When we do what we love and we love what we do, we feel the nature. That’s the conditions in which music becomes laughing and laughing is music. Do what you want and be your best. Your best is the best.” Merci Papy Clint’ pour ta sagesse.

Tous ses discours sont ponctués d’un immense sourire qui se répand mécaniquement dans le public. “Yeah man, you know… ahahah” Clinton est heureux et le Café de la danse avec lui. Et comme “laughing is music”, le grand Clinton enchaîne directement sur sa guitare, comme pour ne pas laisser retomber les frissons qui nous parcourent. Il introduit ses morceaux avec la ligne de basse puis libère sa voix en l’accompagnant de différents skanks roots qu’il varie à souhait. Il nous fait admirer sa grande tessiture, aussi à l’aise dans les basses que dans les aigus et confirme qu’il est bien de ceux (pas si fréquent dans le reggae roots) qui s’étendant dans un naturel déconcertant dans plus de trois octaves. En plus de nous faire savourer encore davantage la voix unique du chanteur, l’acoustique permet aussi de nous laisser le pouvoir d’imaginer le beat de la batterie ou de la ligne de basse. Elles existent, elles sont présentes, mais dans notre imagination. Après les mélodiques We Shall Overcome et Follow The Rainbow, Clinton fait admirer son génie rythmique sur This Morning joué dans une sorte de version dub dont il a le secret (sans percussion bien sur), en jouant seulement une partie du riff et sans donner l’impression qu’il compte quoi que ce soit alors que tout est magiquement en place.

Avec ses 45 ans de carrière à parcourir les scènes, on aurait pu croire que Clinton Fearon n’avait plus forcément cette énergie qui anime les premières années de tournée. Il n’en était rien et chacun pouvait ressentir la sincérité de ses sourires et de ses discours : “this life is tiring but if I had to choose among all possibilities, I would be here today at the exact same place”. Sa carrière solo, qui s’explique en partie par l’envie de sortir de l’image du simple bassiste jouant 18 années avec les Gladiators, semble toute naturelle pour un poète comme lui. Faire un album en acoustique était donc le moyen de prouver qu’il était bien plus qu’un bassiste, pour notre plus grand plaisir. Les paroles comme la musique de son album solo découlent directement de son inspiration. Attribuant ce flux imaginatif à Dieu, il ne veut pas trop d’honneur. Pourtant, le Café de la Danse lui en donne énormément en acclamant chaque chanson à l’unisson.

Sur Never get burned, Clinton Fearon propose un mélang de nyabinghi et de gospel qui ravit la foule du Café de la Danse. Sous sa grande lumière orange couleur feu, il rappelle son plaisir de jouer et vante le côté intimiste de l’acoustique et des petites salles. A la fin de ce morceau, “je me dis qu’on a peut-être pas Scarlett Johansson pour la nuit, mais on a Clinton pour nous et quelques chanceux dans notre café pendant deux heures et ça, ça casse trois pates à un colvert” résume Tetex.

Après une courte entracte, le beau Clinton revient avec toute sa classe distribuer encore un peu de bonheur. Son sourire est magique et apaise le public du Café de la Danse. Clinton le sait et naturellement diffuse le sien sans modération. Parce qu’on “ne se défait jamais de là d’où l’on vient”, Clinton joue les premières notes de Poor Man Rich Man et chante en symbiose avec le public. L’excitation monte encore sur Chatty Chatty Mouth et offre une magnifique conclusion. Avec Vision, titre de son album éponyme, Clinton salue une dernière fois la foule qui le lui rend bien. Toujours avec ce même sourire, avec cette même force intérieure, avec cette même foi en l’humanité. Contagieuse.

Tracklist & vidéos du live (merci Natural Way):

  1. We shall overcome 
  2. Follow the rainbow 
  3. This morning 
  4. Waiting 
  5. Never get burn 
  6. One more river to cross 
  7. On the other side
  8. Feel the spirit 
  9. Love light 
  10. Just a dream
  11. Poor man rich man
  12. Chatty chatty mouth
  13. Vision 

Bonus : à regarder, le magnifique clip de Poor Nana sur son 10ème album “Goodness” (P) et © 2014 Boogie Brown Productions / Chapter Two/Wagram Music

Son dernier Ep, sorti le 20 mai 2016: « Waiting »

Il sortira en septembre 2016 son prochain album : « This morning » sur le label français Chapter Two rattaché à Wagram Music.

Article rédigé par Clem & Tetex

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