La Caravane Passe « Gypsy For One Day » (2012)

10 min de lecture
La Caravane Passe Gypsy for one day 2012

Connaissez-vous La Caravane Passe ? A vrai dire nous ne leur accordions guère d’attention jusqu’au festival de la Meuh Folle 2012 d’Alès, en mars dernier, où les plus frenchies des Balkans avaient réalisé une superbe performance… Colorée, bourrée d’énergie, public pas forcément connaisseur mais littéralement conquis, La Caravane Passe était à deux doigts de voler la vedette aux Babylon Circus !
Alors forcément, nous allons prendre quelques minutes pour vous dire deux-trois mots sur leur dernier opus sorti le 1er Octobre 2012, « Gypsy For One Day ». Car… gypsy un jour, gypsy toujours !

La Caravane Passe, c’est toute une histoire : une histoire de deux potes (Toma Feterman et Olivier Llugany) qui décident de monter un projet burlesque qui mélangerait jazz manouche, rock, fanfare balkanique… et de grosses louches d’autodérision. Esprit tourmenté, esprit déjanté surtout, La Caravane Passe aime endosser le costume manouche en canardant à tout va. Sacré programme.
D’autant plus que si vous ne la connaissez pas encore, La Caravane a déjà de la route à son compteur : plus de 10 ans d’existence, deux albums studio en guise de bagage (« Go To Plèchti! » en 2006, « Ahora in da Futur » en 2010) et des collaborations prestigieuses en tous genres comme Rachid Taha, R-Wan, Marko Markovic… beaucoup retiennent de La Caravane Passe deux hits qu’ils connaissent à tue-tête : comment passer à compter du délirium Salade Tomate Oignon (« qu’est ce que tu mets dans ton kebab ?? ») ou du retentissant Zinzin Moretto à la sauce Java ?

Sur ses deux premiers albums, La Caravane n’avait pas hésité à tracer son chemin à travers les montagnes balkaniques où les influences d’un certain Emir Kusturica se sentaient clairement. Plus fanfare, plus gitanesque, La Caravane Passe donnait l’impression de se lâcher davantage. Avec « Gypsy For One Day », les habitués devront s’attendre à avoir un troisième véritable album bien plus lisse de ce point de vue-là (plus de français dans le chant par exemple). La Caravane Passe aurait-elle voulu rendre sa musique plus accessible ? Possible. C’est en tout cas ce que l’on ressent après une première écoute, comptez environ 35 minutes.

Mais attention, n’allez pas dire que nous tirons à boulets rouges sur ce « Gypsy For On Day » ! Bien au contraire. Concrètement, l’album se découpe en trois phases bien distinctes : la première englobe les quatre premiers tracks, taillés pour le live. Une seconde un peu plus traditionnelle, avec des morceaux plus calmes, avec enfin une clôture qui tend davantage vers la variétoch/chanson française.

L’ouverture de l’album est en tous cas sincèrement poilante avec Rom à Babylone, subtile avec ses « hippies-gypsys nostalgiques et tous ces roms babas mélancoliques, têtes de turc ou héros tragiques (…) si toutes les routes mènent à Rome, je ne veux pas finir comme un rom’ à Babylone ! ». Légèrement cuivrée et tout aussi jumpante, la transition est assurée pour le titre éponyme de l’album, Gypsy For One Day. Parodique et dégoulinant à souhait, on s’imagine aisément la mise en scène en live d’un tel morceau. Et ce lancement tambours battant n’est pas prêt de s’arrêter en si bon chemin : I Wanna Be Your Slave va poursuivre le délire dans une explosion fanfaro/balkanesque où l’énergie dégagée par ces premiers titres est parfaitement dosée. En clôture de cette première phase, le très réussi T’as la Touche Manouche avec, s’il vous plait, le très bon Stochelo Rosenberg à la guitare pour une leçon de jazz manouche…accompagné de Sansevérino au chant. Rafraîchissant et auto-dérision à gogo, tout y passe : de la caravane à Django, de la moustache qui pousse dans la nuit, « on a beau se la jouer comme papy-Django, mais la copie du génie c’est souvent pas jojo ! ».

Passé ces quatre tracks de haute volée, « Gypsy For One Day » rentre dans une seconde phase plus calme. Mais la franche marade est loin de s’achever : à la manière de Luis Mariano, La Caravane se met à chanter sous le soleil de Saint-Tropez qu’il y a « plein de people décomplexé (…) mais moi je passe incognito à Saint-Tropez et je suis là pour faire les pompes des célébrités ». Pour rester dans le même tonneau, le rendez-vous suivant est pris auprès du Strip-Tease Burlesque. Après avoir ôté le haut et le bas (et rapetissé de moitié), cette danse oriento-hip hop vous amène vers des contrées plus éloignées : direction la Russie dans un trip en version hip-hop en gueulant Shouf la Chapka (comme un pacha), attention de ne pas trinquer en parodiant les Négresses Vertes « voilà l’hiver, voilà l’hiver… ! ». A peine remis de ses émotions, comment qualifier Faut du Slow ? La satire comme argument, les sarcasmes comme atouts, viens, viens danser un slow du côté de Katrina, Fukushima ou Tchernobyl… Mais à cause de la trop forte concentration de radioactivité dans l’air, le voyage suivant fera planer du côté de Katmandou. What To Do In Katmandou ? Bonne question : « Sur les chemins de Katmandou, des éléphants roses autour de nous (…) Soleil levant parfum d’encens, suivons la route de l’orient, expérience cosmique avec Shiva (…) ». Chacun sa route, chacun son chemin, à coups de guitares et de sitar bien placés.

Enfin, histoire de conclure toujours dans la bonne humeur, La Caravane s’offre trois dernières parades : un « once upon a time à Paname City », avec une miss qui « galère dans les rames du métro (…) avec sa guitare à la mano », jonglant entre misère et sympathie où « son ticket de métro c’était comme un ticket de loto », avant de faire, presque, la seule fosse note de l’album, avec L’homme de l’Automne qui sonne un peu trop variété française. Ce sera vite oublié, une démonstration conclue finalement « Gypsy For One Day » sur un T’as la Touche Manouche en version instrumentale, Stochelo Rosenberg seul aux commandes. Silence maestro !

Par rapport à ses deux premiers albums, il est clair que La Caravane Passe propose là son album le plus accessible musicalement de sa discographie. Mais peut-on considérer que cet opus est raté ? Non, loin de là. Le groupe a gardé cette bonne humeur, cette auto-dérision dans ses textes qui fait que l’on accroche de suite. Avec une énergie bien injectée tout au long des compos et un mélange rock festif/balkan toujours aussi convaicant, La Caravane Passe s’est payée le luxe d’avoir une paire de nouveaux hits à accrocher dans son placard (Rom à Babylon, Gypsy For One Day, T’as la Touche Manouche, Shouf la Chapka).

FICHE TECHNIQUE

Tracklist
1. Rom à Babylone
2. Gypsy for one day
3. I wanna be your slave
4. T’as la touche manouche (feat. Sanseverino et Stochelo Rosenberg)
5. Saint-Tropez
6. Strip-tease burlesque
7. Shouf la chapka
8. Faut du slow
9. What to do in Katmandou
10. Rame dans l’métro
11. L’homme de l’automne
12. T’as la touche manouche (version instrumentale)

Durée : 37 minutes
Album : 3e
Sortie : 1er octobre 2012
Label : XIII
Genres : Rock Festif / Musiques balkaniques

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